Paradise Lost – The Plague Within (Century Media)
Paradise Lost fait partie de ces groupes aisément caricaturables pour qui a l’esprit chambreur, ou des goûts de chiotte. Ou les deux. Il est vrai que le champ lexical des noms de morceaux de toute leur discographie peut se résumer à des synonymes de : mort, sacrifice, désespoir, larmes, ténèbres, éternité, enfer…
Vrai aussi que le genre metal gothique peut donner lieu à des choses affreuses à la limite de l’inaudible et par conséquent, aisées à tourner en dérision (le métalleux qui a le vague à l’âme et qui chouine avec une voix de bourrin a tôt fait de se révéler grotesque…). Mais il est surtout vrai que dans le domaine Paradise Lost se pose là et est tout sauf critiquable tant ils ont livré leur lot d’albums monstres toujours indémodés/dables. Le tout en évoluant à maintes reprises avec des orientations musicales parfois discutables mais qui ont eu le mérite d’être toujours suivies par une frange de fans, fidèle ou nouvelle.
Et bien, cette fois, pour leur 14e album, figurez-vous que les goths britanniques ont décidé de renouer avec leurs glorieuses racines doom metal. Nick Holmes ressort ses bons vieux hurlements, en alternance avec son chant clair. Ça fait drôle au début mais on s’y fait vite.
Ainsi dès l’entame (« No Hope In Sight »), MacKintosh fait parler sa science du riff lourd et pesant, répété à l’envi, comme pour bien ancrer le message. Le morceau navigue entre profond désarroi et sublimes lueurs incarnées par le chant clair de Nick Holmes et les fulgurances de la guitare de MacKintosh. Première mise au point implacable. Si « No Hope In Sight » est une des grandes réussites de l’album, il n’est pas le seul à susciter l’enthousiasme.
Autre merveille, « An Eternity Of Lies » empli de mélancolie qui n’hésite pas à ajouter des violons et des chœurs féminins pour nous rappeler comme nos vies sont tristes à pleurer. Été ou pas, Paradise Lost ne s’est pas décidé à dessiner des sourires sur nos visages. Il est en revanche bien déterminé à renouer avec les sommets d’un Draconian Times, qu’on croyait d’un autre temps.
« Victims Of The Past » fait également très fort dans la dramaturgie et pourrait parfaitement illustrer le décès brutal de votre personnage préféré dans Game Of Thrones. Un monde qui s’écroule. Le refrain hargneux au possible, semblable à un hurlement de détresse.
Moins sentimental, « Beneath Broken Earth » se montre d’une violence inouïe avec des riffs doom d’outre-tombe, comme aux touts débuts du groupe. À l’extrême opposé, si « Flesh From Bone » ne fait pas plus dans la dentelle, il expédie sa sauvagerie barbare à vitesse grand V.
Pour boucler l’affaire, « Return To The Sun » démarre comme une lente exécution dramatique avant que la beauté mélodique n’irradie l’ensemble.
Indéniablement, Paradise Lost fait montre d’une belle audace avec The Plague Within qui a le don de renouer avec sa puissance de feu initiale tout en résumant parfaitement le chemin parcouru depuis.
Jonathan Lopez