DISCO EXPRESS #12 : Weezer

Publié par le 8 juin 2021 dans Chroniques, Disco express, Non classé, Toutes les chroniques

À l’opposé de notre rubrique sobrement intitulée « discographies » qui se veut objective, exhaustive et documentée, nous avons choisi ici de vous résumer chaque mois des discographies avec concision, après une seule réécoute (quand ce n’est pas la première !) de chacun des disques. Des avis tranchés, des écrits spontanés, plus ou moins argumentés avec une bonne dose de mauvaise foi et d’amateurisme. Cause hey, this is just music!

Weezer (Blue) (1994) : Super disque de power pop à la durée parfaite avec son lot de tueries (“Undone – The Sweater Song”, “My Name Is Jonas”, “Surf Wax America”). Certes, on a beaucoup entendu certains titres (“Say It Ain’t So”, “Buddy Holly”) et je trouve que la fin retombe un peu, mais globalement un succès mérité. Le problème, c’est que ce succès a sans doute été démesuré et nuisible pour le reste de la carrière du groupe.

Pinkerton (1996) : Un disque encore plus parfait de power pop, où l’instantanéité des tubes a fait place à plus d’introspection (encore que “Tired of Sex”, “The Good Life” ou “Getchoo” se défendent, niveau efficacité). Seul défaut du disque, il est trop court : 35 petites minutes alors qu’on en aurait bien repris 15 de plus (surtout avec des faces b comme “I Just Threw Out The Love Of My Dreams” ou “Long Time Sunshine”). Le disque a fait un petit four à l’époque, mais a acquis un statut culte depuis, amplement mérité. C’est bien simple, qui peut résister à des tueries comme “El Scorcho”, à part notre rédac’ chef ?

Weezer (Green) (2001) : Un disque de power pop beaucoup plus bateau après le manque de succès de Pinkerton. Et c’est là que le succès du premier album a pu être nuisible, difficile pour Rivers Cuomo, le leader du groupe, de se contenter de faire la musique qu’il veut. Il commence à y avoir une volonté de faire de la musique qui plait. Impression renforcée par le fait de reprendre Ric Ocasek des Cars à la production, comme sur le premier disque. Malgré ça, les titres sont sympa (“Hash Pipe”, “O Girlfriend”, “Photograph”… et bien qu’on l’ait trop entendu, “Island In The Sun” est un bon morceau) et l’album s’écoute avec plaisir.

Maladroit (2002) : Peut-être l’album le plus sous-estimé de Weezer. Encore un disque de remise en question, qui essaie d’explorer différents styles de musique et à remettre un peu plus de power dans leur pop, tout en impliquant leur fanbase dans le processus d’édition (via internet, ce qui était novateur pour l’époque). À côté de morceaux assez classiques pour le groupe mais de bonne facture (“Keep Fishin'”, “Dope Nose”, “Possibilities”) on a des morceaux plus originaux (“Burndt Jamb”, “Take Control”, “Slob”) et un bon équilibre entre ballades et morceaux plus énervés. Un bon album, quoi qu’on s’imagine.

Make Believe (2005) : Le choix de Rick Rubin à la production laissait imaginer une volonté de pimper des compos pop assez fm par un gros son propre mais massif. Et effectivement, Make Believe suit les traces de Maladroit mais en laissant la finesse de côté. Là, encore, c’est un disque de power pop qui tente plusieurs pistes (accents new wave avec “This Is Such A Pity”, hip hop sur “Beverly Hills”, pop à piano sur “Haunt You Everyday”…), tout en restant résolument rock. Il y a de chouettes chansons sur le disque (“Hold Me” !), même si le manque de finesse générale finit par lasser. À la réécoute, je le trouve beaucoup plus plaisant que dans mon souvenir, mais c’est sans doute parce que je sais ce qu’ils ont sorti depuis.

Weezer (Red) (2008) : Encore Rick Rubin à la production et peut-être le premier album où les morceaux cool ne compensent pas les aspects lourdaux ou absurdes de l’ensemble (“The Greatest Man That Ever lived”… ?). Il y a quelques morceaux sympas dans une veine FM assumée sans être exceptionnels (“Everybody Gets Dangerous”, “Cold Dark World” ou “Troublemaker”), mais l’ensemble est bancal.  

Christmas With Weezer EP (2008) : Oui, ils ont fait ça. Bon, Mark Lanegan aussi, si on va par là. Sauf que l’intérêt du disque de Lanegan, c’est de proposer une ambiance sombre et classieuse. L’intérêt du disque de Weezer reste à trouver.

Raditude (2009) : Pendant longtemps, considéré comme le pire album de Weezer. Et à l’époque de sa sortie, c’était certainement le cas. Certes, globalement ça reste des sonorités “rock” et c’est donc moins désagréable que leurs albums pops fm récents, mais c’est le début des morceaux craignos (“Can’t Stop Partying”, “Love Is The Answer”, “Put Me Back Together”), des choix de productions foireux et de l’aide extérieure pour composer les morceaux. Ce qui est plus classique est médiocre au mieux, quand ce n’est pas un peu gênant d’imaginer des gars à l’aube de la quarantaine chanter ça au premier degré. Allez, on peut sauver “(If You’re Wondering If I Want You To) I Want You To”, qui n’est pas phénoménale pour autant.

