Lunar Lock – The Dream of Sad City EP
Fin novembre. L’automne a été un des plus chauds jamais enregistrés. Le fameux été indien réchauffement climatique a retardé l’échéance tant qu’il aura pu mais le spleen automnal fait (enfin ?) son come-back. Glad to be sad*. Le hasard faisant souvent bien les choses, un EP de cinq titres pourrait bien accompagner ces prochaines semaines en manque de lumière.
Lunar Lock et ce Dream of Sad City arrivent à point nommé depuis Angers, une ville à la riche histoire musicale. Mais point de sa douceur légendaire ou de rock tonitruant, la musique du duo formé par Romain Le Lavandier et Maxence Thulievre, instille plutôt une mélancolie vénéneuse. Avec un format minimaliste construit autour d’un axe fort basse-claviers, pas forcément ma zone de confort, on se love pourtant avec facilité au creux de ces nappes synthétiques. Il y a en effet quelques hommages appuyés vers un quatuor bien connu qui s’adonnait jadis à des plaisirs inconnus. « Sad City » et ce binôme basse ronde-batterie caractéristique a bien la gueule d’une « Atmosphere » mancunienne. Et la batterie robotique de « Dantean Beauty » fait descendre la température vers les ambiances congelées du Closer de la bande à Ian Curtis. Alors, vous allez me dire, le post-punk monochromatique old school avec claviers ? Effectivement, ce sera parfait pour notre Cure (vous l’avez ?) de spleen saisonnier.
Mais le duo a le bon goût de ne pas s’y cantonner trop souvent et au gré d’un tempo qui s’accélère et de quelques notes de guitare minimalistes (less is more) sur « Dark and Lively », il démontre qu’il peut braconner aussi avec efficacité sur les terres d’un Slowdive, porté par le beau timbre de voix de Romain Le Lavandier. La dream pop éthérée de l’inaugural « Swallow », à l’ampleur superbe, s’était déjà chargé de brouiller les pistes. Et c’est vers les mêmes rivages superbement désolés que s’échouera avec langueur le beau et dernier titre final « Brain Drowning ».
Voilà un EP à l’ascendance assumée mais qui voit finalement bien plus loin que le post punk originel. On suivra avec plaisir l’évolution musicale du duo dans l’avenir. L’hiver est là, on ne voit pas beaucoup le jour et le soleil… mais« Dark and Lively », we’re glad to be sad.
Sonicdragao
*comme le proclamait la devise d’un label début des années 2000 (Melancolik, crée par 3D de Massive Attack)