Glabre – Cacochyme Rising
Alex Jacob a la musique chevillée au corps, que ce soit au sein du Skeleton Band ou sous les traits de Glabre, au point que l’extension de sa musique semble être celle de sa propre chair. Pour faire simple, Glabre est la personnification de l’art dans toutes ses expressions. Et pour ne pas trahir la part d’authenticité qui est sienne, Glabre est l’un des derniers félibres qui s’inspire des muses du passé, où les prosodies poétiques étaient considérées comme sacrées. Trêve de descriptions hâtives, il faut se laisser imprégner du chant évocateur et des mélodies soignées de l’intégralité de Cacochyme Rising. Une telle voix ne peut s’élancer que d’un lieu secret, elle n’est pas celle d’un animal blessé, « Les sirènes ce soir » se sont réunies autour de Glabre.
Aux pulsations régulières de la boîte à rythmes TR-626, il y a cette façon de griffer les cordes, les trilles sur les frets, cette contorsion acoustique qui sonne comme une lyre. On en vient à se demander quelles contrées lointaines Glabre a traversées. Il suffit d’écouter attentivement « The Joy of a Raw Anger » pour en être convaincu, la tessiture de Glabre est fascinante, rugueuse, une alchimie des sons et des sens. Les textures se métamorphosent en textes, un chemin nouveau est tracé, la voie ouverte à toutes les expériences sonores.
De ce voyage introspectif, cette élégance sincère et désespérée s’entrelace en volutes en un faisceau polychrome dans une atmosphère à la limite du réel. De ce répertoire baroque, le lyrisme vocal de « Peu importe les brâmes » est d’une luminosité confondante, les dissonances en arrière-plan sont la toile d’une liturgie naturaliste, loin de la cacophonie urbaine, Glabre y célèbre la majestueuse apparition de créatures dont il est impossible de s’approcher, à défaut d’en apprivoiser l’apparence. C’est cette impression de dissolution dans le paysage, non pas comme l’acte volontaire de se camoufler parmi les végétaux, mais d’en être revêtus. Glabre est un ménestrel des temps modernes, ses prestations scéniques ont une dimension sacrée. De ce visage blême, surgit une voix dont le spectre est infini. Les disques les plus surprenants sont ceux auxquels on ne s’attend pas. Précipitez-vous dès que possible dans l’assistance, Glabre part en tournée avec sa guitare en bandoulière.
Franck Irle
Nous ne manquerons pas de saluer le travail de Marion Notte, manageuse de Glabre.