Melvins @ Trabendo (Paris), 08/06/2023

Publié par le 21 juin 2023 dans Live reports

Pour la faire courte, notre histoire avec les Melvins est jonchée de rendez-vous manqués. Chaque fois que l’on achetait une place pour l’un de leurs concerts, une tuile nous tombait sur la gueule (gastro, grippe, rage de dents… bref). On a beau ne pas être superstitieux, on a fini par se résigner et ne plus chercher à les voir. Il faudra que notre valeureux rédac’ chef nous propose une invit’ pour que l’on accepte à nouveau de risquer notre santé sur l’autel des Melvins. Grand bien nous en a pris.

On ne dit pas qu’on n’a pas fait attention à éviter de se manger un piano par le haut, ou à croiser des chats noirs, mais on était tout de même relativement confiants. Cette fois, c’était la bonne !

On arrive au Trabendo sans se soucier de la première partie. La salle est déjà bien pleine et il fait chaud dans la fosse. Peu de jeunes dans les rangs. Triste. Les lumières s’éteignent, « Take on me » de a-ha dans les speakers, les trois membres débarquent en chantant en playback. La chanson s’interrompt brutalement, le groupe attaque « Snake Appeal », un vieux titre de ses débuts.  Enfin, ça y est !

Il ne faudra que quelques mesures avant que l’émotion ne nous saisisse. On prend soudainement conscience du temps écoulé depuis la découverte de Stoner Witch en 1995. On ne s’y attendait pas. On n’aime pas la nostalgie et on essaye, autant que faire se peut, de l’étouffer chaque fois qu’elle s’en prend à notre quiétude. Dans le cas d’alors, on n’a pu y échapper et on a vécu le concert dans une ouate douce amère, tiraillé entre le bonheur sincère de voir enfin le groupe sur scène et la tristesse soudaine et aiguë de le faire sans certaines personnes qui nous ont étrangement manqué sur le moment.

Qu’importe ! Le bonheur l’a emporté largement, tant les Melvins se sont employés à délivrer un set à la hauteur de leur immense carrière. Alors que la tournée est un prétexte à célébrer quarante années d’existence, ils ont pioché ça et là des titres provenant de toutes les périodes, de toutes leurs incarnations (ou presque), avec toutefois l’accent mis sur les années 90 et les albums Bullhead et Houdini, largement représentés. 

Rapidement, on se retrouve happé par l’énergie du trio. Énergie symbolisée par l’exubérance bon enfant du bassiste Steven McDonald. Alors que Buzz Osborne faisait les cent pas autour de la scène, le nez penché sur sa guitare, McDonald, lui, flamboyait royalement dans son ensemble rouge vif, gesticulant dans tous les sens, secouant sa tignasse comme au bon vieux temps de MTV, flirtant même avec le mauvais goût hard rock sur quelques poses que l’on ne s’attendait pas à voir dans un set des Melvins. Surprenant, mais fun. Le gars ne s’est pas ménagé, pas plus que Dale Crover, monstrueux derrière ses fûts. Quel bonheur de voir ce type à l’œuvre ! Les trois se connaissent tellement qu’ils ne se regardent même plus. Alors que l’on s’attendait à une performance doom, avec un Crover martial et un Osborne statique, égrenant son chapelet de riff lourds comme le glas, on a été agréablement surpris de constater qu’il n’en était rien et que l’on s’était fait, des années durant, une fausse image du groupe sur scène. 

On pourrait extraire quelques titres de la setlist, mais on n’y a trouvé aucune faiblesse et on a vécu le concert sans éprouver la moindre baisse de régime. On a été heureux d’avoir droit à leur superbe reprise de « I Want to Hold Your Hand » des Beatles, présente sur leur album de 2018, Pinkus Abortion Technician, ainsi que quelques titres de (a) Senile Animal (« A History of Bad Men » et « Blood Witch »), un album que l’on affectionne particulièrement. Ensuite, il serait mentir de ne pas reconnaître avoir eu des frissons à l’arrivée du riff de « Revolve », quand l’espace d’une nanoseconde, le poids de plus de deux décennies s’est une fois encore abattu sur nos épaules. Le groupe nous salue, Crover prend le micro et annonce ce qui sera le premier rappel des Melvins à Paris. Un seul titre, mais quel titre ! « Boris », avec Osborne qui termine seul sur scène pendant de longues minutes. 

Après toutes ces années d’actes manqués, on a enfin pu se frotter à la légende qu’incarne les Melvins. Surpris par leur énergie intacte, heureux de les avoir vus malmener des titres qui nous accompagnent depuis tant d’années, nos attentes furent largement comblées, et on espère, en croisant stupidement les doigts, les revoir très bientôt.

Max

Photos Mariexxme (un aperçu de ses photos backstage avec un nombre incalculable d’artistes ici)

Setlist : Snake Appeal – Zodiac – Copache – I Want To Hold Your Hand (The Beatles cover) – Hammering – Never Say You’re Sorry – Evil New War God – Let It All Be – Blood Witch – Your Blessened – A History of Bad Men – Honey Bucket – Revolve – Night Goat.
Rappel : Boris.

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