Faith No More – Sol Invictus (Reclamation)

Publié par le 19 mai 2015 dans Chroniques, Incontournables, Toutes les chroniques

faithnomoresolcdcoverUn miracle. Oui le mot est lâché. Et certainement pas usurpé. A propos d’un groupe dont le nom se traduit par “plus la foi”, c’est assez cocasse mais difficile d’y voir autre chose.

Car 18 années après Album Of The Year, on avait toutes les raisons de craindre que ce Sol Invictus vienne écorner la légende.

Il y avait eu ces tournées de reformation réussies mais sans aucun nouveau morceau ce qui laissait à penser que ça sentait le pâté mais que c’était peut-être mieux comme ça.
Et il y avait eu cette terrible annonce funéraire sur leur site.
Cette fois c’était plié pour de bon. Puis par la magie d’un tweet (« Le truc de la reformation, c’était fun, mais maintenant il est temps d’être un peu créatif. ») , Faith No More avait relancé les espoirs les plus fous.

On avait alors prié jour et nuit à genoux devant le seigneur musique pour que celui-ci leur offre une seconde vie à la hauteur de la première, pour que Faith No More s’inspire de Dinosaur Jr. plutôt que des Pixies ou de Smashing Pumpkins (encore que eux on s’en tamponne). Et là alleluia nous avons été entendus.

Aujourd’hui on s’en voudrait presque de ne pas avoir cru plus que ça en ce groupe génial. D’autant que les longues incertitudes et spéculations étaient d’abord dues à la volonté du groupe de ne pas précipiter à tort un retour, si c’est pour nous offrir de la chiasse en bocal. Même si le groupe a un sens de la dérision certain, on l’aurait mal pris.

Faith No More a donc fait le job, reprenant les choses là où il les avaient laissées. Comme s’il sortait d’un petit break de deux ans, il revient occuper un créneau laissé vacant durant toutes ces années, qu’on craignait de ne jamais retrouver.
Rien n’a changé ou presque, seul le piano a supplanté les claviers.

Faith No More n’en a absolument rien à carrer que nous sommes désormais en 2015, ce disque aurait pu sortir en 1992 ou en 2034 qu’on y verrait que du feu.

Si besoin était, Sol Invictus vient réaffirmer que Mike Patton est bien l’un des meilleurs chanteurs de tous les temps (mais besoin n’était pas) et que c’est au sein de Faith No More que toute sa schizophrénie vocale s’exprime le mieux, là où il est le moins dur à suivre, là où sa folie est plus canalisée.

Sur un “Sunny Side Up”, il nous fait sa spéciale gendre idéal au déhanché ravageur… et au rictus démoniaque.
Comme en 14, Faith No More rebondit d’un genre à l’autre avec une cohérence proprement ahurissante au même rythme que la basse folle de Billy Gould lequel a réenfilé son costume de slappeur fou.

Alors que “Superhero” alterne merveilleusement hystérie et apaisement,  on trippe à mort sur le géant autant qu’inquiétant “Separation Anxiety”. Clou enfoncé par un “Cone Of Shame” bien Tomahawk sur les bords, “Black Friday” entre cris, riffs primaires et groove infernal, “Rise of The Fall” entre BO de Tarantino et de… Kusturica, “Matador” en mode traversée épique… La totale, bordel de dieu.

Au milieu de tout ça se trouve l’ovni “Motherfucker”. Il faut s’appeler Faith No More pour balancer un premier single qui s’appelle “Motherfucker”, au passage un des morceaux les moins accrocheurs de l’album (le moins bon ?) et qui fusille les maisons de disque. Le choix le plus incongru donc, le plus Faith No More finalement.

Alors album of the year ? Il est encore trop tôt pour le dire mais ce sera a minima la surprise (you’re dead!) of the year.

Le jouissif “From The Dead” vient clore les débats dans une ballade mi crooner/mi ringardo-géniale comme seul peut les faire Mike Patton dont on ne sait jamais s’il se fout totalement de notre gueule ou s’il n’a jamais été aussi sérieux. Oui Faith No More est bien de retour parmi les morts et les dernières paroles de l’ami Mike “welcome home my friend” chuchotées à nos oreilles nous donnent envie de lui hurler la même chose en retour.

Jonathan Lopez

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