Interview – Theo Hakola

Publié par le 2 mai 2020 dans Interviews, Notre sélection, Toutes les interviews

© Jérôme Sevrette

On le connaît comme leader dégingandé et charismatique d’Orchestre Rouge et Passion Fodder, comme producteur/réalisateur artistique des débuts d’un groupe bordelais en devenir avec l’album Où veux-tu qu’je r’garde ? (on vous laisse deviner tout seuls), mais aussi comme romancier et homme de théâtre. Theo Hakola, le plus français des chanteurs américains (ou inversement), vient de sortir en ces temps troublés un tout nouvel opus, Water Is Wet, qui s’ajoute à la longue liste de belles réussites sur disque qu’il accumule depuis ses débuts en solo, en 1993, avec Hunger of a Thin Man (et sa jolie référence à Bob Dylan). Rencontre avec celui que nos confrères surnomment le Baudelaire du rock, autour de son art musical, de ses envies cinématographiques et des mystères qui se cachent dans le nouvel album.

On te présente souvent comme le chantre d’un rock poétique sombre, ce qui me semble un peu réducteur. Par exemple, ton dernier album Water Is Wet est très enjoué, même si les paroles peuvent paraître sombres et plombantes d’un premier abord, l’ensemble est vraiment entraînant.
L’impression que tu en as est peut-être due aussi au fait qu’il y a de l’humour, il y en a toujours eu. Les gens ratent parfois un peu les nuances. On ne voit pas l’ironie derrière. Je pense qu’il y en a pas mal dans ce que je fais. Un morceau comme “Who the Hell?”, c’est presque un blues quelque part, dans la pure tradition thématique “Mon bébé m’a quitté”, mais je me moque de ma tristesse dans cette chanson, ainsi que de la tristesse de tous ceux qui chantent très sérieusement “Mon bébé m’a quitté”. Il y a une citation de Beckett, dans une de ses pièces que j’adore, c’est : “Rien n’est plus drôle que le malheur… c’est la chose la plus comique au monde”. Je le pense aussi, donc, dans cette chanson, je me moque de ma propre misère.

“L’époque Georges Bush Jr nous apparaît presque comme une sorte d’Eden, la “Belle Époque” ! (Rires) À côté de Trump, c’était quelqu’un de plus ou moins décent, il avait faux sur toute la ligne, politiquement parlant, mais ce n’était pas un monstre. Il voulait faire du mieux qu’il pouvait pour le pays. (…) Ce n’est aucunement le cas de Trump, il ne marche que pour lui. Les braves crétins qui croient encore en Trump, il se fout complètement d’eux.”

Cela m’étonne que cet humour ou cette ironie ne soient pas souvent mentionnés. Alors qu’ils sont bien présents dans ton œuvre, comme une distanciation nécessaire à la noirceur inhérente.
Je suis content quand on relève l’humour dans mes œuvres. Ce n’est pas souvent le cas, mais si c’est la première chose qu’une chronique évoque, cela me fait très plaisir (rires). Au fond, il n’y a pas trop de noirceur, mais plutôt de la colère. C’est comme une jouissance un peu adolescente, en profiter pour exprimer de la colère. C’est pour s’amuser aussi. Cela fait du bien de dire “Allez tous vous faire foutre bande de connards !” quand on a douze ou treize ans… Aujourd’hui encore, cela arrive à tout le monde, d’écouter les actualités et de râler dans son coin. Je le fais beaucoup en ce moment, je regarde les informations sur mon ordinateur et je réponds verbalement, je dis tout simplement “Fuck you” à voix haute, cela sort naturellement. Je crois que c’est le cas dans mes chansons aussi. Mais je me moque aussi de moi-même en train de le faire, parce que cela peut devenir très vite assez vain. C’est aussi parfois l’occasion de toucher les gens qui pensent la même chose, ils peuvent se sentir un brin moins seul, si j’exprime une colère ou un agacement similaires.

