PLAYLIST – The Rolling Stones, l’anti best of

Publié par le 27 janvier 2021 dans Anti best of, Playlists

Tout a été écrit sur les Stones mais, il faut l’avouer, on célèbre toujours un peu les mêmes parties de leur discographie. Celle-ci recèle pourtant de pépites peu citées, un peu négligées. Bien sûr, les puristes et les fans les connaissent et un vrai challenge pour eux serait un “anti best of” à puiser dans la période post-Tattoo You… Je ne m’y risquerai pas. Voici ma bonne action de début d’année : remettre à la lumière quelques-uns de ces morceaux méconnus ne déméritant pas, loin de là !

1. « Slave » (Tattoo You, 1981) : il m’est souvent arrivé d’essayer de me souvenir de l’intro légendaire de « Can’t You Hear Me Knocking » (Sticky Fingers, 1971) et de tomber mentalement celle de « Slave ». C’est un des meilleurs mid-tempos du groupe à l’époque où le grand barnum va commencer, comprenez le gigantisme des stades, et ce rythme s’y prête très bien. Les Stones joueront d’ailleurs « Slave » lors de leur tournée de 1981-1982.

2. « Don’t Know Why I Love You » (Metamorphosis, 1975) : sortie sur la compilation Metamorphosis, cette reprise de Stevie Wonder a été enregistrée le 3 juillet 1969, c’est-à-dire la nuit de la mort de Brian Jones, c’est donc Mick Taylor que l’on entend ici. Mick Jagger est au bord du gouffre, il miaule, il ne sait pas pourquoi il l’aime tant alors que cette garce le traite comme un moins que rien. Dans la vraie vie, on n’y croit pas, Mick, mais là, cela donne un sommet du genre !

3. « Jiving Sister Fanny » (Metamorphosis, 1975) : enregistré pendant les sessions de « Let It Bleed », on a ici une intro on ne peut plus Richardsienne et Wattsiennes et l’un des premiers « killer solos » de Mick Taylor. Bill Wyman a bossé et il le montre, lui à qui on prête généralement de l’attention uniquement quand son ampli est débranché. Cette Fanny a le « cerveau d’un dinosaure » et le pack stonien fait face avec bravoure à l’incontrôlable créature.

4. « Hand Of Fate » (Black And Blue, 1976) : Mick a buté l’ex de sa copine et se retrouve au 20 heures. L’album dont ce morceau est extrait, on le sait, a été celui d’une transition entre Mick Taylor et Ronnie Wood, une sorte de casting en conditions réelles. Sur ce morceau, c’est Keith qui joue de tout ce qui a 6 cordes. Si j’en crois les live de cette deuxième moitié des 70’s, qu’ils soient officiels (Love You Live) ou pas (Live In Texas, officialisé des siècles plus tard), « Hand Of Fate » ne figurait pas dans les setlists de l’époque ; il s’y prêterait tellement bien…

5. « Stray Cat Blues » (Beggars Banquet, 1968) : je sais… je sais ! Oui, il est connu et n’a pas sa place dans un anti-« best of » mais il est tout simplement le meilleur morceau des Stones (et donc du monde) avec « Gimme Shelter ». Point. Il devrait figurer dans toute chronique à rang égal avec des « Jumpin Jack Flash » ou « Sympathy », tellement souvent cités, eux. Déjà, l’intro avec ce riff obsessionnel… On est direct dans le caniveau et on y avance à pas feutrés… Puis, quelle tension dans cette histoire glauque de fille trop jeune mais qui sait se défendre à coups de griffes, quelle tension musicale sur la fin, après le bridge, avec le retour crescendo du piano semblant enregistré au fond d’une caverne, l’assaut de Keith à la guitare-hâche, le riff aigu qui glace le sang… Puis, qu’est-ce que c’est bruyant… Allez, on se le remet !

