Mogwai – Les Revenants (Rock Action/PIAS)

Publié par le 20 février 2013 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

mogwai_les_revenantsLa série Les Revenants en a scotché plus d’un fin 2012 sur Canal, moi le premier. La fin de la saison m’avait en revanche laissé de marbre et depuis ce n’est pas la suite que j’attendais impatiemment mais bien la BO de Mogwai qui m’avait fait très forte impression, et permis de me pencher pour de bon ce groupe extraordinaire.

La voilà donc cette B.O. (elle sera dans les bacs lundi 25 février). Et dès les premières secondes elle nous replonge dans l’univers si particulier de cette série. « Hungry Face », qui illustrait le générique, est d’une froide beauté, pleine de retenue. Tout paraît fragile et délicat comme ses subtiles notes de xylophones, ce violon traînant…

Les morts sont de retour mais avec eux ce sont les doutes et les remords qui reviennent, les secrets enfouis qui refont surface (« Jaguar »). On sent qu’il y a anguille sous roche. « The Huts » et son intro oppressante (qui rappelle furieusement « Over » de Portishead) nous avertit que la tension est là, tapie dans l’ombre, et que quelque chose de malveillant rôde dans les parages, prêt à surgir.

Malgré tout, ce disque a un effet apaisant lorsqu’on l’écoute, notamment certains morceaux comme « Relative Hysteria » qui laisse place à la rêverie. De même que « Special N », somptueuse composition qui dénote un peu du reste de l’album puisqu’il respire la fraicheur et la lueur d’espoir au milieu du marasme ambiant.

Bon attention hein si vous vous pointez avec ce disque à l’anniversaire de pépé René, on risque de vous regarder de travers, pensant que vous anticipez les funérailles à venir. Et on ne pourra pas leur en vouloir aux vieux. Non, si vous voulez éviter de vous fader Georges Moustaki, trouvez autre chose.

Mais on n’est pas là pour faire plaisir à pépé René mais avant tout à nos oreilles averties. Et de ce point vue-là, ce disque remplit pleinement son contrat tant il prend aux tripes. Les mélodies nous scotchent, les atmosphères s’instaurent progressivement et ne nous quittent plus.

L’album est entièrement instrumental, à l’exception de « What Are They Doing In Heaven Today ? », très belle reprise folk de Washington Philips daté des années… 20 !

Pas de trace de surenchère, mais au contraire beaucoup de sobriété, d’effacement ce qui n’est guère étonnant connaissant le groupe écossais passé maître dans l’art de compositions imparables procurant un voyage intérieur aussi intense que bouleversant. Le choix de faire appel à eux pour la BO paraissait comme une évidence. Mais le groupe aurait pu se reposer sur ses acquis, livrer quelques compos vite torchées qui feraient l’affaire, en garder sous la semelle pour le prochain album. Que nenni, Mogwai tient à son statut, il s’est vraiment appliqué et a fait les choses bien.

Ce qui est parfois gonflant avec les bandes originales c’est qu’elles sont polluées de courtes interludes sans intérêt qui servent à instaurer une ambiance dans un film mais qui, écoutées indépendamment donnent irrémédiablement envie d’appuyer sur next. Ce n’est pas le cas ici. Ce disque composé de 14 morceaux tient la route de bout en bout, sans véritable temps mort et s’achève même en apothéose grâce à “Wizard Motor”. Cette note de synthé en ouverture qui s’éternise avant qu’une guitare ravageuse ne vienne tout dévaster comme ces revenants remettant en cause toutes les certitudes et qui, finalement étaient moins dérangeants morts que vivants…

Un morceau qui n’a pas fini de nous hanter. Avant de se lasser de cette petite merveille, il faudra attendre que les morts reviennent.

JL

Écoutez “Wizard Motor”

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