Rock En Seine @ St-Cloud (92), du 23 au 25/08/13

Publié par le 28 août 2013 dans Live reports

 

 

Rock-en-Seine-2013

Vendredi 23 août
On commence avec Savages. Un groupe précédé d’une belle réputation et revendiquant des influences comme Joy Division, Siouxsie and The Banshees, ça nous intriguait. Après nous être acclimatés à la voix surprenante de la chanteuse, on rentre dans le truc. Quelques très bons morceaux laissent augurer du meilleur. Malheureusement, le groupe peine à captiver sur la durée et on se surprend à regarder nos montres régulièrement. À revoir avec plus de bouteille.

Petite pause dans l’herbe tranquillou à proximité de la grande scène, le temps d’entendre deux-trois morceaux de Belle And Sebastian avant Tomahawk. Difficile de juger en si peu de temps. À priori pas de quoi se lever la nuit mais une pop raffinée proposant de chouettes mélodies.

Tomahawk, donc. J’ai modérément apprécié leur dernier album et préfère de toute façon Faith No More et Mr Bungle parmi les innombrables projets de Mike Patton. Mais tout de même, on n’a pas tous les jours l’occasion de voir un chanteur de cette dimension donc on y court.
Le bonhomme ne faillit pas à sa réputation d’artiste aussi génial que timbré. Alternant les passages rappés, hurlés, les voix de ténor ou d’outre-tombe, Mike nous joue sa partition habituelle. Une présence de tous les instants, des conneries de ci de là (“hey you with your dreadlocks! Fucking hippie !“), des têtes de fou. On sent qu’il s’éclate. Nous aussi.

Trevor Dunn (Mr. Bungle, Fantômas) assure bien à la basse et Duane Denison (Jesus Lizard) est resplendissant derrière sa six-cordes. Les titres déménagent pas mal (“Oddfellows”, “Rape This Day”) et les passages Pattoniens non identifiés (“Capt. Midnight”, “Baby Let’s Play”, “Flashback”) sont également de la partie. Un très bon moment.

Direction Johnny Marr ensuite. J’aurais bien aimé voir Tame Impala mais malheureusement c’est en même temps (programmateurs vous chiez, acte 1). Le guitariste mythique des Smiths nous fait un peu peur au début où il apparaît clairement en rodage (voix limite, titres moyens).

Il faudra attendre le superbe “The Messenger” issu de son dernier (et premier véritable) album solo nous convainc totalement. Et à partir de ce moment, on prend notre pied. Malgré ses airs de m’as-tu vu (“ouh regardez comment je prends la pose avec ma guitare en l’air“, “eh là admirez ma super grimace“) un rien agaçants, Johnny envoie la sauce et délivre ses accords cristallins dont il a le secret.

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La reprise d'”I Fought The Law”, très énergique, est également une vraie réussite. Le public est aux anges sur les morceaux des Smiths (“Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before”, la formidable “Bigmouth Strikes Again”, “How Soon is Now” et “There Is A Light That Never Goes Out” of couuurse). Bon c’est pas Morrissey au chant, ça s’entend mais les titres sont magnifiquement interprétés. Johnny a beau se la raconter, il peut se le permettre car il n’a rien perdu de sa superbe et nous gratifie de délicieux solis et de versions rallongées et quelque peu revisitées de ses tubes entendus mille fois. On laisse le mot de la fin au scottish en kilt devant nous “it was fuckin’ unbelievable“. Right, dude.

