Thee Oh Sees – A Weird Exits
On a l’impression que les Oh Sees font partie des meubles garage depuis des lustres mais finalement, malgré leurs 45 albums (bon ok, 12 en réalité), ça ne fait que huit ans que John Dwyer et ses copains ont commencé à défourailler à tout va. Un peu moins que les Sonics, vous en conviendrez.
Huit ans, et une petite renaissance depuis son hiatus/reformation express et maintenant que le groupe est armé de deux batteurs. Deux batteurs certes mais sur ce A Weird Exits, les Thee Oh Sees ne se complaisent pas pour autant dans un trop évident déluge de décibels, préférant alterner les ambiances (on va y revenir), remuer les méninges autant que les miches (“Plastic Plant” et ses excellents break groovy).
Le projet Damaged Bug a sans doute déteint quelque peu sur ce disque, qui prend par moments l’accent allemand. Influence kraut évidente notamment sur le barré et remarquable “Jammed Entrance” où l’on croit entendre R2D2 – le droïde, pas le dj – en featuring.
Que les excités se rassurent, Dwyer et ses copains savent toujours nous faire grimper aux rideaux en versant le supplément de kérosène qui va bien (“Gelatinous Cube” où le duo de batteurs s’en donne à coeur joie ainsi que les deux premiers morceaux très Oh Seesiens… et très bons au demeurant).
Mais comme pour mieux finir de nous prouver que le combo s’est – un peu – assagi, qu’il n’a pas la nécessité de nous vomir ses tripes pour être convaincant, le disque s’achève sur deux morceaux pour le moins inhabituels. “Crawl Out From The Fall Out”, déjà, lent et hypnotique ovni kraut-dub de 8 minutes où chacun se perdra avec bonheur. Le trip aurait pu prendre fin là-dessus mais c’eût été fort regrettable tant la ballade psyché “The Axis” boucle l’affaire joliment. Les claviers entêtants supplantent de fainéantes guitares tandis que Dwyer, au fin fond de la pièce, nous clame une sorte de “je t’aime moi non plus”… Quand il nous parle comme ça, nous on l’aime sans retenue.
Pour soigner ses stats, Thee Oh Sees avait sorti un album live au début de l’été. De quoi les maintenir dans leur (hallucinante) moyenne de plus d’un album par an. On en viendrait presque à regretter que le groupe n’ait pas attendu un peu plus pour nous offrir un aperçu du rendu de ces nouveaux morceaux live. Qu’importe, on pourra toujours le vérifier par nous-mêmes lors de son passage imminent en France…
JL
Les Thee Oh Sees se produiront le 6 septembre à l’Atabal (Biarritz), le 13 au Bikini (Toulouse), le 14 à LA CIGALE (Paris) et le 15 à l’Aeronef de Lille.
Superbe retour (pas trop longtemps différé, je vous l’accorde) de la bande à Dwyer avec cet excellent disque. Différent mais toujours très bon.