Castle Rat – Into the Realm

Publié par le 11 avril 2024 dans Chroniques, Notre sélection, Toutes les chroniques

(King Volume, 12 Avril 2024)

À première vue, le trait peut paraître forcé et la plupart des critiques vont certainement juger hâtivement l’œuvre à sa pochette. D’un point de vue esthétique, on peut se livrer à toutes les interprétations tout en ignorant le contenu. L’erreur est de magnifier le jour aux dépens de la nuit. Avec Castle Rat, on respire les vapeurs de soufre d’où crépitent les flambeaux de l’inquisition au travers de destins combinés qui n’ont jamais connu de fin, vestiges de légendes médiévales réanimées dans un décorum gothique. Représenté par la fascinante Riley Pinkerton, dont le pouvoir magnétique puise dans le chaudron d’un métal cryptique, le quatuor ne se livre pas à d’habituelles pitreries bruitistes.

Retour aux fondamentaux, il est donc inutile de faire les rapprochements qui s’imposent. Il suffit d’enclencher « Dagger Dragger » et de se laisser imprégner par cette saillie musicale froide et foudroyante, pour que s’élargisse cette brèche, torches éclairant la pâle nuit qui vient. Car il est question de défendre un royaume, un saut dans l’abîme où tous emportés dans une ivresse mystique, sont missionnés pour triompher de la mort, implacable ennemie qui s’acharne sur les pégreleux du royaume. Dans la brume mauvaise, de ces lieux damnés, seule l’épée tranchante vient séparer les ténèbres de la lumière.

Telle une myste portant un grimage et détentrice d’un message oraculaire opposée à l’infernalisation fomentée par la mort, c’est au travers de « Fresh Fur » que Riley se revêt d’une longévité démesurée dont la plupart des mortels se sentent dénués. Heavy caverneux, guitares rongeuses et rythmique grondeuse, la musique de Castle Rat est aussi ensorcelante qu’un parfum capiteux. Il existe plusieurs voies narratives, dont « Feed The Dream » prend un dérivatif, pesant et libéré à la fois. Dans « Red Sands », la voix est plus directe, naturelle et ancrée dans un doom hallucinatoire par ses guitares expansives dont les panoramiques sont placées de chaque côté. Vous avez là l’album le plus bizarroïde de l’année, lequel n’appartient pas au passé mais se situe dans un présent permanent. Et ce côté sticky ne vous lâchera pas d’un iota, surtout quand vous aurez écouté « Cry For me », joyau prouvant que Castle Rat est la gardienne de trésors enfouis. Une œuvre si accomplie mérite d’être réécoutée à l’infini.

Franck Irle

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