Kyuss – Welcome To Sky Valley (Elektra)

Publié par le 29 novembre 2012 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

wtsvC’est quoi ça, Kyuss ? Culte en plus ? Il a craqué complet le gars du blog là, il vient nous parler d’un groupe totalement inconnu et nous sort que c’est culte. Ben ouais les gars, à l’aise que c’est culte, bande d’incultes (ouh ça démarre fort).

Deux raisons à ça. La première : Josh Homme. La seconde : Desert Rock (ou Stoner Rock, c’est selon). Parce que vous faites les malins là, mais Queens Of The Stone Age, j’imagine que ça vous cause hein ? Vous vous êtes déjà trémoussés sur “No One Knows”, avouez ! Ben figurez-vous que le rouquemoute de QOTSA qui balance des riffs de fou et qui chante avec classe, à la base c’est le gratteux de Kyuss. Et le son de QOTSA, ben c’est un peu du Kyuss simplifié, rendu plus accessible (loin de moi l’idée de dénigrer ce grand groupe dont nous parlerons un de ces quatre, soyez-en sûrs).

Né dans le désert californien à Joshua Tree (ça aussi ça vous cause ? Allez je suis sympa, tenez), Josh Homme fonde à 14 ans (plutôt précoce oui) un groupe avec ses copains de classe John Garcia, Brant Bjork et Chris Cockrell. Lui tâte la six-cordes, Garcia chante, Bjork officie derrière les fûts et Cockrell joue de la basse.

Les quatre loustics forment le groupe Katzenjammer (gueule de bois), qui deviendra Sons of Kyuss puis définitivement Kyuss. Ils se taillent une solide réputation dans leur coin paumé en organisant régulièrement des “Generator Parties”, soirées organisées dans le désert où ils balancent du gros son en branchant leurs instruments à des générateurs, d’où le nom. Et ouais l’avantage du désert c’est que tu peux foutre un boucan pas possible, t’emmerdes que les crotales.

Josh Homme a une technique bien à lui. Il branche sa guitare sur un ampli de basse pour en sortir un son d’une lourdeur à toute épreuve. Sans le savoir, ils posent les bases du Desert Rock qui deviendra le Stoner Rock.

Stoner, dérivé de Stoned (qui veut dire “défoncé”), car cette musique à la croisée du rock et du métal, se caractérise également par son côté répétitif qui lui confère un aspect hypnotique, renforcé par la prise de drogues.

Après un premier EP, Cockrell prend ses cliques et ses claques et laisse la charge de la basse à Nick Oliveri (qui retrouvera ensuite Josh Homme sur QOTSA)  le temps de deux albums Wretch et Blues For The Red Sun. Assez déroutants de prime abord, ces disques sont boudés par le public bien qu’encensés par la critique et adulés par ses pairs prestigieux comme Dave Grohl, Faith No More ou Metallica.

Pour ce troisième album, Chris Goss, fondateur des Masters of Reality, est aux manettes comme sur le précédent. Oliveri a cédé sa place à Scott Reeder. Qu’importe le groupe n’a rien perdu de son énergie destructrice, ils vont même enfoncer le clou.

Le panneau sur la pochette a beau nous annoncer la bienvenue, on voit bien qu’on est en terrain hostile. Plein gaz pour débuter (“Gardenia”), les mecs ne font pas dans la dentelle. Disto à fond, gros riffs qui crachent du feu. Guitare et basse ne font qu’un, ils allient leur puissance pour nous en foutre plein la vue, Brant Bjork frappe fort, très fort, John Garcia éructe derrière son micro de façon bien cash ! Son chant est rugueux, puissant, agressif. Le genre de mec qu’on n’aimerait pas croiser dans une station service désertique à 2h du mat’.

Le break basse-batterie au milieu du morceau est fatal, on est déjà fascinés. Et puis ça repart comme en 14. Instrumentalement, ça dépote, les mecs sont doués, ça saute aux oreilles. Une intro tout en puissance qui annonce la couleur pour la suite.

Et ce n’est qu’un début. “Asteroid”, entièrement instrumentale, poursuit sur cette lancée fracassante. Josh Homme délivre des riffs qui tuent avec une aisance déconcertante tandis que Redder nous a sorti une boucle de basse qu’on n’oubliera pas de sitôt. Ça pulse méchamment.

Mais on n’a encore rien vu. “Supa Scoopa And Mighty Scoop” est un véritable chef-d’œuvre. Écoutez-là une fois et vous ne pourrez plus vous en passer. Tout y est : puissance, breaks de folie, boucles obsédantes. Démonstration du savoir-faire des rois du désert, le morceau est absolument fascinant et nous cloue sur place.

Trois morceaux et le constat s’impose déjà comme une évidence : ce groupe est énorme et ce disque en est la plus éclatante démonstration.

Autre monument de cet album : “Space Cadet”. Superbe ligne de basse en intro, puis la guitare s’invite et Garcia vient placer un chant posé qui contraste totalement avec ses gueulantes des morceaux précédents. Puis la rythmique tribale fait le reste. Un morceau envoûtant qui fait penser au meilleur de Tool. Sublime !

L’unité de l’album est remarquable. On pourrait citer tous les morceaux et tartiner six pages tant il y a à en dire. Mais je vais vous épargner ça. Citons tout de même l’entêtante “Demon Cleaner” ou la dévastatrice “Odissey” qui tape fort comme le désert californien. Le groupe s’autorise aussi des breaks funky à la Red Hot (“100°”).

Les roulements de Brant Bjork ne nous laissent pas respirer. Josh Homme est époustouflant, il nous pond des soli hypnotiques comme on se fait cuire des pâtes. Scott Reeder, nouveau venu, s’impose brillamment. Il est impressionnant à la basse et apporte un groove fulgurant. Certaines lignes de basse restent gravées (“Space Cadet”, “Whitewater” qui clôt superbement cet album). L’osmose est parfaite.

Difficile d’accès, le son de Kyuss ? Incontestablement. Mais il est quand même déplorable que ce groupe n’ait connu qu’un succès très limité eu égard à son grand talent. Les critiques ont toujours été unanimes mais les ventes n’ont pas suivies. Josh Homme explosera par la suite grâce à Queens Of The Stone Age. Et certains auront la bonne idée de revenir aux sources.

On a dit que c’était le précurseur du Stoner, c’est comme ça que ce courant sera qualifié par la suite. Welcome to Sky Valley est avant tout un grand disque de Rock. Du rock intelligent s’inspirant de la puissance d’un Black Sabbath, mais y ajoutant cette touche psychée, planante, ces boucles hypnotiques. Un disque ensorcelant qui vous hantera des jours durant. Un disque à écouter fort, défoncé, dans le désert… si vous pouvez. Mais bon chez soi ça marche aussi.

 

JL

 

Écoutez “Supa Scoopa And Mighty Scoop”

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