The Pogues in Paris (Polydor)

Publié par le 19 novembre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

THE POGUES in Paris - 30th anniversary concert at the Olympia

Une fois n’est pas coutume, nous avons décidé pour cette chronique d’allier nos forces. Non vous ne rêvez pas les deux brillants rédacteurs (et modestes avec ça) JL et JR ensemble sur une même chronique, j’en vois déjà qui se frottent les mains !

Deux CD, deux DVD, une tripotée de bonus, un chouette livret, un beau coffret pour immortaliser le double concert des Pogues à l’Olympia les 11 et 12 septembre dernier. Un concert pour fêter les 30 ans de carrière du légendaire groupe londonien, le plus irlandais des anglais, le plus punk des groupes celtes.

Entre fête de village, chaleur des pubs et ambiance de stade, voilà les deux soirées que nous ont offert généreusement les Pogues. Nous avons vécu l’une d’entre elles. Celle du 11 septembre qui fut mémorable. Raison de plus pour que nous soyons tout jouasses à l’idée de revivre ce concert. Nous nous permettrons donc d’ajouter souvenirs et anecdotes persos de cette soirée en sus du contenu pur et simple du DVD.

À évènement exceptionnel, préparation exceptionnelle. Après un apéro qui trainera sur plusieurs heures chez l’ami JL, une dernière pinte dans un bar proche de la salle, et nous voilà ready, enfin façon de parler. L’Olympia et sa délicate générosité saura nous mettre à l’aise et définitivement en condition, mais ça on le garde pour nous.

On entre et aucun vigile pour nous barrer la route devant les portes qui séparent le hall de la salle. Celle-ci est déjà quasiment remplie, on se faufile pour se rapprocher un peu de la scène. Conscients que notre état ne nous permettra pas d’atteindre les premiers rangs, on la joue modeste, sachant pertinemment que la musique va bientôt occuper pleinement nos corps et nos esprits.

On trinque une énième fois au moment où Shane débarque en costard, l’air débraillé, lunettes noires, clope au bec et binouze à la main. LE style ! Après un « Bonsoir”, il bredouille quelque chose d’incompréhensible avant que les premières notes de « Streams of Whiskey » retentissent.

On partage le champagne avec une charmante demoiselle à côté de nous, en partie pour nous excuser de nous vautrer sans arrêt et de bousculer un peu tout le monde. Elle le prend plutôt bien. Pas impossible que la bouteille ait fini par faire le tour de la salle. On voit qu’on est tous les deux dans le même état et on se marre.

On se croirait vraiment dans un pub avec de la bonne musique (pas un pub français donc). On danse, on chante, on picole et on fume nos clopes sans qu’aucun service d’ordre ne vienne nous importuner. Ce soir, la liberté et le champagne n’ont pas de prix, alors on en profite.

Ce DVD illustre bien la bonne humeur qui régnait dans cette salle mythique, dotée d’une des meilleures acoustiques de France, et rien à dire le son est nickel. L’image et la réalisation sont aussi aux petits oignons, c’est à souligner.

On ne vous fera pas croire que Shane chante avec une élocution parfaite (on ne comprend même rien à ce qu’il raconte entre les morceaux) mais il assure grave avec sa voix rocailleuse d’ivrogne et ponctue souvent ses couplets de « Yiiiihaaaa » de cowboy du plus bel effet. Banjo, mandoline, accordéon, tous les instruments traditionnels sont au rendez-vous.

Le groupe alterne ballades folk irish magnifiques (« The Broad Majestic Shannon », « A Pair of Brown Eyes ») et gros délire festif qui met bien le oaï (« Streams of Whiskey »). Dans le public, c’est un joyeux bordel. On sent comme une libération de voir enfin ce groupe sur scène (vingt ans qu’ils n’étaient pas venus en France). Ça chante en chœur sur les refrains, ça danse et saute partout, visiblement on n’est pas les seuls a être un peu salement amochés. Shane fume clope sur clope, quasiment une par morceau, et alterne entre verre d’alcool et d’eau pour s’hydrater un gosier demandeur.

Sur « Tuesday Morning », Spider Stacy prend sa place au chant. L’euphorie retombe un peu même si le morceau est très bon avec un Stacy aux faux-airs de Joe Strummer.

Peu de temps après, Shane est tout heureux de ramasser un soutif et adresse un gros poutou à la fille peu farouche qui lui en a fait l’offrande.

Vient alors l’hymne absolu des Pogues : « Dirty Old Town ». Les poils s’hérissent dès les premières notes d’harmonica. Le public est au septième ciel et reprendra entièrement les paroles du morceau en chœur. Du bonheur en barre.

« Bottle of Smoke » donne bien la pêche aussi et on s’imagine dans un pub irlandais avec quelques verres dans le gosier.

Le groupe égrène ses classiques pour notre plus grand bonheur. Il quitte la scène après la très remuante « The Sickbed of Cuchulainn » et revient pour une « Sally MacLennane » non moins entraînante. Tout ça nous donne une folle envie d’aller gambader dans les vertes contrées irlandaises.

Le batteur va se mettre au chant sur « Star of the County Down » après nous avoir lâché quelques mots dans un très bon français.
On arrive sur la fin et on a droit à la merveilleuse « Fairytale of New York ». Ella Finer (fille de Jem Finer au banjo) vient rejoindre Shane sur scène. Ils interprètent une superbe version du morceau qui nous donnerait presque envie de chialer ! Le duo est empreint d’émotion et les deux protagonistes se lancent bon nombre de regards complices avant d’entamer un slow final sous les confettis en guise de flocons de neige. Magique. Noël avant l’heure.

Et bien sûr pour finir en fanfare, quoi de mieux que « Fiesta » ?! La section de cuivres se déchaîne, entame une danse endiablée, Spider se tape la tête sur son plateau à bières. Éclairages tout feu, tout flammes, ambiance carnaval, gros délire poguesien (qui a dit craignos ? OK, un peu).

Tonnerre d’applaudissements pour raccompagner les héros d’un soir. Une guitare est fracassée en guise d’adieu, on ne se refait pas. Le public est comblé, savourant ce final en forme d’apothéose pour une grande fête comme on en vit trop rarement.

Pour ceux qui en doutaient, Shane l’édenté immortel a encore de l’énergie à revendre, merci pour lui. Pogues forever !

JL & JR

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