Les Eurockéennes (Belfort), 28/06 au 02/07/23

Publié par le 30 juillet 2023 dans Live reports

C’est en 2002 que j’ai foulé pour la première fois la terre (sacrée) du Malsaucy. Pour une journée à l’époque. L’année suivante, pack 3 jours avec aller-retour à la maison (je conseille pas). Puis à partir de 2004, et depuis, every fucking year, je plante la tente, plus ou moins accompagné des pèlerins qui tentent l’aventure roots d’un camping de festival (et ça c’est cool).

Depuis 2019, plus d’édition complète puisque le Covid a forcé l’annulation de deux week-ends eurockéens et qu’un orage funeste a amputé les deux meilleurs journées de la version 2022. Alors, on ne va pas se mentir, on a fait de bien meilleures années en termes de programmation (et même de météo) que ce millésime 2023. On va y revenir. Mais comme d’habitude, on revient la tête pleine de souvenirs, de barres de rires et de disques à écouter après les belles découvertes faites autour de l’étang du Malsaucy. Je n’aurai jamais assez de mots de reconnaissance pour saluer le travail des programmateurs (Kem Lalot en tête) toutes ces années. Je leur dois un paquet de rencontres musicales décisives.

Jeudi 29 juin

On débarque tardivement sur le site après un déjeuner pris après… 14h. Le camping, apéro, bbq, toussa toussa. Ainsi, on passe furtivement devant la Loggia (la scène la plus proche de l’entrée) et le set des belges de The Haunted Youth pour se diriger vers la Green Room (la scène couverte, 2e en termes de capacité) et le concert de Adé. La jeune génération qui m’accompagne parfois m’explique que c’est l’ancienne chanteuse de Thérapie Taxi. Ok boomer. Avec une belle énergie et une paire de chaussettes affublée d’un cinglant « Niquer des mères », elle invite le public déjà enthousiaste à se lâcher. Je garde mon flegme. C’est le premier jour. Rapide détour pour profiter du soleil à la plage avec la world music de Fatoumata Diawara, le temps de quelques titres solides. Premier concert complet ensuite à la Green Room, habituelle scène historique des hypes britanniques plus ou moins naissantes. On y a vu passer Arctic Monkeys, Bloc Party, Franz Ferdinand, Anna Calvi, Idles… et même côté US un concert légendaire de Gossip avec une Beth Ditto incroyable. J’y croise enfin Wet Leg, vu que j’ai snobé jusqu’ici son disque. C’est estampillé indie-rock. Au premier rang, un quadra porte un t-shirt violet de Dinosaur Jr. (celui avec la tête de vache). Le décor est planté. Mais je reste sur ma faim. Malgré la bonne humeur du groupe, l’intensité en courant alternatif a peiné à déclencher mon enthousiasme malgré quelques titres catchy, basse en avant, parfois joué à trois guitares. Même si le dernier guitariste alternait souvent avec le clavier et le bidouillage de pédales d’effets. Le duo féminin d’écolières mutines (une sage, une… moins sage) a toutefois séduit le public par son énergie et sa candeur. Je n’irais pas jusqu’à asséner un snob « don’t believe the hype » mais quand on a composé un tube indie avec le fameux « Chaise Longue », c’est quand même dommage de ne pas capitaliser dessus et de se barrer aussi vite de la scène comme des élèves qui sèchent le dernier cours de la journée. D’autant que la fin du set devenait presque électrisante (pas mal la doublette « Too Late Now » – « Angelica »). La gent féminine est toujours à l’honneur ensuite avec le set furieux de Jinjer, un quatuor metal ukrainien emmené par une chanteuse charismatique qui joue habilement du contraste chant clair-growl. C’est saisissant sur les premiers titres. Quelle technique ! Avec le metal, je ne me trouve pas dans ma zone de confort et ma préférence pour les musiques lourdes plus aérées, résonnantes et riffesques comme le doom ou le stoner ne trouve pas d’écho dans la musique du groupe de l’Est. À l’inverse des premiers rangs de la plage très enthousiastes. Ça joue trop vite pour moi. 

