Cosmopaark – And I Can’t Breathe Enough
2023 vient tout juste de commencer mais il ne faudra pas attendre plus longtemps que ce mois de janvier pour que le label Howlin Banana Records dégaine une nouvelle sortie.
Alerté mi-décembre par un single à l’ampleur sonore capable de décoller le papier peint, l’impeccable « Can’t Wait », voici la première belle découverte de ce début d’année. Le trio bordelais Cosmopaark signe avec And I Can’t Breathe Enough, un solide album de dix titres qui alternent subtilement puissance sonique et rêveries éthérées. Vous avez dit shoegaze ? A l’image de la vague qui ornait un célèbre album britannique du genre (Nowhere de Ride, pour ceux qui ne suivraient pas), ce disque figure fréquemment une mer d’huile, à peine chahutée par des alizés somnolents. Mais sans crier gare, une dépression brutale peut venir perturber le calme du voyage. Et le vent souffle alors bien fort (la fin de « Concrete Plans », « Not Fixed »). Façon ouragan.
Porté par une production impeccable, et un mix de Clément Fortin (déjà aux manettes de l’excellent Funtastic de Tapeworms, sorti il y a 2 ans… chez Howlin Banana, tiens, tiens), le son est ample et profond, les harmonies vocales soignées, et on peut donc écouter ces chansons avec un volume sonore (très) conséquent pour prendre avec plaisir les ondées sonores pleine face, un sourire ravi sur le visage, en contemplant le large. C’est particulièrement agréable sur le crescendo du final « Try » (et sa guitare lead au grain magnifique) ou avec les rafales de « Can’t Wait », titre qui rappelle le plus un album à la pochette rose bien connue. Le trio dégage une belle assurance avec des compositions qui ne regardent pas seulement leurs chaussures qui écrasent les pédales d’effets et de distorsions, cheveux dans les yeux. On retrouve des nappes d’accords suspendus sur des sonorités abrasives comme dans toute bonne shoegazerie à l’image de « Far » à écouter sur volume 11 pour prendre un bon bol d’air bien iodé. Mais Cosmopaark navigue aussi en père peinard sur la grande mare des canards de la dream pop, toutes mélodies dehors (« Suffocating », ses arpèges chorusés et sa basse ronde). Et le disque y trouve un équilibre bienvenu comme sur les six minutes superbes de « Big boy ». Tout un voyage. En bon amateur des 90’s, chacun y trouvera donc son compte quelque part entre indie rock à la ligne claire et mélodique (« Concrete Plans », « Haunted House », les deux minutes de « Sorry » et ses accords estampillés jeunesse sonique) et maelstrom sonore. Un mélange qui évoque parfois le récent album de Park. On aurait même apprécié davantage des trouvailles sonores entendues en arrière-plan de « Backseat » qui rappellent les bidouillages ludiques de Tapeworms.
A l’heure du bilan, force est de constater que Cosmopaark va rejoindre la (longue) liste des jeunes groupes français à suivre avec attention avec ce And I Can’t Breathe Enough très réussi (et déjà un sérieux prétendant également au plus bel artwork de 2023). L’année commence bien.
Sonicdragao