J’imagine que l’actualité des Etats-Unis est une source d’inspiration continue (NdR : l’interview a été réalisée avant le confinement, quand il existait une actualité en dehors du Covid-19).
En permanence ! Cela a toujours été source d’inspiration. Ce qui est rageant, c’est que c’est pire que jamais. Maintenant, l’époque Georges Bush Jr nous apparaît presque comme une sorte d’Eden, la “Belle Époque” ! (Rires) À côté de Trump, c’était quelqu’un de plus ou moins décent, il avait faux sur toute la ligne, politiquement parlant, mais ce n’était pas un monstre. C’était quelqu’un qui, a priori, se trompe, mais qui voulait faire du mieux qu’il pouvait pour le pays. Ce n’est aucunement le cas de Trump. Même Nixon, aussi monstrueux qu’il ait été – c’était mon ennemi juré à vie, je souhaitais son départ comme je n’ai jamais souhaité quoi que ce soit dans ma vie ! – était quand même quelqu’un qui faisait ce qu’il faisait, à tort, pour le pays. Il pensait faire le bien du pays. Ce n’est aucunement le cas de Trump, il ne marche que pour lui. Les braves crétins qui croient encore en Trump, il se fout complètement d’eux. Donc oui, cela m’inspire depuis toujours, mais là cela va tellement plus loin. Un de mes albums précédents, This Land Is Not Your Land, est plus axé sur la politique. Le titre de l’album fait référence à un morceau de Woody Guthrie (NdR : la fameuse protest song “This Land is your Land”). Je voulais viser les espèces de sécessionnistes qui n’étaient pas contents qu’il y ait un homme de couleur au pouvoir, Fox News et compagnie.

Est-ce que tu reviens parfois aux Etats-Unis ?
Beaucoup depuis 2000. Autrefois très peu, quoique, avec Passion Fodder, on a déménagé là-bas tous ensemble, en 1989. Je réalisais mon rêve qui était de continuer à faire de la musique et de vivre en même temps chez moi. J’ai pu y partir avec mes quatre associés français et on a fait les quatrième et cinquième albums là-bas. Ensuite, en revenant ici en 95, je n’ai pas remis les pieds aux USA pendant cinq ans. Et depuis 2000, presque chaque année, j’essaie de passer deux mois là-bas chaque été, pour écrire. L’année dernière, je n’ai pas pu, parce que j’ai passé dix jours sur le tournage d’une série française. C’était salutaire financièrement, je ne pouvais vraiment pas dire non. La série est un peu quelconque (NdR : “Vampires” sur Netflix), très librement inspirée du roman de feu Thierry Jonquet. J’y joue un petit rôle, le mari de l’un des rôles principaux, mais je n’ai pas beaucoup de répliques…

Il y a eu aussi le film d’Arielle Dombasle, Alien Crystal Palace.
Là j’étais plus présent, c’était très agréable et même joyeux à faire, quant au résultat, c’est autre chose ! (Rires) J’adore Arielle Dombasle, humainement c’est un vrai bijou, d’un bout à l’autre, elle a été d’une grande correction. Elle est délirante, le film est extravagant, même si je ne le comprends pas trop.

C’est peut être le geste de l’avoir fait qui compte plus que le résultat final, l’aventure humaine.
Elle est créative, elle ne peut pas s’empêcher de faire énormément de choses, c’est drôle que je tombe là-dedans et je lui suis reconnaissante de m’avoir engagé. Jouer est quelque chose que j’adore faire et, à la différence de la musique, je n’ai pas vraiment de prétentions. Je pense qu’il y a des rôles qui sont à ma portée et je trouve normal que l’on me demande de les faire, mais je ne pense pas du tout être un bon acteur. Alors que je dirais que je suis un bon chanteur, mais j’ai travaillé quarante ans pour l’être, au début je ne l’étais pas. Comme acteur, même si j’ai pas mal fait de théâtre dans ma vie, je pense reconnaître chez les autres plus de talent, plus de savoir-faire. Je souhaiterais vraiment m’améliorer.

“C’est peut-être grâce au confort que j’ai eu autrefois, que j’ai appris à faire des disques. Et cela me sert aujourd’hui, car avec beaucoup moins de confort, (…) le résultat sonne aussi bien, je dirais même mieux. Il y a des disques que j’adore de Passion Fodder, mais je préfère le son que j’ai maintenant, alors que ces disques ont bénéficié de 4-5 semaines des meilleurs studios du monde.”

