King Gizzard & The Lizard Wizard – Paper Mâché Dream Balloon (ATO)
Stu McKenzie nous l’avait assuré mais on avait du mal à le croire : oubliés la fuzz et les longs jams, le prochain King Gizzard & The Lizard Wizard serait un disque entièrement acoustique. Et bien c’était vrai dis donc !
Du changement au programme donc mais une constante tout de même : King Gizzard a non seulement du mal à ne pas sortir un disque tous les 3 mois, mais aussi à vivre avec son temps, eux qui semblent définitivement bloqués dans leur trip 60s.
Paper Mâché Dream Balloon est donc une succession de morceaux perchés très haut, pas prise de tête pour un sou, une sorte d’hymne à la glandouille, le nez dans les pâquerettes. Glissement des doigts sur les cordes, lutins qui jouent de la flûte, choeurs frôlant le niais… Ah ces hippies, rien à faire ils vivent dans un monde merveilleux, bien à l’abri des atrocités qui nous entourent. Ce qu’il y a de chouette c’est qu’au travers de ces 12 chansons (pour le coup le terme est on ne peut plus approprié), ils nous refilent à nous aussi ce sentiment de légèreté absolue, cette douce euphorie, où il ne s’agit que de se laisser aller.
C’est le cas notamment de « Sense », délicate et sensuelle ballade folk aux accents jazzy. Stu nous chuchote à l’oreille des paroles rassurantes, on est bien. D’autres mélodies et refrains bien troussés se démarquent (« Bone », « Paper Mâché Dream Balloon »), « The Bitter Boogie » arpente gaiement les terres blues (avec des réminiscences évidentes du fameux « On The Road Again » de Canned Heat), quand « Trapdoor » obtient haut la main la palme du plus gros délire de l’album (et aussi une des réussites les plus éclatantes).
Malgré tout, il faut bien reconnaître que plus on avance, plus on a l’impression de faire une balade en famille à Disneyland. Et à la longue on a un peu envie d’envoyer paître Mickey et sa bande, qui nous toisent comme si on était de gros débiles, et les finir à coups de latte (pardon, c’est mes racines métalleuses qui ressortent, je vais prendre un cacheton). Cet excès d’animosité est sans doute dû à la fin d’album, clairement moins réjouissante.
Néanmoins, à l’heure où le mot peur est sur toutes les lèvres, la psychose dans tous les esprits, cette grosse bouffée d’oxygène, sans prétention aucune, au royaume de l’insouciance, paraît bien opportune.
JL