EZ3kiel – Lux (Ici D’Ailleurs)
On a beau vouloir éviter de tomber dans la dithyrambe facile, il faut bien admettre qu’EZ3kiel est de ces groupes qui forcent le respect. De ces groupes qui d’abord tiennent le choc des années (plus de 20 ans de carrière), qui s’essaient à tout et s’en sortent chaque fois haut la main et qui, par-dessus tout, considèrent le terme surplace comme un gros mot, banni depuis toujours de son vocabulaire.
Mine de rien, si EZ3kiel n’est pas resté inactif, leur dernier album, le phénoménal BATTLEfield, remonte à 2008. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts puisque le batteur Mathieu Fays a quitté la formation et le bassiste et leader historique Yann Nguema ne s’occupe désormais plus que de la programmation et l’aspect visuel du groupe (au passage, nouveau coup de chapeau au monsieur tant l’artwork de Lux est une pure merveille). Des changements notoires donc. De quoi tout remettre en question ? Certainement pas.
Entame massive avec “Born In Valhalla”. Le ton est donné, l’album naviguera sans cesse entre puissance dévastatrice et douces mélopées. Tout est dans le contraste, le dosage. Pour ça vous pouvez faire confiance aux tourangeaux qui démontrent une fois de plus qu’ils savent marier le feu et la glace comme personne. On trouvera ici des similitudes avec les virées épiques de Mogwai (“Stereochrome”, “Dead In Valhalla” devant laquelle on n’a pas fini de se prosterner).
En termes de cohérence et d’homogénéité, tout est remarquablement étudié pour qu’on ait le sentiment d’un ensemble harmonieux, d’une aventure sonore unique en son genre. Quitte à parfois se prendre un bus de plein fouet (“Lux”).
On conférera un statut un peu à part au remarquable “Anonymous” qui lorgne plus du côté du trip hop aux penchants électro prononcés (dont la basse n’est pas sans rappeler l’assaut de “Safe From Harm” du grand Massive Attack et le chant presque androgyne de Pierre Mottron nous renvoie à celui de Horace Andy chez ces mêmes Massive Attack). Mogwai, Massive Attack, avouez qu’en termes d’influences on a vu pire.
Mais il serait bien évidemment beaucoup trop réducteur de ranger Lux du côté de l’hommage à ces groupes références. Ce serait bien mal connaître EZ3kiel. Non comme d’habitude, leur musique est un casse-tête à décrire pour les chroniqueurs tant elle est riche, complexe, génératrice d’émotions diverses. Bref difficile à traduire en mots. Mais comme d’habitude ces mêmes chroniqueurs ont envie d’en parler longuement afin de donner envie aux lecteurs de goûter à l’expérience. Et comme d’habitude le chroniqueur résigné finit par capituler et se contenter uniquement de ce nouveau bonheur pour les oreilles offert par EZ3kiel.
JL
Ez3kiel à l’EMB de Sannois dimanche 30 novembre. Ca va donner !