Sam Burton – Dear Departed
On a coutume de rapprocher le prédécesseur tutélaire d’une œuvre à l’artiste qui suit. On classe, on hiérarchise, on étiquette. Ce serait peut-être d’une monotonie à pleurer si l’on n’était pas doués d’un esprit critique. Entre nous, théoriciens de l’avant-dernière heure, nous voilà à défendre un produit déjà frelaté. La consommation va trop vite et puis on zappe et on passe à autre chose. Il ne s’agit pas de prendre pour critère le goût du plus grand nombre, on sait vers quelle facilité cela nous mène.
Tributaire de coïncidences, c’est dans la boutique Ground Zéro de Montpellier que m’a été révélée cette musique west coast, avec cette emphase rustique dont les arrangements et la production font indéniablement penser à Lee Hazlewood, Ron Elliott, à la signature de Capitol Studios de Los Angeles ou plus récemment à Father John Misty. Sauf qu’ici, Sam a déjà sa musique en tête, il entend ce qu’il voit et inversement. S’il y a un challenge à relever après un premier disque, le résultat est ici couronné d’une reconnaissance générale de la presse musicale.
Solitude en automne.
Sortir un tel disque en pleine période de relâchement généralisé, c’est audacieux et risqué. Mais avec ce deuxième album, Sam Burton parvient à captiver l’oreille avec des arrangements chatoyants dignes des grands maîtres des studios de Californie, pour atteindre le statut d’humble noblesse folk. Aux glissandos de lap-steel, aux envolées célestes de country planante, aux harmonies évasives dream pop, se substitue un véritable chavirement pour l’âme, une redescente lente vers des contrées moins austères. De ce substrat, Sam en a extrait la quintessence. Pardonnez ce vocabulaire enchanteur, mais celui-ci s’accompagne d’un sens du détail dès l’introductif « Pale Blue Night », condensant à lui seul l’infinité créative de Sam Burton. Dear Departed est le compagnon idéal pour renouer avec la solitude. Le lien quotidien avec la nature sauvage est informulé, mais présent dans chaque composition. Volontairement, je ne me livre pas à une description de chaque titre, l’album se savoure dans son intégralité comme une seule pièce unique.
Franck Irle