© Renaud Montfourny

Revenons un peu sur l’album, quelle est la signification derrière le titre Water Is Wet, outre une évidence plus ou moins ironique ?
Moins ironique qu’il n’y paraît. Il y a cette chanson dans l’album (NdR : “In a Sauna You Sweat”), avec la phrase dedans. Le propos de la chanson est que la vérité existe, cherchons-la. L’idée que la vérité n’existe pas m’agace terriblement, je dis cela depuis un moment dans mes livres et mes chansons, comme par exemple “Prière Profane”. Orwell est mon idole pour plein de raisons, entre autres celle-ci. Il croyait en la nécessité de chercher la vérité. Il y a des gens dans mon pays qui pensent encore que la Terre n’est pas ronde, que le Soleil tourne autour de la Terre, ou que le monde a été créé en six jours, six fois 24h, et que tout ce qui est dans la Bible n’est pas tout simplement métaphorique ou analogique. Cela me rend dingue et c’est le genre de bêtises qui fait que les gens croient en Trump. Donc quand je dis “Water Is Wet”, c’est juste parce que c’est la vérité !

On peut lire dans les notes de l’album qu’il a été, comme le précédent d’ailleurs, enregistré et mixé à Paris dans le studio Wobbly Ashes (NdR : nom du groupe sous lequel Théo se produit souvent sur scène). C’est plutôt intrigant…
J’appelle cela un studio, mais c’est plus une blague. En fait, c’est chez moi, dans mon bureau. (Rires) Mais cela fonctionne comme un studio. Je ne peux pas jouer des parties de guitare trop fortes, de la batterie non plus, mais tout le reste, oui : basse sans ampli, voix, violons, toutes les parties de guitare raisonnables au niveau sonore, harmonica, piano, mix, montage, etc. Donc, oui, c’est une blague quand je mets Wobbly Ashes Studios. Les vraies parties de batterie, pas mal de basses et les guitares fortes ont été enregistrées dans un vrai studio à Rennes, avec lequel j’ai l’habitude de travailler (NdR : Balloon Farm Studio). C’est tenu par Vincent Lecouplier, qui est mon ingénieur du son live. Il me fait un prix risible pour enregistrer 2-3 jours chez lui, par album. On fait un tas de choses aujourd’hui qu’on n’aurait pas pu faire autrefois. C’est peut-être grâce au confort que j’ai eu autrefois, que j’ai appris à faire des disques. Et cela me sert aujourd’hui, car avec beaucoup moins de confort, je peux quand même m’en sortir. Le résultat sonne aussi bien, je dirais même mieux. Il y a des disques que j’adore de Passion Fodder, mais je préfère le son que j’ai maintenant, alors que ces disques ont bénéficié de 4-5 semaines des meilleurs studios du monde. Les micros que l’on utilise coûtent sans doute dix fois moins cher qu’autrefois, mais je ne vois pas de différence, je pense que la qualité ou le son de la voix sont égaux voire même meilleurs aujourd’hui. Ce que l’on n’avait pas vraiment autrefois aussi, c’est un temps illimité, ce qui est toujours un peu dangereux : je peux me replonger sur un chant et le refaire pendant des semaines. Autrefois, on se disait qu’au bout de 4-5 heures, il fallait quand même passer au morceau suivant… (Rires)

Tu joues souvent dans des lieux atypiques, alternatifs, je t’avais vu par exemple lors d’une soirée intimiste sur un toit de Paris, aux Concerts du 7ème Ciel, est-ce quelque chose que tu recherches ?
On me le propose souvent donc je le fais, mais en fait je n’aime pas vraiment cela. (Rires) Bien sûr, j’ai du plaisir à chanter avec mes deux collaborateurs (NdR : Bénédicte Villain et Simon Texier), mais je préfère de loin des vrais concerts en groupe. On a joué deux fois au Point Ephémère avec le groupe (NdR : Wobbly Ashes donc), c’était le rêve, c’est vraiment ce que je veux faire. Je fais de la guitare acoustique une fois tous les 5 ans et je n’aime pas vraiment cela. En plus, je trouve que je n’en joue pas très bien. (Rires) J’adorais le concept et l’équipe derrière les Concerts du 7ème Ciel (NdR : concerts organisés sur les toits de Paris, en petit comité, dans des lieux secrets), ils organisaient cela par amour, donc je ne me voyais pas refuser, c’était sans doute une belle soirée.

