Hooveriii – A Round of Applause
Hooveriii c’est le koala perché dans son eucalyptus, qui refuse de redescendre. Le psyché est un peu le poil à gratter sur lequel on revient inlassablement, ça démange et ce n’est pas désagréable. Il faut avouer que le combo californien continue son ascension depuis Water For the Frogs (2021) hautement spatial. Issu de la même écurie que Frankie and the Witch Fingers ou Acid Dad, Hooveriii ne se contente pas d’un revival musical. Aussi jugerez-vous peut-être tardif de revenir sur leur dernier long format sorti cet été ? Justement, Hooveriii a terminé sa tournée européenne avec Mudhoney. Le public a pu découvrir l’univers de Bert Hoover, tête pensante du groupe et le jeu fascinant du batteur Owen Barret.
A Round of Applause est tout en couleurs bigarrées, les rythmes accélèrent et ralentissent avec une fluidité et un naturel dignes d’un groupe de prog. Hooveriii cuisine son phrasé avec un arrière-goût acide. 36 minutes de temps de référence terrestre en flexions infinies, qui se déroulent comme un escalier en colimaçon. « See » est particulièrement lysergique, ça titille les oreilles direct. Libres de toutes contraintes rationnelles, les compositions se dilatent et éclatent en myriades d’étoiles, évoquant King Gizzard, CAN ou Hawkwind. Groove implacable, architecture variée, Hooveriii ouvre des portes à l’infini, il faut également souligner la rondeur du son et l’esprit feel good caractéristique du quintet. Les titres s’enchaînent sans le moindre temps mort, ça part aussi bien vers le jazz de Soft Machine (« Iguana ») que vers le kraut-rock mais dans un format condensé. Hooveriii c’est un peu l’aspirateur cosmique qui avale et recrache la matière pour lui donner une toute nouvelle texture. Une énergie qui prend une liberté progressive, et qui coule dans toutes les directions imaginables.
Ce faisant, le groupe rompt avec le chemin tracé par de nombreuses formations du genre, empruntant un chemin personnel dans lequel le raffinement mélodique du cosmic rock s’affine jusqu’à la dernière note.
Franck Irle