Révélation de l’année dernière, Alt-J était très attendu. Un peu trop sans doute. On aurait aimé que le groupe ait moins cartonné l’an passé et qu’il y ait deux fois moins de monde devant la scène de la cascade. Un peu trop petite pour eux. Résultat, on passe les trois quarts du concert à voir des gens défiler devant nous. Entre ceux qui se précipitent genre “j’adore celle-là” et les autres qui cherchent à s’extirper de la masse (ils s’attendaient ptet au concert de Motorhead ?), on entend davantage les “pardon“, “excusez-moi” et autres “aïe c’était mon pied” que le concert en lui-même… Agaçant. alt
Heureusement, grâce à un subtil repositionnement, on parviendra à profiter (enfin) des derniers morceaux et à se concentrer sur la musique. Le temps de savourer la géniale “Breezeblocks” et de finir sur l’excellente “Taro” qui nous fera regretter de ne pas en avoir “entendu” davantage. On a quand même eu l’impression que le groupe jouait un peu avec le frein à main, reproduisant assez fidèlement les morceaux de l’album. On aurait aimé qu’ils se lâchent un peu plus. Mais vu les conditions décrites plus haut, difficile d’émettre un véritable jugement.

Un groupe à voir en salle de toute façon.

Il est 20h45, l’heure de bouffer un petit truc (comprendre se faire entuber à sec par les tarifs exorbitants du festival) et d’aller jeter une oreille au live de Franz Ferdinand. Par curiosité plus qu’autre chose. Bon, rien de bien excitant. On écoute gentiment le concert en feuilletant “les 500 meilleurs albums de tous les temps” par Rolling Stone dans la bibliothèque rock. Plus que le concert de Franz Ferdinand, on retiendra que classer Pet Sounds des Beach Boys deuxième meilleur album de tous les temps c’est quand même pas très sérieux.

Harassés par cette lecture, on décide de plier les gaules parce que le peu que je connais et qu’on entend de Kendrick Lamar ne me dit rien qui vaille et Hanni El-Khatib et !!! (Chk Chk Chk) c’est dans plus d’une heure. Tant pis pour eux. C’est qu’on n’est plus tout jeunes. Et demain y a NIN.

(JL)

 

Samedi 24 août

Temps relativement merdique aujourd’hui. Normal on a eu une super belle journée hier et deux jours de beau temps d’affilée ce serait un peu too much en plein mois d’août.

Notre premier concert de la journée sera JC Satan. Très bonne surprise que ce groupe bordelais qui dégage une grosse énergie sur scène et délivre un garage rock des plus enthousiasmants. Le final sous forme de déluge achève de nous convaincre que cette bande de sauvages est à suivre de très près.

On passera rapidement devant La Femme, formation qui attise ma curiosité notamment parce qu’elle est signée sur l’excellent label Born Bad Records (Frustration, Cheveu, The Feeling Of Love…). Un son très eighties avec synthés omniprésents, look barrés et un côté festif indéniable. Pas vraiment mon délire néanmoins.

Après cette mise en jambes, place au concert de Black Rebel Motorcycle Club. Voilà un groupe pour qui j’ai toujours éprouvé de la sympathie mais qui ne m’a jamais donné envie de creuser davantage. Et ce n’est pas ce concert qui changera la donne. On passe un bon moment mais rien d’inoubliable non plus. Tout est bien interprété mais un peu trop propre pour susciter un véritable engouement. Ce concert nous aura néanmoins permis de constater qu’il vaut mieux prendre une Kro bien dégueu à 5,50 qu’une Guinness coupée à l’eau à 7 euros. On ne nous y prendra plus.

Le break nous permet de nous rapprocher des premiers rangs pour le gros morceau de la soirée : le retour de Nine Inch Nails. En ce qui me concerne, il s’agissait clairement de l’argument numéro 1 de l’affiche de ce Rock En Seine 2013. Et je n’ai pas été déçu.

Le concert commence bruyamment avec « Somewhat Damaged » comme au Zénith en 2009. La setlist fait la part belle aux classiques au détriment des nouveaux titres. Ce n’est pas pour nous déplaire même si on était curieux d’entendre de la nouveauté. « March Of The Pigs » est comme toujours dévastatrice, « Terrible Lie » magistrale et on a même droit à « Closer », ce qui est ma première en quatre concerts de NIN. Un moment des plus jouissifs, renforcé par le light show impressionnant.

