Nwar – Beyond the Sun
Une guitare, une batterie. L’apocalypse. Nous voici en août et il y a peu d’espoir que Nwar devienne la BO de votre été avec son Beyond the Sun qui, comme sa pochette l’illustre et son nom le suggère, laisse à peine filtrer les rayons du soleil. Mais celui-ci, bien plus qu’un album éphémère et léger, pourrait bien être de ceux qui viennent régulièrement se rappeler à votre bon souvenir. Pour peu que vous ayez le cœur bien accroché.
La frappe terriblement sèche et d’une justesse affolante de Nicolas Gromoff (Tantrum, Drive Blind), ne fait pas moins mal que les riffs assommants (pondus à la pelle par Laurent Graziani de Lunatic Age et Francky IV Fingers). Elle aurait même tendance à nous faire oublier toute idée de répit. Le sludge de Nwar a ceci d’inéluctable qu’il semble vous piétiner la main quand vous la tendez dans l’espoir d’être sauvé et s’appuyer sur votre tête quand celle-ci émerge enfin de l’eau. Sadique, Nwar ? Simplement sûr de son fait. Et son fait, c’est l’exécution méthodique. Et un peu d’acharnement en option, OK.
Ainsi, « W10 » enfonce éternellement un clou qui n’avait déjà pas fier allure à l’entame du titre. L’intro galactique de « Beyond the Sun » ressemble bien à une fenêtre d’évacuation propice à l’évasion, avant qu’une guitare terriblement plombante, ne vienne anéantir toutes velléités d’accomplir une autre tâche que se morfondre. Puis sur l’asphyxiant « Ashes », Nwar vous broit, vous crame et se repait de vos cendres en cocktail. Il n’y a bien que « Vertigo Bird » où la guitare se lâche un peu plus dans les aigus et livrerait presque du solo (qui crisse et sent la crasse tout de même, n’allez pas vous faire d’idées). Non, la véritable bouffée d’air venant interrompre le monolithe Nwar (et sonnerait presque comme une incongruité si le morceau n’était à ce point génial), c’est cette reprise assez fidèle de « I’m Afraid of Americans ». On n’est nullement surpris que la période indus de Bowie parle au groupe. Ce qui est plus troublant en revanche, c’est de quitter le format instrumental et de retrouver au chant Graziani dont le timbre est finalement assez proche de l’icône anglaise.
En fin de course, alors que nous nous trouvons requinqués mais à deux doigts d’être achevés, « Memento Mori » reprend son travail de sape, momentanément interrompu, et nous rappelle, en parfait contraste avec la reprise qui précède, qu’à l’exception de quelques samples de films (plus discrets que sur le premier album, Nwar), cet ensemble n’a nul besoin de voix pour tenir en éveil et conserver une efficacité redoutable. Cet ensemble tient parfaitement. 7 titres, c’est assez peu. 38 minutes, c’est amplement suffisant. Et la confirmation est éloquente. Vu l’ampleur des dégâts, on se féliciterait presque qu’ils ne sont que deux.
Jonathan Lopez
très bon topo de Nwar ! Un Album fulugurant !