Frustration – Empires Of Shame
Le voilà le Frustration, troisième du nom. Un troisième album en… 14 ans ! Ça fait pas bezef.
Alors évidemment, à l’heure de débouler entre nos mains impatientes, le petit Empires Of Shame est un peu comme le pauvre gars sur la pochette, attendu au tournant par des juges impartiaux et sans pitié.
Et pour sa défense… il choisit l’attaque ! Frontale l’attaque. Un plaidoyer riche en riffs infernaux et en palabres rageuses d’entrée de jeu (“Dreams Laws Rights And Duties”, “Excess”). Voilà qui est convaincant ! Mais le bougre est roublard. Sachant pertinemment que s’il joue la carte de l’agressivité non stop, il va droit dans le mur, il choisit d’alterner entre véhémence et apitoiement (“Just Wanna Hide”, “Empires Of Shame”).
Et lorsqu’il déclenche contre toute attente “Arrows Of Arrogance”, le petit Empires Of Shame voit la larme perler à l’oeil du jury. Il sait qu’il a fait le plus dur, que la partie est presque gagnée. Il va désormais pouvoir se permettre davantage d’excentricités. Comme de partir dans une allocution explosive, que d’aucuns jugeraient suicidaire, avec une imitation schizophrénique d’Alan Vega à la clé (“Mother Earth In Rags”). Le jury, impressionné alors par la personnalité du prévenu, se dit qu’il n’a pas grand chose à lui reprocher.
Et le coup de grâce est porté lorsque le petit Empires Of Shame sort de sa manche sa botte secrète : il appelle alors des témoins à la barre, des amis de toujours… Peter Murphy et Ian Curtis (que tout le monde croyait mort) ! Vague de froid dans l’auditoire, plus personne n’ose la ramener et préfère s’incliner (« Cause You Ran Away »).
Le petit relâchement sur la fin n’y changera rien, le plus dur est fait : Empires Of Shame s’en sort haut la main face au jugement sans pitié qui l’attendait… Vivement qu’on puisse juger son successeur !
JL