Hurley (2010) : Ce disque a divisé les fans. Certains y voient le retour à la power pop, d’autre la continuité de leurs errances depuis Make Believe. Pour ma part, je suis plutôt dans la deuxième catégorie. L’enrobage plus rock est évident, mais il me semble de façade, avec finalement trop peu de morceaux vraiment réussis (“Memories”, “Unspoken”) pour relever l’album. Plus on avance dans l’écoute, plus on constate que les mauvais tics qui explosent sur Raditude sont toujours présents.

Death To False Metal (2010) : Ce n’est pas à proprement parler un album, mais une compilation de titres inédits de 2002 à 2010. Du coup, assez logiquement on a des morceaux pourris (ceux de la période Raditude, sans doute) et d’autres très cool (les chutes de Maladroit, notamment), pour un disque qui dans l’ensemble est un des plus plaisants de Weezer depuis un bout de temps.

Everything Will Be Alright In The End (2014) : Là, en revanche, on a droit à un vrai retour à la power pop avec notamment le producteur Ric Ocasek qui a été rappelé pour l’occasion. Le problème, c’est que les travers de composition accumulés par Cuomo au fil du temps sont bel et bien présents (collaborations pas toujours heureuses, propension à en faire des caisses…) du coup les morceaux sont loin d’être tous géniaux, les bonnes idées se perdent au milieu du reste, mais je comprends que ce disque soit tenu en haute estime par tous ceux qui ont eu le courage de se farcir tous les précédents.

Weezer (White) (2016) : Un album qui sonne encore plus comme un retour aux sources, comme si le groupe cherchait à refaire la power pop simpliste qu’il faisait à ses débuts, mais avec ses moyens actuels. Je l’avais comparé aux nouveaux Star Wars, mais c’est un peu injuste : ce n’est pas qu’un copié-collé, et il y a beaucoup plus d’inventivité. Au final, ce disque réussi est porté par l’intransigeance du producteur Jake Sinclair, fan de Weezer déterminé à leur refaire faire un disque à l’ancienne, et la qualité générale des chansons. (Chronique)

Pacific Daydream (2017) : Après un album aussi prometteur, tout le monde avait envie de miser sur la suite. Et non, voilà le soufflé qui retombe, avec Weezer qui retombe dans ses vieux travers. On peut résumer tous les problèmes du groupe avec ce disque : du talent (beaucoup de bonnes idées et de mélodies qui tuent), mais des choix douteux que ce soit dans les arrangements (toujours cette tendance à en faire des caisses) ou pour le producteur (le même qui avait signé Raditude), et on se retrouve avec un disque qui a presque autant de potentiel que de défauts. Il y a des choses qu’on voudrait sauver (l’aspect pop 60s de certains titres, l’originalité d’autres), mais aussi plein de choses qui le rendent difficilement supportable. J’aurais limite envie de dire que c’est un bon disque de mauvaise pop.

Weezer (Teal) (2019) : Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. L’album de reprises le plus inutile qui ne soit jamais sorti, à mon avis. (Chronique)

Weezer (Black) (2019) : Un affreux disque qui cherche à sonner moderne en proposant de la bouillasse pop indigeste. La formule Pacific Daydream (on noie les compos dans un océan de mauvais goût pour que même celles qui seraient bonnes dépouillées soient inaudibles) poussée à l’extrême. Si ce n’était pas la voix de Cuomo, reconnaitrait-on Weezer ? Malheureusement, peut-être que oui.

OK Human (2021) : La bonne surprise inattendue à ce stade de la carrière de Weezer (par le producteur du Weezer blanc, il n’y a pas de hasard). Un disque de pop à l’ancienne, organique, grandiloquent mais fin et bien ficelé. Belle réussite. (Chronique)

Van Weezer (2021) : Comme d’habitude chez Weezer, un album étonnamment bon est suivi d’un autre beaucoup plus mitigé. Van Weezer n’est pas un disque de pop pupute moderne, ce n’est pas non plus un disque de pur hard rock beauf comme le nom pouvait le laisser entendre, on pourrait presque dire que c’est un croisement entre les deux. Allons-y carrément : c’est ce que donnerait un groupe de pop moderne qui essaie de faire un disque de hard rock beauf. Du coup, la prod a les défauts de beaucoup de disques de Weezer depuis Raditude (à croire qu’il n’y a plus que Jake Sinclair qui sache comment un disque de Weezer devrait sonner), mais au moins, c’est un disque à guitares. Quant aux morceaux, Van Halen est plus évoqué par des gimmicks (tapping à foison, par exemple) que par des aspects de compositions. En résumé, c’est le versant musique de stade de Weezer, mais ça reste du Weezer (des morceaux pop sympathiques, donc, mais loin d’être ce qu’ils ont fait de mieux.)

Blackcondorguy

Weezer en 20 morceaux (minimum un par disque), version Youtube (et Spotify plus bas) :

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