Jedi Mind Tricks – The Psycho-Social, Chemical, Biological & Electro-Magnetic Manipulation of Human Consciousness (Superegular)
En 1997, le duo de Philadelphie composé du Mc Vinnie Paz (à l’époque surnommé Ikon the Verbal Hologram) et du DJ/producteur Stoupe the Enemy of Mankind publie l’album au titre interminable et complexe The Psycho-Social, Chemical, Biological & Electro-Magnetic Manipulation of Human Consciousness. Il sort dans un premier temps sur le label Superegular Records et sera réédité par Babygrande Records en 2003, qui inclura 6 titres retraçant leurs débuts depuis 93, initialement sortis sur Amber Probe EP.
Le duo flambe : les instrus concoctées par Stoupe semblent taillées sur mesure pour le flow ciselé et incisif d’Ikon qui fait des merveilles. Même les featuring, peu connus à l’époque, sont à couper le souffle. Pour certains d’entre eux cet album fut une porte d’entrée dans le milieu du rap.
En invités, on trouve un jeune groupe de Hip Hop, The Lost Children of Babylon, ainsi que les rappeurs Apathy, et The Sun Pharaoh très proche du son de JMT dans leur projet. Et sur ce Psycho-Social.. leurs flows viennent booster violemment les intrus du maître Stoupe.
On entend souvent l’expression “du son sorti tout droit de la cave”, ici elle n’est pas usurpée, cet album en est l’illustration parfaite. Instrus sombres, sample de voix féminines venues des abymes “As it Was In the Beginning…”, de chants religieux “Books of Blood : the Coming of Tan”. Sur “I Who Have Nothing” seul clip issu de cet album, les JMT ont la bonne idée de sampler Tom Jones et de faire de ce sample le refrain de ce fabuleux titre.
Bon nombre d’albums rap sont pollués par des interludes ; hormis l’intro et “Incanatrix”, ce Psycho-Social… ne transpire pas le remplissage inutile. On assiste là, à une simple déferlante de bombes, venues se greffer les unes aux autres en toute homogénéité formant un ensemble cohérent et efficace à souhait. Entre le riff de guitare acoustique et les scratchs de “The Aspostle’s Creed”, les violons omniprésents sur “The Winds of War”, Stoupe aime faire honneur aux instruments classiques sur ses prods, un ressenti qui se confirmera dans les opus suivants.
Les six derniers titres qui retracent leur passé dans le rap, ne font pas défaut à l’atmosphère qui régnait jusque-là, Stoupe fait honneur au grands du hip hop et d’ailleurs dans ses instrus, en scratchant ses vinyles. On citera le titre “Get This Low”, armé de ses samples ravageurs de Marley Marl (“We Write the Songs”), de Stevie Wonder (“I Wish”), ou encore du Wu-Tang Clan (“Protect ya Neck”).
On peut aussi évoquer la pochette, qui sur fond noir, représente un homme en train de courir. Enfin de l’homme il n’a que la tête, le corps lui ressemble plus à celui d’un poulet ou d’une sorte de mutant non identifié… Drôle de façon d’illustrer le titre de l’album.
Un album que l’on peut aisément ranger au côté des grands. Ce premier effort des JMT n’a pas à rougir face au célèbre Enter the Wu-Tang (36 Chambers), ou au classique All We Got Iz Us d’Onyx, comparable tant par la claque qu’il provoque dès la première écoute, que pour sa noirceur. L’album suivant Violent by Design est différent mais du même calibre. Un seul conseil pour les amateurs de Hip Hop, ne passez pas à coté de ce chef-d’œuvre.
JR