DISCO EXPRESS #6 : Nine Inch Nails
À l’opposé de notre rubrique sobrement intitulée « discographies » qui se veut objective, exhaustive et documentée, nous avons choisi ici de vous résumer chaque mois des discographies avec concision, après une seule réécoute (quand ce n’est pas la première !) de chacun des disques. Des avis tranchés, des écrits spontanés, plus ou moins argumentés avec une bonne dose de mauvaise foi et d’amateurisme. Cause hey, this is just music!
Pretty Hate Machine (1989) : Un disque qui commence par « Head Like A Hole » ne peut pas être un mauvais disque. Bon, ok il a vieilli, sonne un peu trop Depeche Mode vénère par moments, je préfère largement les versions live de la plupart des titres mais combien de groupes se prostitueraient pour pondre des « HLAH », « Terrible Lie », « Sin », « Something I Can Never Have », « Sanctified »… ? Hein, COMBIEEEEN ?
Broken EP (1992) : violence à l’état pur. « Last » : le riff le plus meurtrier de la carrière de NIN, quelques tubes éternels comme « Wish », « Happiness In Slavery » ou « Gave Up » (que j’ai tellement entendu en live que j’avais oublié l’effet chelou sur la voix de Trent dans la version studio, pensant à une poussière sous le diamant de ma platine). L’EP ultime.
Fixed EP (remixes) (1992) : je crois que je ne l’avais jamais écouté. Pas sûr que je le réécoute. La plus-value de ces remixes electro expérimentale/drum’n bass étirés à mort de « Wish », « Gave Up » et « Happiness In Slavery » ne me parait pas franchement criante. S’en suit trois inédits pas inintéressants (enfin les deux premiers, le dernier étant inaudible).
The Downward Spiral (1994) : je le connais par cœur depuis 20 ans, ce n’est pas maintenant que je vais lui trouver des défauts. Des classiques surpuissants (« March of the Pigs », « Mr Self Destruct », « Heresy », « Reptile »), une incitation au viol de la première venue (« Closer »), de fabuleuses descentes aux enfers (« Eraser »), un tire-larmes bouleversant (« Hurt »), des hurlements cultes « WON’T YOU TELL ME HOW I FEEL! », « I WANNA BE EVERYWHERE, I WANNA DO EVERYTHING, I WANNA FUCK EVERYONE IN THE WORLD, I WANNA BE SOMETHING THAT MATTEEEERS ». Intouchable. (La chronique qui dit la même chose en 12 fois plus long)
Further Down The Spiral (1995) : carrément plus intéressant que Fixed, il y a là de très bons remixes (« The Art of Self Destruction, part 1 »,« Heresy », « At The Heart Of It All », « Ruiner » qui sonne assez Young Gods). On tourne malgré tout un peu en rond par moments (3 remixes pour « Mr Self Destruct », est-ce bien nécessaire ?).
The Fragile (1999) : un des rares doubles albums que j’aime d’un bout à l’autre (même si le monumental CD1, donc vinyle 1et demi est au-dessus du très bon CD2, donc vinyle 1,5 à 3). Entame parfaite (« Somewhat Damaged », « The Day The World Went Away »). Coups de savate, longues plages atmosphériques. Tout y est, et même un peu plus. La quintessence du groupe. (La chronique qui dit la même chose en 27 fois plus long)
The Fragile Deviations (2016) : Bon, c’est quand même long, hein. J’ai dû m’y reprendre à quatre fois. Et le problème c’est de connaitre les originales et de ne pas pouvoir s’empêcher de chanter « nananaaaa » sur « The Day… ». Un peu compliqué aussi de distinguer versions instrumentales, remixes et inédits. Ça vaut quand même le coup globalement (peut-être pas le coût), même si la tentation est finalement bien plus grande de réécouter l’album original.
With Teeth (2005) : Un bon album. Plusieurs crans en-dessous de son prédécesseur (le contraire serait inhumain). Un peu trop propre et sage à l’image des singles. “The Hand That Feeds”, même s’il a le riff de “You Really Got Me” et m’agace un peu, est indéniablement efficace. Idem pour “Only”. “With Teeth” pourrait être super mais ce refrain j’ai jamais pu (“withhh the teeth-aaaa“, pourquoi Trent ?). “Sunspots” craint un peu. J’adore toujours “The Line Begins To Blur » (plus torturée) et la magnifique “Right Where It Belongs”.
Year Zero (2007) : Beaucoup moins accessible que With Teeth. Je ne l’avais pas écouté depuis un bail et c’est franchement pas mal du tout. “The Beginning of the End” et “Survivalism” poutrent bien.
Le riff de “The Warning”, miam. Il y a du plus anecdotique (fin d’album pas folle) mais globalement ça tient la route.
Y34RZ3R0R3M1X3D (2007) : Pour le coup, cette fois les morceaux sont réellement transformés. Très électro parfois limite (« Meet Your Master » de The Faint, beurk). Mais il y a là de franches réussites ! Saul Williams au taquet sur « Guns By Computer », « The Great Destroyer » par Modwheelmood au top, l’épileptique « Capital G » (par Epworth Phones)… Bref, de très bonnes choses, plus qu’une curiosité.
Ghosts I-IV (2008) : Le début de la collaboration avec Atticus Ross et les nombreuses B.O. 36 morceaux, instrumentaux et expérimentaux, majoritairement contemplatifs. Piano, guitares saturées. Souvent très intéressant mais j’y reviens bien peu.
The Slip (2008) : Moins insignifiant que dans mon souvenir, rien de honteux (pas encore). « 1,000,000 », « Letting You », « Echoplex », « Head Down », c’est solide. Un côté un peu plus « pop », chant moins agressif qui annonce le virage douteux (« Discipline »), saluons la pièce instrumentale de choix « Corona Radiata » toute planante qui s’achève dans le chaos le plus total (elle porte bien son nom, donc).
Hesitation Marks (2013) : Début d’album pas mal du tout (les trois singles en fait). Je sauve aussi « I Would For You » du marasme, sinon c’est assez nul (la lourdingue « Everything », « Various Methods of Escape », je pourrais en citer beaucoup d’autres. Le summum de l’horreur étant l’espèce de truc RnB « Satellite »). D’une certaine manière, ça me rappelle le Chris Cornell tout pourri produit par Timbaland. Arrête d’essayer de sonner moderne Trent, ça ne te va pas.
Not The Actual Events EP (2016) : C’est un peu l’EP de la rédemption, il revient à des sonorités qui lui conviennent beaucoup mieux (et qui me plaisent bien plus). Malheureusement, les morceaux manquent un peu de consistance (allez, « She’s Gone Away » et « Burning Bright » sont pas mal). Coup d’EP dans l’eau.
Add Violence EP (2017) : c’est un peu mieux. Dans la continuité, avec des morceaux plus marquants (love pour « The Lovers », maximum love pour « This Isn’t The Place »). La fin bruitiste pendant 5 bonnes minutes est parfaitement inutile.
Bad Witch EP (2018) : C’est beaucoup mieux. J’adorais Bowie qui fait du Trent (Outside, Earthling). J’aime beaucoup Reznor qui fait du David. Mon préféré depuis un bail.
Ghosts V/VI (2020) : 2h de nouvelle musique gratos. Sympa ! C’est toujours bien foutu, pas désagréable… et pas spécialement mémorable (pour ne pas dire soporifique). Le risque avec ces Ghosts, c’est qu’au bout de Ghosts XXII, on soit incapables de les distinguer les uns des autres.
Jonathan Lopez
NIN en 20 morceaux, un minimum par EP/album (version spotify et youtube ci-dessous)
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