Shannon Wright – Division
Vous aimez Shannon Wright ? Oui, bien sûr, vous adorez son rock rugueux sur In Film Sound. A moins que ce soit plutôt la folk décharnée de Let In The Light qui vous sied davantage. Une chose est sûre, vous pouvez aimer Shannon Wright pour bien des raisons et par bien des aspects. Et bien cette fois, attendez-vous à encore autre chose.
Les guitares sont restées la plupart du temps bien au chaud dans leurs étuis et Shannon s’est enfermée dans un studio avec Katia Labèque, pianiste de renom mais d’obédience classique. On pouvait donc être curieux du résultat de la rencontre entre une artiste qui fait dans le perfectionnisme, la sophistication et une qui s’apparente davantage à une écorchée vive.
Et bien le résultat est tout bonnement sublime. On y retrouve une Shannon Wright transcendée par le procédé, totalement à fleur de peau, faisant preuve d’une grâce et d’une délicatesse extrêmement touchante.
Le premier single, “The Thirst”, dégage une puissance émotionnelle formidable, entre la sobriété du piano et l’écrasante rythmique sur le refrain qui vient donner une dimension épique aux paroles de Shannon.
On trouve également l’étrangement bancale “Accidental” où se côtoient sonorités 8bits et nappes de synthétiseurs. On se demande d’abord légitimement ce que c’est que ce binz avant que la voix de madame n’emporte tout, telle cette “hand grenade” qu’elle dit se trouver dans sa tête. L’explosion n’est donc pas loin. Pourtant elle ne viendra pas.
Le fil ténu n’est jamais rompu, que ce soit sur la superbe et totalement envoûtante “Iodine” ou l’intense “Wayward” qui nous renvoie à l’âge béni du trip hop bristolien.
Que ça vous plaise ou non sur le papier, vous ne pouvez qu’aimer Shannon Wright et son Division. Elle prouve encore une fois qu’elle est une artiste douée, éminemment singulière qui ne s’embarrasse guère de frontières… Et prend un malin plaisir à diviser l’épure d’un piano délicat avec l’exubérance électronique. Pour mieux régner.
JL