SheWolf – Parasite

Publié par le 7 juin 2021 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Tadam/Kaa Production, 11 juin 2021)

Certains groupes ne révolutionnent rien du tout musicalement, mais on s’en fout parce que ce n’est pas le propos. SheWolf est certainement un de ceux-là.

Les références de ce trio percheron sont parfaitement transparentes. On pense continuellement à Hole et Babes In Toyland, ce qui est forcément une bonne nouvelle, puisque les deux groupes sont séparés et ne risquent pas de se reformer de si tôt. En écoutant le disque, on rencontre aussi des choses qui rappellent Sleater-Kinney (sur le début de “Be Happy Be Productive”) ou Veruca Salt (“Catherine”)*, ainsi que plein de riffs à la L7 (Donita Sparks n’apprécierait sans doute pas qu’on compare tous ces groupes sur le seul prétexte qu’il y a des filles dedans, mais elle ne lira jamais cet article). Au final, c’est un plaisir pour un scribouillard fainéant tel que moi qui apprécie ces différents groupes, puisque cela me permet de placer plein de noms d’artistes, et aussi de constater que SheWolf nous ferait presque un mash-up de ce qui se faisait de mieux en rock féminin (voire en rock tout court) dans les années 90.

Alors certes, ça peut sembler réducteur de centrer ma critique sur le fait que Parasite m’évoque plein d’artistes passés, mais ne nous y trompons pas. Ce qui compte, c’est que le résultat est excellent, les compositions solides et l’exécution parfaite. La voix, notamment, sait varier les registres et les ambiances, passer du murmure aux cris sans jamais sonner faux. Ce n’est pas donné à tout le monde !

Ce que j’apprécie particulièrement avec ce disque, c’est qu’il assume complètement d’être grunge. On ne va pas y incorporer des éléments modernes, ou une production bordélique, pour lui donner une couleur qui trahirait cette influence. Oui, on jurerait être en 1993, mais c’est fait pour, et c’est très bien fait. Si on était au cœur d’une mode revival à outrance comme ça peut être le cas pour d’autres styles, j’aurais sans doute plus de mal à voir ça comme une qualité, mais les musiciennes de SheWolf rendent hommage et font vivre une musique qu’elles aiment, et ça fait plaisir à entendre.

Et au final, quand au milieu de ça, le groupe se permet une parenthèse un peu différente, intitulée à juste titre “Pause Féminin(e)”, elles dévoilent une autre part de leur musique qui non seulement fonctionne très bien comme interlude, mais démontre qu’au-delà de tous les fantômes qu’elle évoque, l’entité SheWolf a bien sa propre personnalité (au-delà de ses paroles, de ses réflexions sur la nature humaine et de son engagement idéologique).

Quoi qu’il en soit, si vous aimez les groupes cités tout au long de cette chronique, il y a fort à parier que vous adorerez ce disque de SheWolf. Musicalement, il ne révolutionne rien, mais ce n’est pas le propos. En revanche, il déboite, et donne sacrément envie de les voir sur scène.

Blackcondorguy

*Là encore, c’est chouette, puisque ces groupes aussi sont séparés ou ont vendu leur âme pour faire de la pop 80s horrible avec St. Vincent.

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