Rickshaw Billie’s Burger Patrol – Big Dumb Riffs

Publié par le 24 mars 2024 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Permanent Teeth, 22 mars 2024)

Gros riffs stupides ? Le trait peut paraître forcé et l’aveu surprenant. Dès le départ on est prévenu, le groupe assume sa musique telle qu’elle a été conçue. Comment retisser les liens très abîmés d’un monde multipolaire ? Par l’authenticité la plus évidente et par l’auto-dérision. Justement, le trio américain remet le couvert après nous avoir servi en 2023 un Doom-Wop déconcertant, où virtuosité ne se complaisait jamais avec les boursouflures d’une musique trop élitiste. Que nenni, Leo Lydon, Aaron Metzdorf, Sean St. Germain jouent les gros bras avec onze titres agressifs, mais dont le groove rebondit en l’espace de titres resserrés oscillant entre 48 secondes et 3 minutes 38 au maximum. Le but de ce cinquième album n’est pas de se prendre au sérieux, l’intention était même la suivante selon leurs dires : « Et si nous réduisions la tension des cordes à un niveau presque inutilisable ? Et si nous écrivions un disque qui fera dire à tout le monde : ”wow c’est stupide” ». Y’a du Dinosaur Jr., du Primus et un tas de références, mais Rickshaw Billie’s Burger Patrol va plus loin, et se moque des critiques de la presse musicale qui pourraient lui reprocher d’avoir pour seule volonté d’amuser la galerie. Avec des titres comme « Bâtonnets au beurre de cacahuète » (« Peanut Butter Snack Sticks ») ou le dernier morceau « Dans un bocal » (« In a Jar »), le trio renoue avec les délires des groupes de fusion 90’s. Il suffit de se remettre Burger Babes… From Outer Space (2000) pour s’en convaincre. Cet album qui aurait largement pu servir de bande son au film Spun (avec Mickey Rourke) ou Smiley Face de Gregg Araki. Toutes les formules descriptives redondantes sont donc inutiles. Le seul focus ici est de déboulonner les vis rouillées, les machines grippées et autres moteurs encrassés.

OK les détracteurs de tout poils n’hésiteront pas à s’offusquer qu’en ces temps de morosité, un tel disque n’ait pas sa place et que seul le post-punk puisse incarner cette période moribonde et exprimer le malaise ambiant, l’environnement général étant effectivement propice pour jouer à la roulette russe. Le trio, sans jamais se vautrer dans la vulgarité, préfère glisser sur une surface collante, pour le fun, pour le gras. Sortez vos skates et vos pétarades, et mettez en fond sonore Big Dumb Riffs, histoire de vous défouler.

Franck Irle

Commencez donc par écouter « Body Bag » et reniflez les parfums grassouillets qui s’en dégagent.

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