Inflatable Dead Horse – Love Songs
Ok, on arrive un peu après la bataille. Cet album, le premier de Inflatable Dead Horse, est d’abord sorti en catimini il y a… deux ans et ressorti début août sur le label We Are Unique. Qu’importe, ces huit Love Songs méritent amplement qu’on s’y attarde. C’est d’abord avec un aplomb certain qu’elles tentent de nous en convaincre, c’est ensuite avec douceur et finesse qu’elles achèvent de nous en persuader. Un certain Daniel Mark Williams, gallois de naissance, est venu s’installer à Toulouse pour trouver des compagnons de jeu. Et c’est ensemble, avec Loïc Trumeau (guitare), Loïc Malavelle (basse), Philippe Caray (batterie) et Bruno Almosnino (claviers, piano), qu’ils ont enregistré ses compositions.
Un démarrage en force, comme nous l’évoquions plus haut, avec “Better Days” puis “Burn It Down” qui vous enjoindront, peut-être pas à tout cramer, du moins à taper du pied sans retenue. Il y a de la fougue, de l’entrain, difficile de ne pas entendre du Gun Club dans ces blues fiévreux hautement addictifs. Et puis, alors qu’on croit les bonshommes prêts à dérouler tranquille pour emporter l’adhésion, les voilà qui s’engouffrent dans des registres plus inattendus. Le sieur Williams y va de ses petites ritournelles au coin du feu, tout en sobriété (“A Spoonful Is Enough” d’abord, pour un indie folk de bon aloi et “Green Light” surtout qui, avec ses arpèges répétés à l’envi et quelques notes de claviers se voit presque auréolé d’une aura mystique). Avec peu, ces gars-là sont capables de beaucoup. On avait démarré sur des bases plus qu’honnêtes, nous voilà succombant un peu plus au fil des morceaux. La voix de Williams semble très vite familière et fait merveille sur l’étincelante “A River Has Its Reasons” où un piano distingué vient défier des guitares belliqueuses. Mais le must est probablement à aller chercher du côté de “Oh Marie Laure”, laquelle est habitée d’une classe folle. Esprit du Gun Club, es-tu encore là ? Sans nul doute et l’alternance entre feu qui couve et irruptions incandescentes est éminemment jouissive. 6 minutes de haut vol. L’occasion de saluer une production largement à la hauteur, malgré des moyens qu’on imagine fort limités. Le jumelage Cardiff/Toulouse est un franc succès et ce n’est pas la conclusive “In Our Backyard” qui nous fera penser le contraire. Moins habitée et furieuse, elle offre une sortie des plus distinguées avec un blues Youngien éclatant (ce son de gratte, miam).
La surprise fut grande, le résultat est sans appel. “This is not a love song” scandait un ancien punk qui a viré gros réac. This is not only Love Songs, these are wonderful songs.
Jonathan Lopez