Hasard du festival, je bascule sans transition du metal au post-rock cotonneux de Sigur Rós, sans fumer de weed pour pleinement apprécier (un membre de la rédaction saura). Le groupe islandais sort un disque cette année dix ans après le précédent. Malgré un public plutôt clairsemé devant la scène de la Green Room — les plus jeunes sont partis voir Shaka Ponk (ouch) — la magie opère toujours. Le leader Jonsi subjugue comme à la belle époque du chef-d’œuvre Agaetis Byrjun. Toujours avec son jeu caractéristique de guitare avec… un archet de violon et sa voix singulière, un falsetto parfait pour les titres éthérés du quatuor islandais. Les trois quarts du set sont composés de titres des deuxième, troisième et quatrième albums qui affichent plus ou moins deux décennies. Notamment le fabuleux « Svefn-E-englar », pour lequel j’ai une tendresse particulière puisque j’ai utilisé sa longue intro lors de mon mariage. #CoeurAvecLesDoigts. Très beau concert où des silences profonds côtoyaient des crescendos épiques. La scénographie en clair-obscur était parfaite. Vu que j’avais émis un véto pour Shaka Ponk, je zone ensuite une pita falafel à la main, sans but, entre Pogo, du trap metal strident, Biga Ranx, du reggae, et le début de Shygirl, de l’electro-pop. Mon royaume pour un petit groupe de stoner. C’est à ce moment précis, et alors que je pestais contre la prog, que je me dirige vers la Loggia pour profiter d’une des initiatives qui font le sel des Eurockéennes. Offrir une scène à un projet ambitieux et pluridisciplinaire qui transcende la musique. Loin des diktats du music business. Unblock Project est une co-production entre Les Eurockéennes de Belfort, la Compagnie 1 des SI et la Rodia (salle de musiques actuelles de Besançon). Six danseurs, trois musiciens dont Paul Régimbeau aka Mondkopf (croisé chez Oiseaux-Tempête et Grive) et un MC new-yorkais exilé en Alsace. Le plus beau concert de cette journée. Hypnotique avec les danseurs au ralenti, robotiques, sur des visuels évoquant un monde au bord de l’effondrement. Sur une electro lente et lourde accompagnée par une batterie, un MC scandant lentement son texte, dans l’ombre, droit comme un I derrière son pied de micro. Le concert monte progressivement en intensité à mesure que les images défilent, que les corps des danseurs se croisent sur scène, se contorsionnent, à la limite des spasmes sous des lumières stroboscopiques.

Une énergie rock envahit la scène sur la fin du show, les danseurs sont frénétiques, le MC, désormais aux avant-postes, martèle à la mitraillette ses mantras qui appelle à la résistance contre la folie d’un monde en perdition. Saisissant. À suivre… On végète ensuite sur la grande scène pour la première fois de la journée pour assister à un bout du set de Skrillex, arrivé avec près d’une demi-heure de retard et dont je ne retiendrai que le light show assez impressionnant (notamment des lasers bleus qui rappelaient Chewbacca et Han Solo quand ils déclenchent le passage en vitesse lumière avec le Faucon Millenium). De l’electro en festival après 1h00 du matin.

Vendredi 30 juin

La pluie est de la partie. Une bonne partie de la mâtinée. Le thermomètre peine à dépasser les 20°C. On s’en fout, notre campement est à l’abri de la grisaille. Mais pas de la flemme. Si bien que l’arrivée sur le site est bien trop tardive pour assister au concert d’une légende, Horace Andy, programmé à… 17h30 (!). Regret. On passe furtivement devant les britanniques de Yard Act, pas assez longtemps pour se forger une opinion malgré un chanteur au flow intéressant. Carte locale ensuite à la Loggia avec les Strasbourgeois de Sinaive, qui se présentent à Belfort sans tourneur ni manager selon les dires du chanteur qui invite le public à défendre la musique indépendante. D’abord emprunté, le groupe monte progressivement en température et son indie-rock naïf mâtinée de shoegaze chanté le plus souvent en français est plutôt convaincant. On a pas mal écouté les Jesus and Mary Chain du côté du Bas-Rhin. Le chanteur-guitariste arborait une Squier Jazzmaster signature J Mascis qui me faisait de l’œil. Et qui vient d’être rééditée. C’était l’instant matos. Direction la grande scène ensuite pour le concert de Foals, dont je ne suis plus vraiment la carrière discographique mais Antidotes, leur premier album fête cette année ses 15 ans. Et j’ai un très bon souvenir de leur concert ici même à l’époque. Si le style du groupe semble avoir évolué et est moins incendiaire et dansant que par le passé (remember « Mathletics »), quel bonheur de retrouver les harmoniques addictives d’un « Olympic Airways » et pour le rappel le fabuleux et trépidant « Two Steps, Twice » dont le crescendo a enflammé la grande scène. Petit évènement ensuite du côté de la Green Room qui reçoit Maynard James Keenan soit le leader de Tool, un des plus grands groupes des 30 dernières années. Pas de trace du quatuor mythique (malheureusement) puisque c’est avec son side-project bis, Puscifer, (on le retrouve aussi dans A Perfect Circle) qu’il se présente au Malsaucy. Et on ne va pas être déçu du voyage.

