BADBADNOTGOOD & Ghostface Killah – Sour Soul (Lex)

Publié par le 2 mars 2015 dans Chroniques, Toutes les chroniques

badAlors que le Wu-Tang nous a offert fin 2014 un dernier (?) album qu’on a depuis oublié d’écouter, Ghostface Killah revient pour nous prouver ce qu’on sait déjà. Desormais ce sont les productions solo des membres du Wu qui sont réellement dignes d’intérêt. Et notamment les siennes. Lui qui fait montre d’une grande productivité ces derniers temps (son dernier solo, 36 Seasons, est sorti il y a… 3 mois !).

The Roots avait montré la voie il y a fort longtemps et fait passer le message. Oui hip hop peut rimer avec vrais musiciens.

Ghostface n’étant pas du genre frileux, le voilà qui se lance dans l’aventure avec le trio jazz BADBADNOTGOOD.

Un trio bourré de talent et qui n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il s’est d’abord illustré en reprenant Tyler The Creator (dans la vidéo Odd Future Session), lequel, séduit par l’initiative, a ensuite fait beaucoup pour faire grimper leur notoriété. Les voilà désormais bien exposés aux côtés de Ghostface dont on vous épargnera le CV, ça prendrait 3 pages.

Il nous faut peu de temps pour être happé par l’univers délicat et raffiné de BADBADNOTGOOD et pour se convaincre qu’ils ont misé sur le bon larron pour mettre des paroles sur leur musique.

En seulement 12 morceaux, autre signe d’émancipation par rapport au monde du hip hop et ses 18 titres minimum de rigueur, la collaboration fait mouche. BBNG n’a eu aucun mal à se fondre au format et aux restrictions qu’il impose se contentant surtout d’accompagner, de tisser des ambiances (peu de digressions hormis un solo sur la fin de “Food” et deux morceaux instrumentaux dont un “Stark’s Reality” un peu tristoune).

Certains titres nous renvoient aux perles sombres des débuts du Wu (RZA est un féru de vieux samples soul/jazz ne l’oublions pas), il n’est donc guère surprenant que Ghostface s’y sente comme un poisson dans l’eau (“Sour Soul” et la très tubesque “Gunshowers” qu’on pourrait laisser tourner en boucle pendant une heure).
Le ton est parfois désabusé quasi désespéré, comme sur la sublime “Street Knowledge” où Ghostface traîne son spleen sur fond de blues lancinant. Mais quand l’ensemble devient plus enlevé voire groovy, le résultat est encore au rendez-vous (“Ray Gun” avec MF Doom).

Au final, la leçon est belle : le jazz et son précieux élitisme cohabite à merveille avec le rap, cette musique prétendument réservée au ghetto. Voilà qui devrait donner des idées non seulement à leurs acteurs (qui n’en manquent déjà pas) mais aussi à certains MCs en panne d’inspiration. Encore faut-il faire preuve d’autant de talent ce qui n’est pas à la portée du tout-venant.

JL 

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