Rathilde – I Will Come Back to Haunt You Because I Love You
Mathilde Payen est une illustratrice et auteure de bande-dessinée dont l’univers navigue entre l’enfance et la post-adolescence en se nourrissant de pop culture, de films de zombies et d’engagement militant et artistique (comme la volonté de faire de la gravure populaire avec des briques de lait, par exemple), entre autres choses. Son style est faussement naïf mais cache une forme de mélancolie, en témoigne son excellente première BD La Fête est finie sortie aux éditions Sarbacane en 2022. Au cas où vous auriez des doutes, il ne s’agit pas d’une chronique BD, et ce n’est donc pas cet aspect de l’artiste dont je vais vous parler aujourd’hui.
Car Mathilde a appris la guitare depuis quelque temps et a enfin pris suffisamment de confiance pour enregistrer les morceaux qu’elle bricole avec l’aide de son comparse Shyle Zalewski (a.k.a. Edam Edam) et les proposer au reste du monde sous le pseudonyme de Rathilde. I Will Come Back to Haunt You Because I Love You est donc une première collection de chansons, un album pourrait-on dire, mis en ligne uniquement pour le plaisir et qui ne devrait pas connaitre de sortie physique ou commerciale. De l’art pur et dur libéré de toute contrainte commerciale.
Edam Edam n’est pas cité par hasard, et si Shyle Zalewski se contente d’agrémenter les compositions avec divers instruments inattendus type xylophone, percussions ou melodica, on ressent son influence infuser dans l’ensemble des chansons. Non qu’il doive forcément y avoir un homme (encore qu’il se définisse comme gender free) derrière une artiste, je suis d’ailleurs persuadé que les compositions sont toutes signées de Mathilde, mais puisque celle-ci a de son propre aveu appris la guitare avec les chansons de son comparse, il n’est pas étonnant d’en ressentir la trace dans ce qu’elle compose.
De même, les thèmes abordés font que les chansons (« Highschool Tears », « Summer Crush », « Spaghetti Song ») ressemblent au mélange de trivialité quotidienne et de souvenirs d’adolescence sur fond de folk sucrée nourrie à Eels et aux Moldy Peaches qu’on retrouve dans l’univers d’Edam Edam. Pourquoi alors, écouter Rathilde plutôt que le dernier (ou un précédent) Edam Edam, me direz-vous ? Et bien précisément parce que ce n’est pas Shyle qui œuvre ici mais Mathilde, et que c’est sa personnalité, ainsi que sa voix, qui font toute la différence. Comme deux auteurs qui traiteraient le même sujet, le même thème, voire la même histoire avec chacun leur style propre.
Si vous connaissez et aimez déjà Edam Edam, je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille à l’album de Rathilde, qui propose une sorte de variation fraiche et réconfortante autour de son univers. Si vous ne connaissez pas Edam Edam, je vous conseille tout de même d’écouter les chansons de Rathilde qui à mon avis ont également assez de personnalité pour avoir de l’intérêt à elles seules. Si vous n’aimez pas la pop folk DIY un peu bancale mais 100% sincère et touchante, alors passez votre chemin, en revanche, et je ne pourrai rien faire pour vous !
Blackcondorguy