Boris & Uniform – Bright New Disease

Publié par le 24 juillet 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Sacred Bones, 16 juin 2023)

J’ai demandé il y a quelques mois à un pote pourquoi il était fan du groupe de noise/drone/doom/stoner/post-rock (rayez les mentions inutiles et ajoutez celles de votre choix) japonais Boris. Il m’a dit : « Attends, je t’envoie un texte ». Hier, je lui ai demandé où il en était, il m’a répondu : « Ça arrive, j’en suis au chapitre trois… » Blague à part, le trio suscite la fascination par sa productivité hors norme, ses changements stylistiques incessants et sa capacité à pousser aussi loin que possible ses explorations soniques. En général, soit on n’accroche pas — ou alors, seulement aux disques les plus accessibles — soit on est totalement à fond et ça devient une sorte d’obsession. Je dois avouer ne pas nécessairement appartenir à la catégorie des obsédés mais l’envie de me lancer sérieusement dans la discographie pléthorique du groupe commence à me tenter et ce disque en forme de collaboration avec le groupe de metal indus Uniform, pourrait bien constituer la porte d’entrée idéale pour celles et ceux qui souhaiteraient m’emboîter le pas.

En effet, si la musique de Boris peut vite s’avérer foutraque (certains diraient même « pénible »), il semblerait que cette collaboration permette un peu de recadrer les choses. Aux déluges de fuzz psychédélique produits par Wata et consorts, Uniform vient en effet ajouter une sorte de cadre un peu plus rigide avec quelques riffs thrash-indus chirurgicaux et quand on met tout ça ensemble, et bien, ça sonne comme une évidence. Screamo hardcore et chants plus mélodiques sont alternés de la plus efficace des façons. Et si l’album commence par trois uppercuts assénés de main de maître, il va vite partir sur autre chose. Avec « The Look is the Flame », le groupe chasse sur les terres d’un groupe de hardcore à la Converge, du moins dans ses moments les plus lents et poisseux. Plus loin, avec « Narcotic Shadow » et son intro à la John Carpenter (les plus jeunes penseront sans doute plutôt à la BO de Stranger Things), l’album prend un léger virage mélodique avant de se terminer un peu quand comme il a commencé, à coups de riffs assassins, de guitares bruitistes, de bruit blanc et de feedback étiré à l’infini.

On ne sait pas si cette collaboration est amenée à se reproduire ou s’il s’agissait juste de tirer profit d’une tournée en commun mais au vu de la qualité du résultat, loin d’être anecdotique, on a bien envie de voir les deux formations remettre le couvert. Bright New Disease m’a par ailleurs donné envie d’aller explorer un peu plus la discographie d’Uniform, que je ne connaissais jusqu’alors que de nom. En tous cas, quelques temps après la très remarquée collaboration entre Emma Ruth Rundle et Thou, voilà à nouveau un très beau coup pour Sacred Bones, sorte d’arche de Noé de toutes les musiques sombres et/ou audacieuses et qui compte désormais les deux groupes dans son roster. On se demande même si ce ne serait pas une bonne idée de leur part de faire de ce type de rencontre entre deux artistes ou groupes du label une sorte d’entreprise récurrente.

Yann Giraud

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