Colleen Green – Cool
Sans trop croire à sa sortie prochaine, Cool était certainement un des albums que j’attendais cette année. C’est peu dire que j’ai adoré I Want To Grow Up (il est dans mon top 10 des années 2010 et j’avais même interviewé Colleen Green pendant le confinement histoire de pouvoir parler du disque), ce mélange d’insouciance pop punk avec la “désabusion” second degré de l’indie rock matinée d’une touche éthérée shoegaze m’avait même fait accepter quelques penchants synthétiques dansants. Bref, j’étais complètement conquis par l’univers musical de Colleen Green.
En cherchant un peu plus dans les sorties de l’artiste, j’étais malheureusement un peu plus mitigé, moins friand des boites à rythmes, mais toujours assez convaincu par son côté lo-fi et une forme de dérision assumée. J’avais aussi lu que l’album était produit par un collaborateur des Strokes, groupe que j’ai toujours trouvé démesurément surestimé, et cherchait à faire la part belle aux rythmes enjoués. De quoi me rendre circonspect quant au résultat.
Le titre est osé, mais néanmoins parfaitement choisi : si vous êtes rentré dans l’univers de Colleen Green, vous ne pouvez que reconnaitre que ce qualificatif lui colle à la peau. Mais le cool distillé ici dès les premières mesures de “Someone Else”, c’est plutôt celui des boites de nuits et de la pop dansante aux accents vintages ; pas vraiment ma tasse de thé. Heureusement, avec “I Wanna Be A Dog” ou “It’s Nice To Be Nice”, je retrouve “ma” Colleen. Plus enjouée, moins introspective, mais toujours cool. Le cool que j’aime. Le problème, c’est que la parenthèse est de courte durée. On retrouve aussi des sursauts de guitare énervée de façon ponctuelle, mais un peu trop effacés derrière la propreté de la production, les basses ou la batterie clinquante. “I Believe In Love” est plus sobre, mais c’est une ballade ; très jolie au demeurant.
Je l’avoue, à la première écoute, j’étais à deux doigts de ma déception de l’année. Tout ce que j’aimais chez l’artiste semblait disparu, étouffé sous une couche de bonne humeur sautillante et une dominante 80sante, comme si tout ce que j’aimais le moins sur le précédent disque avait bouffé le reste. Sauf qu’en y revenant, je me suis rendu compte que tout était là, sous un enrobage assez loin de mes goûts, certes, mais dans une harmonie assez étonnante. J’ai beau adorer quasi-intégralement I Want To Grow Up, Cool m’apparait plus homogène, comme si Colleen Green avait réussi à faire cohabiter toutes ses facettes dans un ensemble plus léger et lumineux. Et, de façon plus surprenante, même les morceaux qui me rebutaient le plus au premier abord (“Highway” ou “You Don’t Exist”) se révèlent presque addictifs. Comme cette sucrerie bizarre qui vous donne étrangement envie d’y revenir.
Après plusieurs écoutes, j’en viens à une conclusion inéluctable : ce disque qui a tout pour me repousser semble être parti pour beaucoup tourner dans mes oreilles. Le fait que j’étais déjà conquis par l’univers de l’artiste a sans doute beaucoup joué, mais je finis par trouver du charme à beaucoup de titres. Et à avoir envie de les écouter, ce qui est le premier signe de la réussite d’un album. Au final, Colleen a eu envie de nous inviter à danser en boite. Comme c’est elle, je vais y aller pour cette fois, et laisser mes réticences de côté. En revanche, ça ne passera peut-être pas la prochaine fois…
Blackcondorguy