Tu entretiens une certaine relation avec l’alternatif ; le fait de travailler en dehors, dans la marge. Par exemple, la collaboration avec le petit label Microcultures, est-ce que tout ceci est voulu ?
Pas forcément, plutôt de l’ordre de la survie, l’adaptation. À l’époque, avec Orchestre Rouge et Passion Fodder, j’avais la liberté la plus totale et suffisamment d’argent pour enregistrer. Nous n’avons pas gagné grand-chose, jamais vendu beaucoup de disques, en tout cas, pas assez pour que Barclay ou PolyGram nous gardent. Si Barclay me propose de signer demain, je le fais sans hésiter. Mais attention, à la condition que Barclay accepte de faire les choses comme autrefois, avec la liberté la plus totale. Ils avaient bien entendu leur avis à donner, c’était un peu comme ma famille, mais ils n’avaient pas le droit de dire : “Non non, ne fais pas ça, on ne veut pas de cette pochette, on en veut une autre”. Je voudrais bien payer convenablement les personnes avec lesquelles je joue ! Ils interviennent sur mes disques gracieusement depuis des années, je trouve cela dommage. Même avec Barclay, on gagnait trois fois rien comme salaire, mais on tournait plus et donc, on avait les moyens de gagner un peu sa vie. Maintenant, les deux batteuses avec lesquelles je joue, une sur l’album précédent (NdR : Tatiana Mladenovitch), une sur l’album actuel (NdR : Zoé Hochberg), elles vivent de la musique parce qu’elles jouent avec des artistes qui marchent beaucoup mieux que moi. Les trois autres membres ont des boulots stables. Si j’avais plus de succès, on tournerait mieux, on pourrait s’y consacrer à 100%. Donc ce n’est pas vraiment voulu. Pardon, c’est une longue réponse, mais parfois les gens s’imaginent que c’est génial parce que tu as plus de liberté… Non pas du tout, j’ai moins de liberté, zéro aide financière.
Dans l’énergie aussi c’est plus difficile, être le moteur constamment.
Je dois tout faire, je me suis occupé du graphisme de mon dernier album pour faire des économies, pour ne pas avoir à payer quelqu’un d’autre qui aurait pu le faire mieux et beaucoup plus vite. Mais il aurait fallu, par correction, payer cette personne et je n’en ai pas les moyens.

“J’aimerais bien un jour prendre le temps de faire de la poésie qui tient la route, en dehors de la musique. Et j’ai aussi envie d’avoir un résultat moins structuré, moins en rimes. Mon approche est assez traditionnelle finalement, en ce qui concerne la structure, assez Dylan, Baudelaire. (…) Je suis un peu terre-à-terre rock’n roll au niveau des textes (rires). Je voudrais pousser ailleurs !”

Comment s’est déroulée la rencontre avec Microcultures (NdR : label indépendant français qui a publié des disques de John Cunningham, The Apartments, Jim Yamouridis, Elysian Fields) ?
C’est grâce à Nesles, le chanteur, un vieux copain que j’adore, il m’a parlé d’eux. Il m’a dit que ce serait bien que je rencontre Jean-Charles Dufeu. Aussi simple que cela, avant même que je me lance dans quoi que ce soit. On avait un bon contact, j’ai commencé à maquetter les chansons les plus avancées, je les ai partagées avec lui et Jean-Charles m’a répondu : “Ok, trouvons un moyen de travailler ensemble”.

Il y a une certaine logique à te voir côtoyer des gens comme John Cunningham ou Jim Yamouridis dans leur catalogue.
Tant mieux, moi je n’y prête pas trop attention, mais je suis ravi d’y être, de leur professionnalisme. Vu que je me considère aussi comme professionnel par nécessité, j’apprécie, cela me plaît. Côté vinyle, la galette est sortie chez Médiapop, c’est un partenaire très chouette aussi. Philippe Schweyer, celui qui s’en occupe, le fait tout en sachant qu’il va perdre un peu d’argent, pour l’amour du geste… J’ai arrêté de frapper à des portes. Je croise des gens et aussitôt qu’on s’entend, on travaille ensemble. Je ne veux plus me fatiguer et me déprimer à courir après des personnes qui ne rappellent pas.

