Mudhoney – Plastic Eternity

Publié par le 5 avril 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Sub Pop, 7 avril 2023)

On vous fait le coup à chaque fois : Mudhoney sort un nouvel album, et on vous dit qu’il est excellent. C’est prévisible, et ça en est presque triste. En même temps, il ne faut pas tirer sur le messager. Nous n’y sommes pour rien. Mudhoney sort un nouvel album et, il nous a refait le coup : il est excellent !

Digital Garbage, le précédent, était sorti pour les 30 ans du groupe et renouait plus que jamais avec ses racines hardcore, notamment avec des textes engagés, tout en synthétisant les différents penchants musicaux du groupe en un mélange qui lui est propre. Le résultat était de très haute volée. Plastic Eternity n’est pas moins engagé dans ses textes qui tapent encore tous azimuts (consumérisme avec « Cascades Of Crap » ou « Plasticity », destruction de l’environnement sur « Cry Me an Atmospheric River », exploitation de l’Homme avec « Human Stock Capital » ou le très explicite « Flush the Fascists ») mais semble encore plus désabusé que son prédécesseur. Les paroles sont toujours pertinentes et bien écrites, même dans les morceaux au sujet plus léger comme « Tom Herman’s Hermit » ou « Little Dogs ».

Cependant, Mudhoney ne fait pas de poésie mais bel et bien de la musique. Or, musicalement, Plastic Eternity semble faire la part belle au psychédélisme comme le groupe ne l’avait pas fait depuis ses deux albums à saxophone (Since We’ve Become Transluscent et Under a Billion Suns). Cela donne à l’album une teinte années 70 assez plaisante, qui ressort notamment sur des morceaux comme « Almost Everything » et son rythme envoûtant, « Souvenir of My Trip » qui rappelle Blue Cheer ou « Move Under » qui évoque le meilleur de Hawkwind (donc « Urban Guerilla »). Il ne se prive pas non plus pour essayer des idées bizarres qu’on lui pardonnera sans aucun problème, comme la boucle au synthé de « Flush the Fascists », la guitare acoustique et les sons planants qui portent la déroutante « One Or Two » ou le côté presque dansant de « Little Dogs ».

Malgré ça, et pas tellement malgré ça d’ailleurs, puisque le psychédélisme hérité des années 70 et la créativité font partie de l’ADN du groupe, Mudhoney reste un groupe aux racines punks, avec une énergie toujours bien présente (en atteste particulièrement le morceau le plus hardcore « Human Stock Capital ») et un style propre qui se dévoile peu importe qu’il calme le jeu (« Severed Dreams In The Sleeper Cell ») ou qu’il se déchaine (« Here Comes The Flood »), avec un sens du rythme et du riff ciselé que les années n’ont pas réussi à émousser. Pour tout ça, Plastic Eternity est, une nouvelle fois, une réussite.

En vérité, il n’y a pas grand-chose à dire pour vous convaincre d’écouter le nouvel album de Mudhoney. Soit vous êtes hermétique à leur musique en général, et tout ce que j’ai dit avant ne risque pas de vous faire changer d’avis, soit vous êtes déjà fan et vous n’avez pas attendu de lire cet article pour avoir envie d’y jeter une oreille. Dans le cas où vous ne seriez ni l’un ni l’autre, un simple sympathisant voire un néophyte à la recherche d’un groupe à guitares qui surferait entre punk et psychédélisme, je ne peux que vous conseiller de prêter une oreille attentive à Plastic Eternity. Comme d’habitude, c’est un nouvel album de Mudhoney et on en pense du bien, mais il n’empêche que, comme d’habitude, il est excellent.

Blackcondorguy

2 Commentaires

  1. Merci de faire une disco express de tous leurs albums tous excellent

    • Excellente idée

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