Si l’electro-rock du groupe est solide, porté par un beau duo vocal Keenan – Carina Round, le concert détonne par la scénographie proposée. Tous les membres du groupe sont sapés façon Men In Black avec lunettes noires et un air plutôt ombrageux qui rappelle aussi l’agent Smith de Matrix. Les deux chanteurs arborent en début de set un harnais articulé soutenant leur micro si bien qu’ils déambulent de droite à gauche de la scène d’un pas rapide tout en chantant. Comme s’ils poursuivaient quelqu’un ou… quelque chose. Dès le deuxième titre, Keenan rappelle qu’ils ne sont qu’un groupe de heavy rock et pas du tout les membres d’une organisation secrète du gouvernement chargé de débusquer des aliens infiltrés parmi la population. Il affirme même que le dénommé Maynard James Keenan est l’un d’entre eux. LOL. Trois figurants arborant le même look que le groupe mais avec un masque façon Fantômas parachève le spectacle. Derrière la batterie, une structure métallique haute est accessible par des escaliers et ces personnages apparaissent parfois furtivement dans l’ombre devant les visuels étranges (toolesques ?) qui défilent sur l’écran géant derrière la scène. Ça tourne au grand-guignol quand les figurants arborent sur la fin des tenues d’aliens et tentent de poursuivre Keenan et les autres membres du groupe avec des baguettes lumineuses dans un simulacre d’invasion extra-terrestre. Mais la force est du côté du Man in Black en chef qui, armé d’un pistolet paralysant, met en déroute les aliens. Lunaire. À découvrir sur disque prochainement.

Il est 23h15. Il ne reste alors plus que de l’electro ou genre équivalent pour finir la soirée. Et Orelsan sur la grande scène. Très attendu par la foule (jeune). De quoi rendre ma fille jalouse, elle qui ne pouvait venir cette année, la faute à des épreuves tardives. C’est le lot des Eurockéennes aujourd’hui à mesure que j’avance dans l’âge et surtout que l’économie des festivals (notamment l’explosion des cachets) façonne les programmations pour un festival associatif qui ne dépend pas des gros mastodontes du secteur de l’évènementiel musical. Les grosses têtes d’affiches sont souvent françaises et épousent le style musical en vogue en tête des charts. Pour le futur boomer (que je ne suis toujours pas), fini le temps béni des Radiohead, Massive Attack, Pixies, PJ Harvey et autres gloires des 90’s qu’on retrouvait encore au début des années 2000 sur la grande scène. Si j’arpente encore, fidèle, les scènes du Malsaucy, c’est plutôt à la recherche des pépites qui s’installent sur les plus petites scènes. Orelsan a proposé un set solide cela dit même pour un novice de son œuvre comme moi. J’ai souri à bien des punchlines (notamment l’hilarant « Défaite de famille » à passer au prochain réveillon), été plutôt impressionné par son titre incendiaire (« L’odeur de l’essence ») qui résonnait bien avec le climat politique français… et un week-end d’émeutes en banlieue. Le public était bien plus enthousiaste que moi et reprenait au chant la plupart des titres même à la distance où je me trouvais, signe d’une grosse affluence sur la scène principale. Instant WTF quand Orelsan fait monter deux adolescents sur scène, sans doute vainqueurs d’un jeu-concours et qui s’affrontent dans un jeu vidéo nommé Civilisation Fighters façon jeu de combat des années 90 (les vrais sauront) dont les personnages sont les membres du groupe. 2 rounds et 5 minutes inattendues dans un set dont je n’attendais pas grand-chose et pas si mal au final. Par contre, arrêtez l’auto-tune, les rappeurs. 

