Die! Die! Die! – This Is Not An Island Anymore

Publié par le 24 mars 2022 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(Autoproduit, 18 février 2022)

Je ne me suis jamais considéré comme un fan de punk, encore moins comme un punk moi-même. Bien sûr, en attaquant, de la sorte, la chronique du dernier album des néo-zélandais de Die! Die! Die!, je me contrains à devoir livrer une définition du genre, ce dont je suis incapable. Est-ce une crête, une épingle à nourrice, une descente de manche en accords barrés, qui fait son punk ? Ou bien est-ce sa parfaite connaissance de l’œuvre de William Burroughs et celle de Lord Byron ? Ou encore son goût immodérés pour les club-sandwichs à l’héroïne à déguster sur les banquettes terriblement confortables du Palace en d’autres temps ?

Je n’en sais rien, plusieurs théories s’affrontent.

Ce que je sais, en revanche, c’est que les Die! Die! Die! sont punk, terriblement punk, et ce, depuis leur premier album. Ça se sent, ça transpire, c’est indiscutable. À côté d’eux, les Idles sonnent comme du Eddie Vedder au ukulélé (ne rigolez pas, ça existe). De plus, ils sont aussi éloignés du skate punk angelinos des années 90 qu’on est en droit de le souhaiter, et ils n’ont rien à voir, non plus, avec l’arrière-garde incarnée par les Sex Pistols et les Clash. Ils sont punk, et je ne m’explique pas pourquoi, je le sais.   

Leur son se caractérise par une agressivité électrique stridente qui donne l’impression de se faire électrocuter les tympans chaque fois que le médiator d’Andrew Wilson s’abat sombrement sur sa guitare. Il se caractérise également par la vélocité de la basse de Lachlan Anderson et par la batterie à la fois sèche et bondissante de Michael Prain. Ce sentiment se confirme autrement par le filtrage de la voix de Wilson, qui hurle plus qu’il ne chante, comme s’il avait ses doigts coincés dans une prise.

This Is Not An Island Anymore fait suite au fabuleux Charm. Offensive. et reprend avec plus ou moins de bonheur sa structure, avec une basse très en avant et une guitare légèrement en retrait. Il est clairement plus frontal que son prédécesseur comme le laissait penser le premier « Losing Sight, Keep on Kicking » (n’allez pas voir la vidéo qui l’accompagne), tout en gardant cette étrange profondeur qui rend le groupe unique. J’ai parfois la sensation d’écouter plusieurs chansons en simultanées alors même que Die! Die! Die! se situe clairement dans le crédo « Econo » à la Minutemen et dans l’éthique D.I.Y. propre aux années 80, du côté de SST. Les titres qui composent This Is Not An Island Anymore résonnent comme des coups de semonce, des avertissements d’un effondrement à venir. La dimension politique est à mettre au crédit (je crois) de l’ethos punk, évoqué plus haut. Depuis toujours, Die! Die! Die! interroge le monde, sans pour autant nous faire croire qu’ils ont le moindre début de solution à proposer. Ils ne se cachent derrière aucun slogan prêt à l’emploi, ni derrière aucune des frontières idéologiques qui ressemblent davantage à des miroirs convexes qu’à des contradictions claires envers un ennemi qu’à force de pointer on finit par mimer tristement.  

Leur propos est avant tout musical, et de ce jeu ils tirent leur épingle en étant légèrement au bord de la ligne dure et en étayant leur son d’éléments pop, noise, voire même free sur « Never Tire of Looking at the Sun ».

This Is Not An Island Anymore pèche par sa durée, beaucoup trop courte. Il rend presque quinze minutes à Charm. Offensive. et il se révèle moins aventureux que ce dernier. Il n’en reste pas moins un album plus riche qu’il n’y parait lors des premières écoutes, qui maintient Die! Die! Die! aux avant-postes de leur discipline… sans ironie.

Max

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