Hey Colossus – In Blood

Publié par le 27 septembre 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Wrong Speed, 1 septembre 2023)

Trois ans après l’excellent Dances / Curses, le dernier album de Hey Colossus s’est d’abord présenté à nous sans que nous en soyons bouleversés plus que ça. Les premières écoutes ne nous ont pas charmés outre mesure et on a laissé l’album dormir un moment avant d’y retourner, bonne pâte que nous sommes. Nous fûmes bien inspirés car, le temps aidant, In Blood finit par capter notre attention par sa puissance et sa grâce combinées ainsi que par sa structure en mille-feuille dans laquelle on aime se perdre et y revenir.  

Bien des choses nous avaient échappées lors de nos premières écoutes paresseuses, notamment la profondeur de chaque morceau et les différentes directions prises par chacun au fur et à mesure que le disque se dévoile. La genèse d’In Blood s’est produite sur les cendres encore chaudes des multiples confinements, alors que le groupe s’interrogeait sur la nécessité ou non de continuer, et sous quelle forme. Patiemment, au gré d’improvisations et de retrouvailles avec d’anciens compagnons de route, la flamme fut ravivée, avec pour résultat ce nouvel album de très haute volée.

En une quarantaine de minutes seulement (quand Dances / Curses s’étendait sur une heure et quinze minutes), Hey Colossus s’impose avec grâce et autorité comme le fer de lance de cet indie rock dit « Heavy », qui doit tant aux années 90 et à tout ce qu’a pu générer les genres et sous-genres tels que le stoner, le doom, le noise rock, etc. Une fois apprivoisés, les titres s’enchaînent, toujours plus classieux et aventureux. Les mélodies sinueuses, puissamment soutenues par la musique, révèlent des épopées aux couleurs passées. On notera le tubesque « I Could Almost Care » qui peut prétendre d’ores et déjà au titre de meilleure chanson de l’année. La voix de Paul Sykes rivalise avec les guitares hypnotiques et la section rythmique fascinante, pour faire revivre nos premiers émois musicaux, ou du moins les évoquer, avec une efficacité et une versatilité proprement irrésistible. Le genre de titre qu’on peut relancer en boucle jusqu’à l’agonie. Malgré un premier contact assez décevant, on se rend compte que chaque titre imprime sa marque dans nos rêveries et l’on se surprend à fredonner « Avalon » en faisant la gueule dans le métro ou encore « Perle », en tirant la gueule quelque part ailleurs. Une fois acquise la certitude d’avoir enfin pris la juste mesure du disque, un détail vient se glisser dans notre champ mental comme un fil sur un canevas derrière lequel se cache un autre canevas, et l’on est reparti pour redécouvrir le truc comme si nous ne l’avions jamais écouté. 

In Blood est ce disque caméléon qui change selon le décor tout en restant solide et entier. Il est le fruit du travail d’un groupe qui a beaucoup douté avant de se laisser aller à nouveau à rentrer en lui-même. Malgré nos réticences initiales qu’explique en partie la nature insaisissable de la musique ici proposée, In Blood ne nous quitte plus et nous les a fait largement oublier. Au final, il s’agit d’une réussite majeure pour un groupe qui ne cesse de prouver sa valeur et son importance à chacune de ses sorties. 

Max

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