Samedi 1er juillet

Troisième jour. Avec des boules Quies, on parvient toujours à vaguement dormir plus ou moins 5-6 heures sur le camping. Malgré une sono pas loin qui crache une techno hardcore jusque tôt le matin. Le pas est quand même moins aérien et il a fallu une grosse insistance pour que la troupe se mette en marche si bien que le concert d’Ayron Jones est en cours lorsqu’on arrive sur la Grande Scène. Bien dommage car le peu que l’on a apprécié était plutôt impressionnant. Le groupe de Seattle puise dans les racines blues (voire gospel et soul) et l’héritage rock 80’s-90’s de la cité nord-américaine. Le frontman évoque ainsi un Gary Clark Jr plus énervé, et revendique un même amour de la six-cordes avec riffs marquants (« Take Me Away ») et soli a l’ancienne. Tout de noir vêtu, il quitte ensuite la scène en toisant le public depuis l’estrade en jetant nonchalamment quelques mediators. La classe, c’est comme ça qu’on dit quand on a ce talent. Belle découverte. Même sentiment après le concert suivant avec le set énergique des Fallen Lillies, un quatuor venu en voisin de Montbéliard. Particularité pas si fréquente mais qu’on voit se developper de plus en plus avec curiosité et bonheur, le groupe, à l’instar des excellentes Grandma’s Ashes est 100% féminin. Et officie aussi dans les musiques lourdes. Mais plutôt coté hard-rock old school que doom ou stoner. Malgré une pluie soutenue qui nous a bien rincés la tronche, le groupe ne lâche rien et multiplie rythmiques lourdes et précises et refrains addictifs. La chanteuse mène chaque morceau de son timbre rauque qui contraste avec sa bonne humeur communicative qui réjouit le public bien chaud dans les premiers rangs. Les plus bourrins sans doute plus discrets quand avant le titre « Virgin Lilly », le groupe se fend d’un petit discours féministe sur la lutte contre les violences faites aux femmes. En 2023. Et sur l’écran défilait les images des luttes passées (droit a l’avortement, le manifeste des 343 salopes…) et notamment la figure emblématique de Simone Veil. Toujours d’actualité. A l’arrière de leurs guitares figuraient au scotch un nombre, sans doute le nombre de féminicides de 2022 (j’ai un doute, cela dit). La lutte pour les droits humains s’invite parfois même sur scène. #MoreWomenOnStage. Rap ou Electro ensuite. Donc je suis allé manger un bento. L’offre culinaire du festival a bénéficié de progrès bienvenus sur les cinq dernières années pour peu que l’on oublie les montants pratiqués le temps du week-end. Ceux qui prennent des pintes en 50 cl sauront. D’ailleurs, si tu prends une 25 cl, t’as souvent plutôt 30-33 cl versés dans la précipitation (retrouvez-moi pour des conseils anti-inflation). La pluie continuait a tomber de manière saccadée au gré des averses et on s’est retrouvé devant… Dry Cleaning.

Superbe set tout en retenue et en tension sourde. Il faudra que je me repenche sur leurs disques. Leur prestation a dû en impressionner plus d’un devant la Loggia. Le quatuor est parfaitement monté en puissance au long du set et déroulait son post-punk élégant avec application. La chanteuse au calme apparent contrastait avec un bassiste qui alignait des lignes efficaces tout en menaçant de perdre des cervicales a forcer de se contorsionner comme un dément. Le guitariste alignait des riffs catchy et/ou haranguait la foule comme un coach ses joueurs depuis son banc de touche. Superbe set. Quoi, il pleuvait ? Les plus jeunes s’étant positionnés pour assister au concert de Lomepal, je me trouvais loin en haut de la butte avant la grande scène et ai assisté a 2-3 morceaux avant qu’une averse plutôt sévère m’envoie attendre Siouxsie, légende de la new-wave, sous le chapiteau…au sec. Sauf le sol qui commençait a ressembler au marécage attendu après tant d’averses. Comme la foule préférait le rap français et la pluie, depuis le 4-5e rang et avec quelques corbeaux goths, je pouvais apprécier le set de belle facture et la voix de la grande prêtresse du son synthétique 80’s. Pas tant de chorus ou de claviers que ça. Tant mieux vu que je suis pas mal allergique. Pas sur que je tente l’aventure sur disque, mais je serais sans doute resté tout le set s’il ne fallait pas rejoindre la grande scène et Gojira qui s’annonçait. Pas trop loin des premiers rangs mais quand même à distance respectable histoire de ne pas se faire marcher dessus par les métalleux en mal de wall of death et autres joutes viriles. Sur « Stranded » (?), on a ainsi reculé de dix mètres en quelques secondes. Très belle setlist pour le quatuor qui a puisé dans ces cinq derniers disques. Entame très marquée par l’album From Mars to Sirius avec la triplette « Ocean Planet » – « Backbone » – « Flying Whales » ainsi qu’un « Stranded » intercalé et son riff magique à la whammy. Jets de flamme et canons à confettis pour le show. Des gars avaient aussi apporté une bouée en forme de baleine qui fendait la foule. Première moitié de set massive et axée sur les titres les plus anciens qui a dû combler la fanbase. Blast beat et double-pédale å foison. Le groupe a gardé l’essentiel de son dernier album, le plus accessible Fortitude, pour une deuxième partie du concert tubesque et impériale avec un enchaînement assez dingue. Après un solo de batterie où Mario Duplantier communiquait avec le public par le biais de pancartes (plutôt drôles), on se faisait rouler dessus par « Grind », « Another World » et son clip rappelant le final tragique de La Planète des Singes. Puis le riff tendu du magistral « L’Enfant Sauvage », le dernier titre sorti « Our Time is Now », le vocal « The Chant » repris par tout le public après un bref message humaniste de Joe Duplantier. Le dantesque et brûlant « Amazonia » et son refrain implacable où les flammes ont jailli de la scène se chargeait de préparer le bouquet final. Pour le rappel, « Born for One Thing » et l’attendu « Silvera » et son riff en tapping légendaire. Concert impeccable, en rajoutant « Magma » et/ou « Global Warming », on n’était pas loin de la perfection, même pour un néophyte de Gojira que je n’ai découvert qu’avec Fortitude. Retour camping après un peu d’errance à l’arrière de la Green Room pendant le set de Kungs

