Lee Ranaldo – In Virus Times
Dans la série des effets collatéraux du Covid, peut-être verra-t-on fleurir bientôt un palmarès des œuvres artistiques produites en confinement. Satan is boring*.
Quand l’annonce de cet EP de Lee Ranaldo a déboulé sur ma boîte mail, le ton était clair dans le communiqué de presse. « In Virus Times est une œuvre acoustique entièrement instrumentale en quatre parties, écrite et interprétée par Lee Ranaldo himself ». Rien de bien effrayant a priori. Encore que Lee Ranaldo a un beau brin de voix (« Hoarfrost », « Hey Joni », « Mote », « Wish Fulfillment » ou « NYC Ghosts and Flowers » me viennent tout de suite à l’esprit) et qu’il est bien dommage de s’en priver. No Way. « Un sentiment d’anxiété accru, dû aux élections présidentielles américaines qui se préparaient alors et au virus, semblait envahir tous les aspects de la vie, pour moi et pour tous ceux que je connaissais. Le côté minimal de l’album reflète le sentiment de ‘temps immobile’ que beaucoup d’entre nous ont ressenti. ». Là, c’était déjà plus chaud, mais malgré tout, en ma qualité de défenseur éternel de la jeunesse sonique, je me lançais et décidais de tenter l’aventure, malgré les mises en garde de certains chroniqueurs de la ExitMusik Team. Sans pour autant déboulonner la statue de Lee, vu les états de service de Mister Ranaldo (#touchepasàmonLee), il faut reconnaitre que la déception est au rendez-vous sur ces 4 titres. Anti-Orgasm. Paris, Texas, la BO de Ry Cooder, vous vous souvenez ? La production est dans l’esprit. Guitare acoustique, reverb façon Canyon, less is more. Bon point. Deuxième bon point, l’artwork assez réussi. Mais c’est (très) très maigre au final face au « temps immobile » de cet EP. Avare en idées et en émotions. Déjà, les titres des morceaux : “In Virus Times part 1”, “part 2”, etc… Pas ultra original, vous me direz. « Part 2 », ce sont des harmoniques jouées en laissant résonner la guitare. Pendant 3 minutes trente. Je suis resté dubitatif. I’m in a bad mood. Peut-être qu’accompagné d’images arty de confinement, façon « New York City streets are empty »… ? « Part 3 », c’est plus ou moins la même pendant presque 6 minutes (!). Call 911. Lee ne va pas bien. Sur « Part 1 », avec des bribes de mélodie, des petits slides discrets et même Lee qui siffle, on n’était pas loin de s’enthousiasmer. I dreamed I dream. Sans pour autant verser dans un finger-picking virtuose ou les slides de Ry Cooder sur la BO du film de Wim Wenders. Pas d’étincelles, la magie en berne en fait. Kill your Idols. « Part 4 » est dans un registre plus sombre mais pas très loin, un poil plus inquiétant avec ses arpèges dissonants. I’m insane.
Voilà, voilà, on ne va pas se faire du mal plus longtemps. Lee is Free ! Et innocent ! C’est ce foutu Covid, le responsable, bordel ! Et Trump ! Youth against Fascism !
We.Should.Kill.Time.
Sonicdragao
*Il est possible que des références à un groupe bien connu se soient glissées dans cette chronique à l’insu de mon plein gré.