The Raconteurs – Help Us Stranger

Publié par le 28 juin 2019 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Third Man/PIAS, 21 Juin 2019)

Ça commençait à faire long. 11 ans très exactement depuis le dernier album des Raconteurs, supergroupe formé par Brendan Benson et Jack White aux compositions et guitares, la section rythmique des Greenhornes – Jack Laurence à la basse et l’excellent Patrice Keeler à la batterie -, ainsi que Dean Fertita (Queens Of The Stone Age, Dead Weather).

Derrière eux, deux albums de rock 60’s teintés de blues et de folk : Broken Boy Soldier enregistré en 2004 dans leur Detroit natal avant de poser leurs valises à Nahsville, terres du blues par excellence, pour Consolers Of The Lonely en 2008.

Depuis une tournée live en 2011, chacun était bien occupé. Brendan Benson a sorti deux albums (What Kind of World en 2012 et You Were Right en 2013), les Greenhornes ont publié un 4 titres avec leur idole Eric Burdon ; Jack Laurence, Dean Fertita et Jack White ont sorti un album peu convaincant des Dead Weathers. Fertita apparait aussi sur les 2 derniers albums des QOTSA (pas sûr que ce soit la meilleure des références en ce qui concerne le dernier…), quant à Jack White, en plus de gérer son label Third Man Records, il a sorti 3 albums solos. On ne se mouille donc pas trop en disant que nos petits gars sont loin de se la couler douce depuis quelques années, mais ils ont fini par trouver le temps de regagner le studio pour se consacrer à ce Help Us Stranger qui nous intéresse ici.

Après la sortie des 3 premiers singles (“Sunday Driver”, “Bored And Razed” et la magique “Help Me Stranger”), les Raconteurs ont lancé leur tournée mondiale et eu la bonne idée de s’arrêter à l’Olympia le 26 mai dernier .

Tous ceux présents ce soir-là peuvent le confirmer, les Raconteurs ont gardé leur redoutable efficacité et les nouveaux titres se marient à merveille avec les anciens sur scène (live à retrouver sur le podcast du 05 juin dernier de l’excellente émission “Very Good Trip” de Michka Assayas sur France inter).

Une fois l’adrénaline de ce concert redescendue, soit quelques semaines après tout de même, il ne reste plus qu’à attendre impatiemment de pouvoir poser le diamant sur le successeur de Consoler Of The Lonely.

Le retour de la formation de Nashville était certes attendu de pied ferme par ses aficionados, mais les dernières productions de Jack White, les médiocres Boarding House Reach et Dodge and Burn des Dead Weathers, n’étaient pas de nature à rassurer. Heureusement, les Raconteurs peuvent se targuer d’être un véritable groupe où chacun a sa place ; White sait rester dans l’ombre quand il le faut et Benson prendre le lead sur ses compos.

Tels Lennon et McCartney, Benson et White alternent leurs compositions en s’appuyant sur les chansons pop/ballades folks du premier et le blues rock teigneux de l’ancien White Stripes, à l’image de “Now That You’re Gone”, symbiose parfaite des deux univers où l’énergie électrique de White vient lacérer la mélodie soignée de Benson. Certainement l’une des meilleurs chansons de cet album. Une fois n’est pas coutume, ils se permettent ici une plaisante reprise,”Hey Gyp (Dig The Slowness)” de Donovan.

À l’écoute de l’album, on se rend compte que leurs voix fonctionnent toujours remarquablement ensemble. Les morceaux enregistrés pour la plupart en condition live procurent un sentiment d’urgence (“What’s Yours Is Mine”, “Live A Lie”) tout en alternant avec des passages plus calmes (la très belle “Only Child”, “Help Me Stranger”).

Comme ils le chantent sur la stonienne “Somedays”, « I’m here right now, I’m not dead yet », les Raconteurs prouvent que l’on peut toujours compter sur eux pour revenir aux bases du rock, tant mieux pour nos esgourdes.

Signalons tout de même “Don’t Bother Me” qui pourrait être une mauvaise B-side des Dead Weathers. Il ne manque qu’Allion Mosshart au chant. L’énergie est là mais le morceau peine à convaincre et fait tâche au sein d’un disque aussi solide.

A l’approche de la conclusion, on trépigne d’impatience à l’idée de tomber sur le successeur de “Blue Veins” ou “Carolina Drama”, les deux blues cultes qui bouclaient les opus précédents. Jack White nous offre alors “Thoughts And Prayers”, pur moment Zeppelinien qui clôt en douceur cet album.

Sans guerre d’ego, cet album confirme la complémentarité des songwriters Benson/White, tout en s’appuyant sur la rythmique efficace des Greenhornes et du multi-instrumentiste Dean Fertita.

Aucune véritable surprise mais on retrouve avec grand plaisir les Raconteurs que l’on aime, et qui font toujours mouche.

Alain Dutertre

1 commentaire

  1. A découvrir d urgence. Et comme le dit Jack White dans une itw ce mois ci “l idée de la mort du rock’n’roll est un truc de propagande ” !

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