Le son est puissant et précis, ce qui n’est guère surprenant connaissant le perfectionnisme du père Trent. On regrettera juste par moments le son de sa voix un peu faiblard. Ce dernier apparaît en très grande forme, dégage toujours un charisme et une classe sans nom. Et, surprise, il est même très content d’être là (« ce festival semble très civilisé par rapport à ce à quoi nous sommes habitués », nous glisse-t-il !), lui qui n’avait visiblement guère apprécié les festivals précédents où il avait joué. Il faut dire que le public est très réceptif, ça bouge bien, l’ambiance est excellente et vu la façon dont les morceaux sont repris (et le nombre de t-shirts NIN), beaucoup de fans sont présents au rendez-vous.

Concernant le nouveau line-up, on observe que le nouveau bassiste n’a pas encore tout à fait trouvé ses marques. Il se contente pour le moment de faire le taf sans fioritures (ni coups d’éclat). Robin Finck est lui toujours aussi balèze avec sa gratte que surprenant au niveau capillaire. Et que dire d’Ilan Rubin ? Tout juste âgé de 25 ans, ce gamin est un tueur doté d’un sens du rythme hallucinant associé à une technique irréprochable. Il a éclaboussé le concert de son talent.

Après un « Gave Up » un rien décevant (habituellement la claque est de mise), Trent nous fait son habituel break ambiant avec notamment le nouveau morceau « Find My Way ». Envoûtant. Ce sera le seul titre inédit joué ce soir. Durant « Help Me I Am In Hell » (suivi de la trippante « Me, I’m Not »), le jeune Rubin joue du violoncelle histoire de nous montrer qu’il n’est pas à l’aise que derrière les fûts. C’est qu’il se la joue le salopiot.

nin2Suite à cette pause salvatrice pour nos jambes, « Wish » revient secouer le cocotier. Ce morceau est toujours aussi ahurissant en live, il aurait mérité à lui seul le déplacement. En revanche, « Only » et « The Hand That Feeds » me paraissent un brin lourdingues. Heureusement, l’efficace « Head Like A Hole » viendra remettre les pendules à l’heure.

Et pour finir en beauté, le groupe conclut par la merveilleuse « Hurt ». L’émotion est toujours là, Trent la chante comme si c’était la première fois. On en chialerait.

On chialerait aussi en constatant que c’est déjà fini. 1h15 c’est trop court pour un groupe comme NIN. Et les programmer avant Phoenix c’est juste scandaleux (programmateurs vous chiez, acte 2). Enfin, c’était quand même un immense plaisir de revoir Trent et sa nouvelle bande sur scène. On n’a qu’une hâte désormais, les revoir en salles.

De ce qu’on a entendu du set de Vitalic, ça avait l’air de sacrément déménager. Dommage on n’avait plus vraiment les jambes/la motivation mais ceux qui y étaient ont dû bien s’amuser. On n’est pas allé voir Phoenix parce qu’on s’en fout.

(JL)
Dimanche 25 août

Le temps s’est dégradé pour de bon et on troque les ray-ban contre des parapluies. La pluie a cessé mais a rendu le terrain impraticable.

On arrive pile poil pour Eels, un groupe de 5 barbus à lunettes sponsorisés par Adidas balançant quelques accords Rock’N’Roll couillus entre lesquels se glisseront des solos pas piqués des vers. En milieu de set, les joyeux lurons dragueront les minettes en jouant quelques morceaux lascifs avec des accords mineurs pour paralyser les cervelets (“That Look You Give That Guy”)… Malin.

Le chanteur (Mark Everett Smith dit E) assure le show en balançant des conneries régulièrement. Affectif, il lancera des “Gimme a hug” à chacun de ses collègues et se calineront comme des bisounours. Chacun aura même droit à son morceau dédié. Pour E, ce sera “Let It Be” transformé pour l’occasion en “Let It E”. Bien vu.

