Calexico – El Mirador

Publié par le 21 mai 2022 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(City Slang, 8 avril 2022)

On reste rarement très longtemps sans nouvelles de Calexico. En 2022, le groupe fondé au milieu des années 1990 autour du duo John Convertino-Joey Burns sort son 12e album, El Mirador. Son 4e depuis 2018.

Et même sur Seasonal Shift, leur dernier en date, qui est un disque de Noël, dans une tradition toute américaine, le groupe de Tucson évitait la sortie de route qui aurait fait tache dans une carrière discographique plutôt remarquable. Avec ces 12 nouveaux titres, Calexico reste fidèle à son artisanat traditionnel. Une musique libre qui puise aussi bien dans un terreau nord-américain (folk, country, americana, parfois pas loin du post-rock aussi…) que dans les folklores latino-américains avec moult cuivres et instrumentations mariachi. Avec quelques aspirations cinématographiques (grazie maestro Ennio Morricone). Un seul instrumental cette fois-ci. C’est dommage étant donné que l’élégant et inquiet « Turquoise » aux cuivres subtilement jazzy est plutôt très réussi. Effet de la pandémie (ou pas), le groupe s’est résolument tourné vers le Sud pour épicer (encore) plus que d’habitude ces compositions (une grosse partie des textes est en espagnol d’ailleurs, plus qu’à l’accoutumée). Trop longtemps privés de fiestas sans doute.

La première partie de l’album est ainsi résolument lumineuse et groovy comme en atteste l’excellent « Harness the Wind » à la guitare lead mélodique en diable. Deuxième single qui m’aura bien plus convaincu que le premier, « El Mirador », malgré cuivres, cordes et une ambiance inquiète. On remuera le bassin bien plus souvent aux rythmes chaloupés de la cumbia sur « Cumbia Peninsula » et la quasi-électro de « Cumbia del Polvo ».

Dust in my hair, dust in my shoes

Dust in the Cumbia I’m dancing with you

Monsoon rains come, gonna wash us away

We’ll be dancing in the mud till they take us away

Desde del desierto

La cumbia del polvo

Sans pour autant supplanter « Cumbia de Donde » sur l’album Edge of the Sun, à mettre dans vos playlists groovy. Entre ces deux titres, « Then You Might See », rock efficace avec son gimmick de delay et sa guitare à la vibe western. Ce serait dommage de ne pas profiter d’un batteur aussi polyvalent et subtil que John Convertino. Avec Joey Burns, et les collaborateurs réguliers (Gaby Moreno, Sergio Mendoza…), on trouve toujours de petites perles, à l’image du parfait et cuivré « El Paso » ou du groovy « Liberada ».

Que esta noche hay fiesta

Et avec une ou deux cervezas de plus, on se laissera même aller à quelques pas de danse sur le moins subtil mais festif « The El Burro Song »… qui sent quand même la sortie de bar mal assurée. Mais le dernier tiers de l’album vient balayer toute début de critique. Calexico y délaisse un temps l’ambiance festive et distille une mélancolie élégante que l’on n’attendait pas forcément sur ce disque, mais lui apporte au final un contraste bienvenu (« Turquoise »). La fête touche à sa fin mais on goûte le plaisir du retour sous les étoiles (« Constellation »), le sourire aux lèvres, l’esprit encore embrumé par l’ivresse. Une dernière pointe de vitesse rock direction « Rancho Azul » avant de profiter de l’ultime « Caldera », un élégant crescendo folk éthéré où la tension reste néanmoins palpable. L’orage n’était pas loin.

Finalement, ce nouveau Calexico se bonifie à chaque écoute. Rien de neuf sous le soleil d’Arizona me diront los cabrones (oui, je connais des jurons en espagnol). Mais toujours pas de mauvais album non plus pour les gars de Tucson. Comme du bon vin…

Sonicdragao

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