FACS – Still Life in Decay

Publié par le 24 avril 2023 dans Chroniques, Toutes les chroniques

(Trouble in Mind, 7 avril 2023)

Cela semble inné chez ces gens-là. FACS compose à un rythme soutenu et avec une qualité inchangée. Surtout, FACS ne dévie jamais de sa trajectoire. Quand on nous envoie un FACS (pardon), on sait toujours à quoi s’attendre : des boucles infernales, hypnotisantes, de menues (mais réjouissantes) variations de guitare, un jeu de batterie métronomique, imposant et toujours inspiré.

Noah Leger frappe toujours au bon endroit, avec l’intensité idoine, Alianna Kalaba indique toujours la bonne direction, imprime ce qu’il faut de tension, Brian Case se balade au milieu de tout ça, distille un peu de mélodie, mais pas trop, juste le strict nécessaire pour nous empêcher de sombrer dans la décrépitude. Il est tard, très tard, il fait noir, toujours aussi noir. On suit, on s’égare, on fuit, on repart. Les percées lumineuses, rares et discrètes mais bien présentes de-ci de-là, sont accueillies avec un enthousiasme à la hauteur du soulagement. Disappears était parfois plus généreux en la matière, FACS n’en est pas moins fascinant, il triture à l’excès, creuse sans répit, étire à l’envi. Still Life in Decay demeure âpre et rustre, mais jamais ne frustre.

C’est d’abord le monolithe qu’on retient, le sentiment que tout pèse une tonne, qu’il faut se lever tôt pour le bouger. C’est ensuite, comme d’habitude (peut-être même encore plus), ce son impeccable, presque invraisemblable par instants. C’est enfin, la ligne de basse de « When You Say » (invraisemblable pour de bon), les propos répétés comme des mantras (« Simulate emotion » sur « Still Life »), le final ahurissant constitué par « New Flag » (près de onze minutes de dissolutions, de reformations, d’une matière mouvante si proche, si loin, impalpable, qui nous attire autant qu’elle nous maintient à distance raisonnable). Le sentiment, immuable, que ces gens-là, sont irremplaçables et ô combien nécessaires. Plus le temps passe, plus FACS parvient – sans renier le moindre de ses principes – à accroitre son magnétisme, à proposer bien plus qu’une musique sur laquelle se palucheront les ingés-sons.

Vous nous connaissez un peu, on n’est pas les derniers à réclamer de la fuzz, à renverser nos bières sur les voisins, à aimer les sols qui collent aux baskets. Il n’empêche. Constater que FACS persiste et signe au marqueur noir dans sa direction propre, conserve une telle exigence et s’amuse toujours autant à nous triturer les méninges, a quelques chose de réjouissant. Si souvent contrariée, notre foi en l’humanité demeurera inaltérable tant qu’un nombre conséquent (et oserait-on imaginer, grandissant) d’être humains se passionneront pour la musique de FACS.

Jonathan Lopez

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