Patti Smith – Horses (Arista)

Publié par le 13 octobre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

patti-smith-horses-lpAprès l’album de reprises Twelve sorti en 2007, dont celle, sublime de “Smells Like Teen spirit”, le vrai nouvel album de la poétesse du rock, Patti Smith, excellent Banga, est sorti cette année. Celui-ci a réveillé chez les vieux aficionados, dont je fais partie, la passion Patti. Sa biographie Just Kids publié en 2011 m’avait déjà titillé. Ce bouquin permet d’éclairer son parcours de muse du rock pas si simple, et de balayer certaines fausses images. Patti a galéré durant des années, pas de thunes, hébergements précaires, petits jobs, repas grappillés, voyages initiatiques à Paris et Charleville Mézières sur la piste “d’Arthur Rainbow”. Poétesse (férue de poésie française, Baudelaire, et surtout Rimbaud), le rock pour elle, est purement accidentel et non désiré. Hasard des rencontres à New-York, dans le domaine des arts (peinture, théatre, musique), les musiciens du Velvet, Burroughs, Jimi, Janis, Sam Sheppard et Robert Mappelthorpe (photographe), son premier amour, qui contribuera à développer chez Patti son élévation artistique. Patti est l’héritière d’Andy Warhol, de Kerouac, William S. Burroughs et Ginsberg, entre autres et saura transformer cet héritage et le transfigurer en un langage universel, héritier des sixties et annonciateur du punk.

Tout ceci (et bien d’autres choses) sont racontées dans Just Kids, juste un bouquin renversant. Mais je n’interviens pas sur ce blog pour chroniquer un bouquin (quoique, pourquoi pas après tout), mais un disque. Ce disque c’est Horses, publié il y a bientôt 40 ans.

Robert Mapplethorpe shoote la photo de Patti, qui illustre la pochette de Horses. Une photo de Patti, très garçonne, un look androgyne travaillé, coiffure d’inspiration Keith Richards mid 70’s (totalement assumée). En 1975, Patti Smith, alors âgée de trente ans, et son groupe, tout simplement baptisé « Patti Smith Group » composé de Lenny Kaye à la guitare, Ivan Kral à la basse, Jay Dee Daugherty à la batterie, et Richard Sohl au piano sortent ce fantastique premier album. Peut-être, et sûrement, le meilleur album de Patti. Coup de maître, peut-être jamais égalé, dans l’histoire de la Rock Music. L’album est produit par John Cale, le légendaire co-fondateur du Velvet Underground avec Lou Reed, dont  Patti a toujours été fan. La rage brute des textes, la beauté écorchée et tellement rock de la voix de Patti, le climat musical exceptionnel et bien sûr l’énergie phénoménale que le groupe instille, propulse d’entrée l’album dans la légende et le « Hall of Fame » des plus grands albums de rock. Difficile désormais pour Patti de faire mieux.
Véritable coup de génie, ce disque deviendra culte pour nombre de rockers, admirateurs d’artistes non stéréotypés, au milieu des 70’s où le rock commence à dériver grave vers le business. Hélas on en est qu’au début.

Le premier titre, reprise fantastique du “Gloria” de Van Morrisson et des Them, animée d’une énergie renversante, annonciatrice du mouvement punk à venir en Angleterre et à New York, débute par cette phrase bouleversante “Jesus died for somebody’s sin but not mine“. Décor planté, si Jésus est mort sur la croix ce n’est pas de ma faute.  Nouveaux lyrics pour ce titre, Patti est une écrivaine, ne l’oublions pas. Le rythme monte crescendo jusqu’à l’explosion finale, scansion, chœurs, guitares. Quelle ouverture ! Cette reprise deviendra un hymne pour toute une génération, et reste définitivement une des plus grandes chansons rock de tous les temps.

Après un tel coup de massue, difficile d’enchaîner, pourtant, “Redondo Beach” est une très belle ballade reggae qui renforce le sentiment que ce disque est énorme.

Troisième titre “Birdland”, long poème mis en musique (un classique pour Patti), limite transe, très éloigné du format chanson habituel, bouleversant et à méditer.

“Free Money” remet l’ensemble guitare, piano, voix en avant, Patti y excelle à nouveau, sur des paroles de rêve d’argent, ce qui n’est pas le trip de Patti pourtant, vu son parcours erratique.

“Kimberly” piste no 5 est plus légère, moins “inoubliable” que le reste, mais la voix de Patti et les textes toujours accrocheurs.

“Break it up” composition de Patti et Tom Verlaine, superbe titre, maintient le rythme.

“Land” est le second long poème musical (près de 10 minutes) de Patti de l’album, une rythmique musicale proche de Gloria, transe poétique, proche d’un hommage à Jim Morrisson, on pense à “The End”. Un sommet.

“Elegie” conclut l’album sur quelques notes de piano bastringue et de guitares aigrelettes. Patti chante “I just don’t know what to do tonight, there must be something I can dream tonight“.

En tout cas personnellement, depuis près de quarante ans maintenant, si je ne sais pas quoi faire certains soirs, s’il y a surement quelqu’un en qui  j’ai envie de rêver, c’est de Patti SMITH et de GLORIA.
El Padre

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