Foals – Holy Fire (Transgressive Records)
Foals est un de ces groupes qui montent. Suivi de près après deux premiers opus remarqués, il paraissait évident que le troisième album constituerait un tournant dans leur carrière : dans le bon ou le mauvais sens.
Très vite, on réalise que ça part plutôt bien. Les singles “Inhaler” et “My Number” sont des tubes instantanés qui ne vont pas tarder à enflammer les dancefloors. Tous les ingrédients qui avaient déjà fait la réputation de Foals sont là : groove d’enfer, section rythmique au taquet, mélodie hyper accrocheuse, refrain imparable (presque trop sur “Inhaler”…). On sent la machine bien huilée mais on pourrait déplorer un manque d’audace sur ces deux titres qui, s’ils séduisent instantanément, peinent à surprendre.
Mais rassurez-vous, l’album recèle aussi de vraies compositions originales au-delà des hits très facilement accessibles. Et c’est ce savant mélange qui fait sa force. Le groupe a confié récemment avoir fumé beaucoup d’herbe pendant l’enregistrement. Visiblement cela n’a pas entamé leur créativité, bien au contraire.
Alternant entre morceaux pop remuants remarquablement troussés (l’épique “Milk and Black Spiders”, “Out Of The Woods”) et morceaux progressifs impressionnants de subtilité et de maitrise (la quasi instrumentale “Prelude” qui ouvre brillamment l’album, “Providence” et son finish bruitiste post-punk ahurissant), ce Holy Fire a définitivement plus d’un tour dans son sac.
Citons également “Late Night”, magnifique ballade dream pop, dans la veine de la prodigieuse “Spanish Sahara” de l’album précédent. Très inspiré, Yannis Philippakis fait parler ses talents de songwriter. Et le solo bluesy final est un enchantement. “Stepson” est aussi un morceau très puissant émotionnellement.
Même s’il souffre de quelques coups de mou regrettables (“Bad Habit” et “Everytime”, sans grand relief), Holy Fire est suffisamment dense et équilibré pour passer outre.
Il y a fort à parier que ce groupe-là en a encore sous la semelle et deviendra très vite énorme. Il n’y a qu’à voir les scènes qu’ils font à Paris : le Point Ephémère fin 2012, l’Olympia en mars (déjà complet) et le Zénith en novembre prochain…
Une ascension irrésistible, comparable à celle des Black Keys, leur semble promise, et de nombreux pièges à éviter dans les années à venir. Voilà un nouveau défi des plus excitants pour le quintette d’Oxford. Et on suivra l’affaire de près.
JL