Versari – Reviens EP
Il y a deux ans, pendant le grand confinement, nous vous avions parlé de l’excellent album de Versari, Sous La Peau. Le trio parisien, composé de Laureline Prod’Homme (basse), Jean-Charles Versari (chant, guitare, synthés), et Cyril Bilbeaud (batterie, ex-Sloy, Zone Libre) proposait un rock en français, aux influences post-punk/new wave/noisy, à la fois mélancolique et tendu comme on l’aime. Le Covid est toujours là mais Versari Revienst. C’est le nom de cet EP de trois titres (un peu court, hélas, faut dire on est gourmand) qui contient le titre éponyme déjà entendu dans Sous La Peau. Riff anguleux, basse rampante, une batterie qui martèle un tempo prêt à exploser à tout moment. Toujours aussi efficace deux ans après.
Mais on trouve également et (surtout) deux covers. Et pas des moindres. L’exercice peut être délicat voire périlleux, et les groupes souvent tiraillés entre déférence prudente envers l’original et volonté de revisite marquante. Versari a choisi l’ambition comme programme. Et de s’attaquer à Alain Bashung et Joy Division. Rien que ça. D’abord par une relecture noisy et tendue du formidable « La nuit je mens ». Le timbre de voix de Jean-Charles Versari était parfait pour l’exercice, cela dit. Le trio insuffle une belle électricité à ce classique de la chanson française. La basse en avant, une batterie sourde, la tension est palpable dès l’intro. Quelques notes s’élèvent. Le refrain explose ensuite et on retrouve ces guitares incisives que l’on avait tant appréciées dans Sous La Peau. Un violon (avec Erica Nockalls à l’archet) apparait même sur le dernier refrain, pour rappeler (un peu) les cordes sublimes de l’original. Je ne connais évidemment pas toutes les reprises de ce titre, et la version ultime du dernier concert à l’Olympia de 2008 me met toujours les poils, mais cette relecture est une belle réussite.
On trouve ensuite une cover de « Atmosphere » de Joy Division. Le premier vinyle du groupe acheté par Jean-Charles Versari à l’âge de 15 ans. Le mythe n’a pas effrayé le trio parisien. Plutôt que de suivre l’itinéraire fléché par la basse ronde de Peter Hook au milieu des nappes de synthé, Versari choisit de dresser une rythmique ample de guitares frondeuses qui semble avancer, implacable comme une marée. Un violon (?) subtil distille quelques notes mélancoliques et une voix féminine vient épauler Jean-Charles Versari, jusqu’à éteindre le titre délicatement au son des guitares mourantes. Chaque fan de la bande à Ian Curtis se fera sa propre opinion sur cette reprise. Là, tout de suite, j’ai envie de marcher le long d’une plage venteuse, sous le crachin de Janvier, cette belle cover dans les oreilles. Pour prendre un bon bol d’air, l’esprit un brin mélancolique.
J’en suis à presque 500 mots pour ce très bon EP de 3 titres, aïe. On espère que le Covid nous laissera en paix cette fois-ci qu’on puisse aller (enfin) rencontrer sur scène Versari, les voir jouer Sous La Peau et… quelques covers réussies. On est gourmands.
Sonicdragao