Dimanche 2 juillet

Festival associatif durement touché par le Covid, Les Eurocks ont lancé un changement de cap en 2022 avec une affiche unique le dimanche (avec une première partie). L’an dernier, c’était Muse. Mouais. Consensuel et parfait au final si tu veux remplir ton festival et ainsi assurer la pérennité financière d’un événement qui a déjà perdu deux journées l’an passé avec la tempête. Ou même sa clôture avec le décès du chanteur de Prodigy en 2019, remplacé par des Smashing Pumpkins en perte de vitesse qui avaient peiné à remplir la grande scène. La billetterie a supplanté la proposition artistique et j’avoue avoir du mal à devoir faire le deuil d’une vraie journée de concerts avec des sets sur toutes les scènes et dans tout les styles. De ce fait, le festival draine aussi un public différent, plus âgé, et parfois moins tolérant. Si tu n’aimes pas la foule, faut pas venir, les places ne sont pas numérotées par ici. Cette année, c’est Indochine qui clôturait et certains spectateurs-fans peu habitués des lieux ressemblaient à des visiteurs de musées au milieu d’un campement de punks à chiens. Le festival avait offert une des premières parties au groupe de reprises du chef-animateur Philippe Etchebest, Chef and the Gang, dont le cachet était reversé à l’association Pompiers Solidaires. Répertoire de covers puisant dans les standards du rock toutes époques (AC/DC, Queen, Téléphone, Offspring…). Moment wtf avec deux gendarmes qui balançaient mollement la tête… sur « Killing in the Name », un week-end d’émeutes causées par une bavure policière. Reste a savoir s’ils connaissaient la genèse de ce titre. Je tire aussi à balles réelles parfois mais l’humour, ça ne tue personne. JDCJDR. Anyway, les britanniques de Coach Party, donnaient ensuite un chouette concert, assez noisy parfois, notamment pour les oreilles chastes des fans d’Indochine et faisaient regretter une vraie programmation avec sa dose de découvertes a faire. Contre tout chacal, je jouais l’aventurier et décidais d’assister à cette épreuve, vu que je ne décollais que le lendemain du campement. Je ferais pas ça trois nuits par semaine. Mort de rire également en quittant le festival, en voyant le public présent pester contre la foule agglutinée en attente des navettes de bus pour regagner le parking. Bah oui, une affiche unique et tout le monde se barre plus ou moins en même temps… et bienvenue dans le métro parisien. 

Voila, c’est fini. On reviendra l’an prochain parce que c’est quand même génial d’avoir un site pareil pour un festival. Et que les petites scènes réservent toujours des surprises. 

Mais SVP, arrêtez juste avec le dimanche unique. Quand y’aura Sardou, comptez pas sur moi pour faire tourner les serviettes au son du Connemara. 

Sonicdragao

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