Pamplemousse – Think of It

Publié par le 15 mars 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(A tant rêver du roi, 17 février 2023)

High Strung l’avait démontré de manière implacable : Pamplemousse est un des gros clients de la scène noise française. Si le néophyte se contentera de glousser à l’évocation de son nom rigolo, le fin connaisseur sait pertinemment que Pamplemousse n’a pas volé sa réputation à force de coller des beignes et trainer avec des formations hautement recommandées comme Unsane, LANE (RIP), It It Anita ou Lysistrata. C’est également la seconde fois d’affilée que Peter Deimel (qu’on ne vous fera pas l’injure de vous présenter) daigne lui ouvrir la porte de son studio Black Box. Autant vous dire que pour la seconde fois d’affilée : ça sonne. Le deuxième album du trio réunionnais ne tergiversait pas : il cognait vite et fort, parfois avec une vivacité et efficacité comparable à celle des Hot Snakes (repassez-vous le morceau « High Strung » une fois et vous l’aurez en tête pendant deux semaines). Alors que l’un des trois membres est allé voir si on monte les amplis à moins de 11 ailleurs, on aurait pu craindre que le passage au format duo (masculin-féminin) altère sa force de frappe. Il n’en est rien. Plus de basse mais Pamplemousse sait toujours placer de redoutables assauts soniques (« Mexican Boy » qu’il n’est pas interdit d’écouter seize fois de suite, « I’m Not Dietsch » ou « Vicious Mind », huit fois chacun). Et les Réunionnais n’ont pas moins d’idées qu’auparavant, ils semblent en tout cas donner libre cours à de nouvelles envies. Les angles d’attaque sont effectivement plus variés. On a pu observer dans un premier temps le franchement garage, presque bateau « One Million Doors » avec un brin de condescendance, on a très vite déposé les armes face à ce foutu tube dont on ne se dépêtrera pas de sitôt. Au milieu du démesurément gras (« Fat Hollywood »), de l’excessivement véloce (tout ce qu’on a évoqué précédemment), le plus finaud a également droit de cité. On plonge ainsi aveuglément dans cet « Empty Pool » extrêmement vicieux, presque post-punk par instants, carrément noisy à d’autres. Gros morceau, « Cactus » (6’23) lorgne vers un post-hardcore sournois avec un tempo qui joue aux montagnes russes et s’autorise même de petites virées math rock. Une inattendue ballade désabusée pour conclure (« La Ballade de Steve ») et on tient là un disque qui, lorsque l’on connait le pedigree du groupe, déroute quelque peu de prime abord, mais ne cesse finalement de grandir et d’apporter satisfaction.

Jonathan Lopez

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Chronique parue initialement dans new Noise #65 actuellement en kiosques et qui a bien besoin de vous pour sa survie. Sommaire et commandes ici.

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