Je trouve que tu prends le temps de raconter une histoire dans chaque morceau, je voulais avoir ton avis là-dessus.
Plus qu’une histoire, je dirais plutôt la description d’un sentiment. Par exemple, dans “Who the Hell?” (NdR : premier morceau de l’album Water Is Wet), le sentiment qui est développé est du style “Je vais souffrir éternellement du fait que tu m’as quitté”. C’est mélodramatique, mais c’est un sentiment exprimé, pas une histoire racontée. Pour la deuxième chanson (NdR : “So Bad”), il s’agit d’un morceau de séduction, donc encore un sentiment partagé ou exprimé. J’ai lu dernièrement que je faisais du storytelling, mais je me suis dit, pas tant que cela. À la limite, la toute dernière chanson de l’album utilise la technique de storytelling (NdR : “Weak In The Knees“), il y a comme un dialogue, une histoire avec une évolution. Ou encore dans “Raining Embers”, cela ressemble à du storytelling : j’observe mon pays en train de brûler et de tomber en morceaux. La chanson est inspirée par l’été d’incendies 2018 aux USA. C’était la folie, pendant des jours et des jours, tout était recouvert de fumée. Il y a du storytelling dans mon répertoire, par exemple la chanson “La ballade de Fabrice et Clélia”, qui est complètement inspirée de Stendhal, La Chartreuse de Parme. Cela m’arrive, mais c’est rare. L’idée est plutôt de partir d’un sentiment et de le creuser, le développer, comme par exemple une colère, un agacement ou simplement un sentiment d’amour.

Ta musique a une réelle dimension poétique, comment est-ce que tu travailles cet aspect dans le chant et la mélodie ? Comment traduire en musique une approche très littéraire, comment réussis-tu aussi bien cela ?
Parce que ce sont des poèmes-chansons, qui sont structurés musicalement. Ce ne sont pas des poèmes qui sont écrits dans le vide, ils sont toujours appréhendés comme des textes de chanson. Cela dit, j’aimerais bien un jour prendre le temps de faire de la poésie qui tient la route, en dehors de la musique. Et j’ai aussi envie d’avoir un résultat moins structuré, moins en rimes. Mon approche est assez traditionnelle finalement, en ce qui concerne la structure, assez Dylan, Baudelaire. Tout est plutôt carré. Il y a une chanson comme “Your Baby Blacks, Baby” qui prend un peu plus de liberté que d’habitude. Mais sinon, je suis un peu terre-à-terre rock’n roll au niveau des textes (rires). Je voudrais pousser ailleurs !

J’imagine que c’est plus difficile pour toi d’écrire en français…
Tout simplement, je connais l’anglais à 100%, donc je sais ce que je fais. Le français, c’est ma deuxième langue, je peux avoir l’impression que j’écris un truc génial en langue française, puis on va me dire : “On ne comprend pas, c’est tiré par les cheveux.” J’accepte volontiers les retours sur mes paroles en anglais mais je n’en ai pas réellement besoin. Alors qu’en français, oui. Mon problème avec le français, c’est le chant. Quand je dois chanter le morceau, cela me coûte nettement plus, surtout au niveau de l’accent. Je peux penser avoir réussi une phrase, puis on me dit : “On n’a pas compris quand tu as mal prononcé ce mot”. Avoir un accent ne me gêne pas dans l’absolu, à part si cela interfère dans la compréhension. Pour ce qui est de l’écriture en français, c’est plus difficile mais tout à fait à ma portée. Un roman entier, c’est autre chose, mais une chanson, je peux et je l’ai déjà fait. Ce qui me fait le plus hésiter, c’est au moment où je dois enregistrer la voix. Je connais ma langue maternelle, mais je ne maîtriserai jamais complètement la vôtre.

Interview réalisée par Julien Savès, chez le disquaire Walrus, à Paris.
Remerciements à Caroline et Julie de Walrus et à Microcultures, Mediapop Records et La Centrifugeuse.
Remerciements spéciaux à Marion Buannic pour son aide précieuse.

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