The Men – New York City

Publié par le 2 février 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Fuzz Club, 3 février 2023)

The Men est typiquement un groupe dont on ne sait jamais quoi attendre. C’est aussi un groupe dont notre engouement pour les albums est en dents de scie depuis quasiment 10 ans (pour le moins Tomorrow’s Hits date de 2014) mais qui en a produit de si bons qu’on ne peut s’empêcher d’être intrigué chaque fois qu’il débarque avec un nouveau disque. D’autant plus que le dernier en date, son neuvième au compteur, est présenté comme un retour aux sources après des albums plus calmes, ou moins punk, c’est selon.

Alors, c’est sûr qu’après un disque synthétique et un autre aux accents country folk, ça fait du bien d’imaginer quelque chose de plus énergique et rentre dedans, mais puisque The Men ont toujours fait ce qu’ils voulaient et que même leurs albums « punk » contenaient aussi bien du shoegaze ou du noise que du psyché à la Spacemen 3, on ne saura pas plus ce qu’on va trouver ici tant qu’on n’aura pas écouté le disque (et c’est un peu pour ça que j’écris ce texte, donc trêve de tergiversations).

Dès la première minute de « Hard Livin’ », on a un petit indice. Batterie métronomique, riff linéaire avec des fills primaires et un clavier minimaliste pour une démonstration de rock brut. New York City, vraiment ? Ce ne serait pas plutôt Detroit ? Les deux premiers titres s’enchaînent sans temps mort, on dirait d’ailleurs qu’ils ne font qu’un, et cette tonalité Proto-punk infuse toute la face A, même la très rock’n’roll « God Bless The USA », la plus punk « Echo » ou la mid-tempo « The Eye ». C’est très bien fait, foutrement efficace, et dès lors très plaisant, de quoi partir du bon pied.

De quoi partir du bon pied, certes, mais ne manque-t-il pas quelque chose ? Je vous parlais d’un groupe qui était capable d’alterner des influences shoegaze, noise, psyché, folk, punk ou country, et je vous décris un album de proto-punk, certes très bien fait, mais très classique. Où est la diversité, dans tout ça ? Et bien, sur la face B, pardi. « Round The Corner » est très swampy, « Anyway I Found You » est une quasi ballade aux accents blues, et « River Flows » qui devient étonnamment accrocheuse est le morceau fleuve (sans jeu de mots) auquel le groupe nous avait habitués. Les quotas sont respectés. 

Or, c’est là que le bât blesse. Enfin, qu’il égratigne doucement et sans trop de douleur. La partie proto-punk est très bonne mais un peu linéaire, et la face plus éclectique ne brille pas par la qualité de ses compositions. Celles-ci sont loin d’être mauvaises, elles sont même de bonne facture, mais elles s’affadissent un peu en comparaison de ce qu’on pouvait trouver sur les premiers albums du groupe, ceux qui nous avaient émerveillés. 

Devons-nous pour autant sacrifier New York City sur l’autel du « c’était mieux avant » ? Absolument pas. Le principal en musique est de se faire plaisir, autant pour les musiciens que pour l’auditeur, et cet album ne manque pas d’en procurer, alors ce serait dommage de le bouder. Nous suivra-t-il aussi longtemps que ses illustres aînés ? Peut-être pas. Mais en attendant, on ne va pas se priver de l’écouter, d’autant plus qu’il ravive notre engouement pour le groupe qui, soit dit en passant, était un peu en dents de scie ces derniers temps. D’autant plus qu’on ne sait vraiment pas à quoi s’attendre pour le prochain ! 

Blackcondorguy

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