Le dernier (excellent) album Wonderful, Glorious est plutôt bien représenté avec 4 morceaux dont la très cool “Kinda Fuzzy” et la bien péchue “Peach Blossom” (hoho). Le concert s’achèvera sur un mash-up entre “My Beloved Monster” et “Mr E’s Beautiful Blues” qui vaudra son pesant de cacahuètes et conclura en beauté cette superbe prestation. De quoi donner envie de se (re)plonger dans la copieuse discographie du bonhomme.

 

À la fin de cet excellent show, on fonce s’abreuver au stand Kro, notre nouveau QG. Seul inconvénient par rapport à la Guiness, après deux pintes, on pisse comme des chameaux. Même mimie, la seule fille du groupe pissera moins que nous, c’est dire…

On assistera à la fin du concert de Parquet Courts, un groupe qui ne s’embarrasse pas de fioritures et délivre un rock sanguin gerbant distorsions et larsens dans nos oreilles. Du punk bien crade comme on l’aime.

Tout l’inverse de Skip The Use en fait dont on verra la fin et qui eux font plutôt dans le rock gentillet bien commercial. Dans un grand élan d’originalité, ils reprendront (massacreront) même “Smells Like Teen Spirit”. Des fous quoi…

Bon l’affiche de ce soir est arménienne… Non pas Aznavour… System Of A Down. Seul hic, Tricky passait en même temps. Et à moins d’avoir le don d’ubiquité, il fallait choisir (programmateurs vous chiez, acte 3). System ou Tricky ? Pas le temps d’hésiter, l’heure tourne.

Mon esprit tendait vers Tricky mais mon corps épileptique se dirigea vers la grande scène pour Serj Tankian et ses joyeux nervis.soas

En guise d’amuse-bouche, nous avons le droit aux arpèges orientalisés de Daron : “Aerials”. Puis l’intro vicieuse de “Suite-Pee” qui laisse place aux accords gras de “Prison Song”. Ah notre adolescence décérébrée par la société de de consommation sauvée au dernier moment en plein bug de l’an 2000, par le slogan répétitif et orwellien asséné par un Serj anti-système “they try to build a prison for you and me to live in.” Car le bug de l’an 2000 a eu lieu, sûr. Télé-réalité, porno normalisé, jeux télévisés anesthésiants, etc. CQFD.

Shavo, le bassiste a l’air de sortir tout droit d’un spectacle de Freaks avec ses yeux globuleux scrutant la foule… Foutu démon. Diablement bon à la basse d’ailleurs, il faut le rappeler. Il fera onduler la foule à coups de headbangings.

soad2Une pluie très fine hydrate nos corps souillés. On tombe sous le charme comme des serpents sur l’hypnotique “Deer Dance”, on danse joyeusement sur “Radio/Video”. Daron Malakian nous offrira un cours d’anglais accéléré : “put the tapeworm out of your ass“… C’est déjà fait Daron. Et bam “Needles” ! Trop bon !

Daron s’amusera à reprendre l’intro d'”I Feel Love” de Donna Summer pour ensuite jouer les premiers accords de “Chop Suey”. Les bras sont levés, le public reprend en choeur les paroles de Serj. Les années ont passé mais personne n’a oublié ce fabuleux morceau. Tout cela se terminera par “Toxicity” et un “Sugar” jubilatoire saveur loukoum.

On fonce grignoter la fin du concert de Tricky. On tombera sur le dernier morceau qu’il s’appliquera à ne pas terminer trop vite (pus d’un quart d’heure), le tout dans une ambiance trippante. Le vieux sorcier trip hop a encore plus d’un tour dans son sac à malices, en témoigne son très bon dernier opus False Idols.

On en ressortira plein le crâne, rejoignant la sortie les pieds dans la boue.

(CB & JL)

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