6. « We Love You » / « Dandelion » (45 tours, 1967) : allez, un doublé gagnant auquel il est assez rarement fait référence, les faces A et B d’un 45 tours sorti en 1967, année compliquée pour les Stones avec un album psychédélique, exercice dans lequel on ne les sent pas très à l’aise (hormis Brian Jones qui s’éclate ici au Mellotron). En 67, nos amis auront aussi un peu chaud aux miches du côté judiciaire et, on connaît l’histoire, la face A est un grand merci adressé aux fans les ayant soutenus pendant leurs difficultés et un merci aussi à la concurrence, les Fab Four, John et Paul, venus ici faire les chœurs ! Le morceau est à écouter fort, Charlie maltraite ses toms et sa cymbale crashe sur la moitié du morceau, on sent Mick énervé de tout ça. Allez, 1968 sera un meilleur cru !

7. « Not Fade Away » (Got Live If You Want It, 1966) : un témoignage de la période dingue des toutes premières tournées, en l’occurrence en Grande-Bretagne à l’automne 1966. En particulier, écoutez (a) le riff d’intro de Keith, c’est de la boucherie et il s’y reprend à deux fois en plus, il devait rester un tendon, et (b) la vitesse à laquelle le morceau démarre, il y a même une accélération après la première mesure. Alors, oui, cet enregistrement a été bidouillé, complété par de nombreux overdubs mais la rage, elle, n’a pas été fabriquée. À écouter aussi pour « The Last Time », « Under My Thumb »…

8. « Crazy Mama » (Black and Blue, 1976) : impossible de choisir entre « Hand Of Fate » et celui-ci… Les deux sont hors des radars pour une bonne partie du public mais mine de rien, au détour d’un album à l’accueil mitigé, ils aideront les Stones à traverser cette nouvelle période de doute sans trop d’encombre et à garder une « fanbase » solide et qui ne demandera qu’à se démultiplier d’ici les années 80. D’ailleurs, ce « Crazy Mama » se situe parfaitement entre Exile On Main Street (1972) et Tattoo You (1981).

9. « I’m Going Down » (Metamorphosis, 1975) : le « best » de cet anti-best of, absolument jamais retenu dans les papiers sur les Stones ou dans les compilations. Enregistré dans leur âge d’or de fin 1969 (et donc, sorti uniquement en 1975), c’est un conte de fée à l’envers, sombre, agressif et cynique (« Shoot your mother-in-law, I think I saw her goin’ down to Paraiso Mexico… »). On y découvre un Mick Taylor plutôt bon bassiste, surtout dans les montagnes russes de la fin du morceau. Dès l’intro, on reconnait la patte de Charlie Watts, d’une précision diabolique et d’une retenue qui ne fait qu’exciter notre curiosité. Puis, à 1:01, des congas entrent dans la partie, avec un effet dynamique réellement puissant, ces quelques petites secondes font définitivement rentrer ce morceau dans mon top 10 absolu des Stones. Notre ami Bobby Keys est déjà au sax et crache du feu. Du vrai, du pur Stones, à écouter d’urgence si vous ne l’avez jamais croisé !

10. « In Another Land » (Their Satanic Majestic Request, 1967) : les Stones et le psychédélisme, cela aura été une blague, en tout cas dans ce caricatural album (Between The Buttons sera plus discret dans le genre mais plus sincère aussi). « In Another Land » rappelle un peu « She’s Like A Rainbow ». Ça sent bon le Swinging London. Les Stones y avouent entre les lignes que ce psychédélisme est une “joke” et qu’ils restent ce bon vieux groupe de rock and roll qui n’est jamais aussi bon que quand il ne se mêle pas des modes ou de politique (le facile « flags are flying dollar bills » sur « Citadel », même album). À noter que le titre est chanté par Bill Wyman (eh oui !), Mick est là pour le refrain et les chœurs. Brian Jones est dans son élément avec cette très jolie petite ligne de Mellotron. Bon, tant qu’à faire, refaites-vous l’album, il y a du bon par-ci par-là…

Manu

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