Will Butler – Policy (Merge)
Will Butler, multi instrumentiste talentueux (claviers, basse), membre du célèbre groupe canadien Arcade Fire, est le frère cadet de Win Butler : leader du groupe (ils se sont pas foulé les parents…).
En vacance dudit collectif, il s’offre ici une balade solitaire avec ces huit (pas lourd) chansons éparpillées sur l’album Policy. Will joue ici quasiment de tous les instruments, enregistré en une semaine dans le salon de Jimi Hendrix. S’il cherchait à retrouver la flamme, en s’imprégnant des lieux où a vécu le génial guitariste, on peut s’interroger vu le résultat livré ici. Pas déplaisant mais bon, pas de quoi se relever la nuit pour se le mettre au casque non plus.
En dehors du fidèle Jeremy Gara, batteur d’Arcade Fire, et de quelques potes aux backing vocals, Will s’est coltiné tout le reste, à l’instar de nombreux musiciens indies actuels. Disque aux influences nombreuses et variées qui donnent cette sensation de fourre-tout, sans unité de ton et de style.
En ouverture « Take My Side », aux sonorités garage, toutes guitares dehors, sur laquelle il s’égosille « Are U Gonna Be On My Side ? ». Visiblement en quête d’amis pour cette escapade, pas certain qu’il rallie un grand nombre de fidèles sur ce coup-là.
Virage à 180 degrés sur “Anna” (rien à voir avec la chanson des Pixies), curieux titre électro funk, sur lequel il semble bien s’amuser, en matraquant ses touches de claviers (piano, synthés), nous un peu moins.
Le son est brut, et énergique, les morceaux courts, déjà auteur de la BO du récent film Her de Spike Jonze avec l’immense Joaquin Phoenix, Will Butler a visiblement besoin de prendre une bonne bouffée d’air en dehors d’Arcade Fire.
Les meilleures réussites sont incontestablement « Son Of God » à la mélodie contagieuse, rythmique acoustique accrocheuse « Nothin’ Last Forever I’ve Been Told » – on ne t’a pas menti Will – et surtout « Somethin’ Comin’ », lourde ligne de basse qui occupe l’espace, accompagnée d’une bande de joyeux drilles au chant, entrecoupés de quelques notes de piano enjoué et effronté aux réminiscences lointaines d’un Aladdin Sane fatigué. S’ensuivent « What I Want », un rock bien troussé, dans le genre Breeders et une touchante ballade « Sing To Me », séquence émotion de l’album, aux sonorités quasi religieuses : voix-piano-orgue.
Le disque s’achève sur un titre résolument vintage, pop song très fraiche et sans prétention, comme ce disque finalement. Assemblage de chansons sans grand lien (sûr qu’on est très loin d’un concept album) qui ne marquera pas l’histoire. Juste la bande son d’une soirée entre potes, mais pas à la hauteur des plus belles réussites d’Arcade Fire (The Suburbs et Funeral).
Coup d’essai un peu foiré ou juste une déconnade entre amis, mystère. L’avenir nous dira si Will repart pour un tour avec son frangin et la clique d’Arcade Fire ou s’il se sent l’envie de poursuivre la voie en solo. Si c’est le cas, il faudra qu’il hausse sacrément le niveau.
El Padre