Max Romeo – War ina Babylon (Island)

Publié par le 18 octobre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

1976-Max_Romeo_-_The_Upsetters_-_War_ina_BabylonAaaah un peu de reggae sur ce site ! C’est vrai quoi y en a marre de bouffer du rock non ? Plus sérieusement, vous n’avez pas fini de bouffer du rock n’ayez crainte, mais le reggae est un genre majeur et il me tient à cœur d’en parler. Ne serait-ce que parce qu’il est souvent réduit à “une musique pour les fumeurs de joints” et que si vous demandez à quelqu’un qui n’y connait pas grand-chose en musique de vous citer plus d’un artiste reggae, il galère pas mal…

Et malgré tout le respect que je dois au génie qu’était Bob Marley, il est quand même dommage qu’il se soit accaparé toute la lumière au détriment d’autres grands artistes jamaïcains (ou anglais).

Max Romeo, de son vrai nom  Maxwell Livingston Smith, fait partie de ceux-là. A 18 ans, il quitte la campagne jamaïcaine pour rejoindre Kingston après avoir remporté un concours de talent. Le jeune Maxwell Smith deviendra Max Romeo, sur les conseils de Bunny Lee. Romeo, car le chanteur n’a pas son pareil pour composer des poèmes faisant fondre les minettes. Il fondera deux groupes, les Emotions puis les Hippy boys avant de se lancer pour de bon dans une carrière solo.

En 1976, après trois premiers albums solo remarqués, Romeo signe chez Island Records, label mythique du reggae made in Jamaïca, pour publier “War ina Babylon”. Un enregistrement débuté en 1975 au Black Ark, le fameux studio du producteur Lee Perry, sorte de bricoleur fou au génie incontestable et incontesté. Son collectif de musiciens, les Upsetters (futurs Wailers), sont également de la partie. Une bien belle équipe donc pour un disque qui s’annonce prometteur.

Et ça commence par ce gimmick mémorable de Mister Romeo “Ouh yeah ouh yeah nananananana“. La basse et la rythmique so cool font le reste. Du bon vieux reggae roots que ce “One step forward”. La patte Perry est déjà palpable.

Et cet album regorge de mélodies imparables comme celle-ci , la plus fameuse restant l’exceptionnelle “I chase the devil”, reprise ensuite par Prodigy (“out of space”). Ce morceau tellement entraînant nous donne envie de nous trémousser jusqu’à plus soif et d’appuyer sur repeat dans la foulée pour remettre ça.

Le morceau éponyme est formidable aussi. Le skank envoie sévère, Romeo chante superbement, bien soutenu par de somptueux chœurs féminins.

Le Black Ark est bel et bien LE laboratoire à faire cracher du gros son jamaïcain avec une précision redoutable. On imagine bien l’enregistrement : une atmosphère enfumée, des purs zicos réunis avec ce dingo de Perry aux manettes qui expérimente encore et toujours pour parvenir à en tirer le meilleur. Le résultat laisse rêveur…

Les upsetters sont au top, le son claque comme il faut dans les enceintes, le caisson ronronne. Max Romeo dégage une vraie identité vocale et se cale parfaitement sur les riddims jouissifs concoctés par les Upsetters. Des bruitages viennent parfois se greffer au rythme des morceaux (bruits de crickets sur “I chase the devil”, de bouche sur “tan and see”) et ça fonctionne à merveille.

“Smokey room” nous donne envie de nous convertir sur le champ au rastafarisme, quand “smile out a style” redonnerait le sourire à une vieille qui vient de perdre son toutou adoré.

En bref on fait le plein de good vibes, on écoute ça en ayant la banane et l’ensemble du disque passe nickel. Un peu trop vite d’ailleurs, seulement 9 titres, 38 minutes, on arrive vite au bout et là d’un coup on tire la tronche.

Cet album reste à ce jour la pièce maîtresse de l’oeuvre de Max Romeo, de loin son meilleur. Un disque indispensable que tout amateur de reggae se doit de posséder. Et si vous êtes réfractaires au genre, faites un effort, laissez-vous tenter, ça vous décoincera et vous viendrez me remercier.

 

JL

 

One Step Forward by Max Romeo on Grooveshark

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