Arab Strap – I’m totally fine with it 👍 don’t give a fuck anymore 👍

Publié par le 10 mai 2024 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Rock Action, 10 mai 2024)

On se frotte les oreilles pour y croire. De mémoire (certes défaillante) d’amateur d’Arab Strap, jamais nous n’avions entendu les Écossais sonner si heavy que sur « Allatonceness ». Comme s’ils avaient décidé de tout envoyer valser. Il n’en est rien. C’est un peu frustrant (parce qu’il est bien bon ce morceau) mais compréhensible. Après une réussite aussi éclatante que celle d’As Days Get Dark (2021), retour inespéré après quinze ans de silence discographique, on peut aisément concevoir que les choses reprennent là où les Écossais les avaient laissées.

Si l’on fait donc fi de cette accroche étonnamment agressive, on retrouve un titre d’album totalement Arab Strap, I’m totally fine with it 👍 don’t give a fuck anymore 👍, une pochette dans la parfaite continuité de la précédente, l’écran d’ordinateur étant cette fois remplacé par celui d’un téléphone portable. Les thèmes de la (rupture de) communication, notamment suite à une certaine pandémie, sont présents en filigrane tout du long (ainsi que les bruitages de connexion internet ou téléphonie), Moffat est toujours en colère contre le monde et en guise de premier single, on nous a servi un « Bliss » très électronique et entraînant qui évoque celui de l’album précédent (en moins efficace que « The Turning of our Bones », il faut bien le dire). Et donne le ton de tout ce disque. Au-delà des habituelles boîtes à rythmes, les sonorités synthétiques sont ainsi très présentes, même quand rien ne le laissait présager (le final carrément techno de « Molehills », le riche et intéressant « Strawberry Moon » qui semble hésiter mais marie habilement l’abrasivité de la guitare, l’exubérance électronique, l’afrobeat et la subtilité du piano… Diantre !). Si le son de guitare de Malcolm Middleton n’est pas en reste et demeure unique, on est loin des envolées post rock de Philophobia. On n’atteint pas non plus sa beauté. Mais ces deux-là savent composer des morceaux, ce n’est pas une découverte. Les mots de Moffat ricochent toujours parfaitement sur les instrumentations de Middleton et en brouillant les pistes, en se confrontant aux machines, ils parviennent à un résultat souvent intrigant, parfois brillant, où l’émotion n’est pas reniée, même quand on flirte dangereusement avec la dance music (« Hide Your Fires », « Sociometer Blues » ou « Dreg Queen » remplissent ainsi parfaitement le contrat et rejoignent la belle liste citée précédemment).

Mais, il y a forcément un mais, le tableau n’est pas toujours si idyllique, l’anecdotique voire l’embarrassant (la lacrymale « Safe and Well » avec ses violons, « You’re Not There » et ses claviers dégoulinants) a l’idée saugrenue de côtoyer les morceaux de bravoure les plus flamboyants. On n’osera parler de verre à moitié vide (ce n’est pas à eux qu’on va apprendre à servir les pintes) mais, même léger, le goût d’inachevé a ceci d’agaçant qu’il sait se montrer tenace.

Jonathan Lopez

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