In My Head – Summer is a Killer
Alors que certains groupes pensent en premier lieu à soigner leur storytelling et plan marketing, In My Head préfère se focaliser sur l’art désuet de la composition sans artifice. En quelques accords et une mélodie bien sentie, « Manage Somehow » nous rappelle les composantes principales d’une bonne chanson. Et donne le ton d’un album aussi simple en apparence que réjouissant en ressenti. « Is This Really Pleasant? » interroge son auteur dans la foulée, en toute humilité. Qu’il se rassure, cela nous convient parfaitement. Ritournelles innocentes, rythmique entrainante : on pense parfois à la jangle pop des Pastels ou de Beat Happening, sans scottish accent ni la voix grave de Calvin Johnson. S’il n’a pas tout à fait le CV du fondateur de K Records, Nicolas Cuinier, guitariste-chanteur qui porte le projet en compagnie de Brun° et Christophe Br. du groupe post-rock Transbeauce, peut être qualifié d’activiste de la scène indé parisienne (les vrais savent, les autres chercheront). Dans sa tête, nous trouvons des titres frais, lo-fi, instinctifs. Et de belles influences aux effluves 90s. Dans sa tête, on est en plein mois de juillet et on déambule cocktail à la main. Enfin, pas tout le temps. Si « Spirit On », tube immédiat, est indéniablement chargé en sucre, le désabusé « I’m Getting Bored » avec sa mélancolie façon The Cure et ses harmonies touchantes vient nous rappeler qu’on n’est pas là uniquement pour se la couler douce. Et la basse pleine de chorus de « Break Up Song » semble également s’extirper des ténèbres malgré un chant plutôt typé indie rock que vieux gothique à l’esprit brumeux. Rien de bien surprenant à retrouver ce type d’ambiance quand on sait que l’homme qui officie à la production n’est autre que Jean-Charles Versari (de Versari donc), déjà plébiscité ici pour ses compositions aux guitares anguleuses, à la lisière du post punk. Le mariage fonctionne bien : les instruments respirent et on ne pourra nullement reprocher à In My Head d’étirer ses morceaux de manière superficielle. Le trio parisien maîtrise l’art de la concision. Summer is a Killer dure 23 petites minutes et c’est très bien ainsi. Cela correspond tout à fait à son authenticité et son absence totale de prétention. En fin de parcours, une promesse. « Too Much of a Girl » hausse le ton et laisse entrevoir une autre facette, plus véhémente, du groupe. Faster could be a killer, too.
Jonathan Lopez