Sonic Youth – Dirty

Publié par le 2 octobre 2017 dans Chroniques, Incontournables, Notre sélection, Toutes les chroniques

(DGC, 1992)

Bon, il faut se rendre à l’évidence, on est vieux. Quand on écoute un disque comme ça, qui fleure bon les années 90, par un Sonic Youth qui explore les contrées d’un rock alternatif en plein succès commercial, produit par Butch Vig, et qu’on y voit à la fois quelque chose d’incroyablement cool et dans l’air du temps, une sorte de bande son indémodable de sa vie, ça doit être qu’on est vieux. Parce que quand même, 25 ans. Aujourd’hui, le rock alternatif, on n’en parle même plus, c’est devenu du rock indé. Et ce n’est plus vraiment en plein succès commercial. Et Butch Vig, ça va faire un moment qu’il n’a rien fait. De bien, du moins. Et Sonic Youth n’existe même plus, d’ailleurs. Bref, les disques cool de notre jeunesse sont devenus de vieux disques, voire des disques de vieux, et ça, ça fait mal. Ou du moins, ça donne un coup de vieux.

À l’époque, pour juger Dirty, il y avait deux écoles. D’abord, celle des puristes qui connaissaient déjà Sonic Youth depuis leurs années indépendantes et qui estimaient que ce disque n’était que trahison de tout ce que représentait le groupe. Vous imaginez, Sonic Youth, faire des morceaux accessibles !!! Ceux-là ont peut-être changé d’avis avec le temps, mais à la limite, on s’en fout : les plus récalcitrants doivent avoir un quadruple pontage vu le nombre d’infarctus qu’ont dû leur provoquer les disques du groupe depuis, de plus en plus pop. Et il y avait l’autre école, celle des petits jeunes qui découvraient à peine le groupe et qui trouvaient forcément que ce disque était une tuerie.

Car Dirty contient un bon lot de tubes indéniables. Une théorie, c’est que Butch Vig a rendu le son du groupe moins abrasif, comme il l’avait fait avec TAD en 91. Cependant, vu que Goo, le disque précédent, n’était pas non plus un modèle de carnage sonore, j’en déduis plutôt que Vig était un choix du groupe pour coller avec une volonté de faire des chansons plus pop, et pas l’inverse. Quoi qu’il en soit, les longues plages expérimentales ont quasiment disparu, et le bordel sonore se retrouve surtout sur la reprise “Nic Fit” et “Youth Against Fascism”, deux des morceaux que j’aime le moins. Ce dernier est un bon tube, mais un peu trop mou dans sa version studio. Pour le reste, c’est un presque sans faute : “100%” ou “Sugar Kane” sont des tubes ultimes, Kim Gordon est magistrale (“Drunken Butterfly”, “Swimsuit Issue”, “Shoot”, “On The Strip”) et Ranaldo n’est pas en reste avec un “Wish Fulfillment” super cool. Pour ma part, c’est le disque du groupe qui tient le mieux une écoute entière, et si je trouve toujours Kim Gordon incroyablement sexy, malgré son âge et ses disques expérimentaux inaudibles de ces dernières années, c’est principalement grâce à Dirty.

Alors, d’accord, c’est un disque de vieux. Fait par des vieux qui s’appellent Sonic YOUTH, en plus. Mais c’est un putain de disque, alors allez-y, les jeunes !

BCG

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