Witchfinder – Forgotten Mansion
L’écurie Mrs Red Sound continue de faire émerger une scène alternative heavy psych non négligeable, le cercle de ses formations s’est d’ailleurs élargi bien au-delà de territoires considérés comme familiers. Justement, le label a débusqué dans les contrées du massif central, Witchfinder, signataire d’un troisième album, dont le curseur atteint les sommets d’un doom sulfureux et résolument sombre.
Aux riffs broyeurs se succèdent des ralentissements caverneux nichés dans des murs de distorsions, s’imprimant immédiatement dans la tête. Witchfinder maîtrise les éléments, passant du glacial au brûlant, des contrastes hérités de groupes fondateurs du heavy metal. Le quatuor délivre sa vision, nourrissant son obsession pour l’hermétisme caché dans les épaisseurs de la nuit.
« Approaching » montre ses griffes, laissant échapper hors des fissures, des nébuleuses de sang, des expansions cosmiques implosant dans un magma de distorsions visqueuses et de synthés spatiaux. Dans un nuage de fumée (« Marijuana »), le chant de l’ingé-son Haldor Grunberg s’adresse intentionnellement à ceux qui veulent bien lire entre les lignes. Chacun des huit titres est placé au bon endroit et au bon moment, une haute pression – composante prédominante de l’album – qui ne peut que difficilement être contenue et réduite au schéma formel couplet/refrain.
Witchfinder est connecté à une autre dimension. Depuis 2016, le groupe explore les cavités cachées de lieux défigurés par le passage du temps. « Ghosts Happen To Fade » s’aventure plus profondément dans les brumes de soufre, entrelacements de structures massives, réalités parallèles, pour ce qui constitue probablement l’œuvre la plus fascinante conçue par le groupe à ce jour. La chaleur que le quatuor parvient à transmettre, brûle encore la rétine, hypnotisé par cette obscurité obsédante. Forgotten Mansion a toute la beauté fantomatique de la jeunesse éternelle, capable de se glisser dans la tête en de lugubres hallucinations.
Franck Irle